Lors de sa dernière convention Accelerate (les 17 et 18 septembre 2019 à Austin), Pure Storage a déployé sa feuille de route pour les prochaines années en insistant sur la marche vers le cloud. Alors que le marché du stockage externe entre dans une période de faible croissance – voir derniers chiffres d’IDC - le fournisseur californien poursuit son développement avec des revenus en hausse de 28% pour son second trimestre fiscal 2020, soit un montant de 396,3 millions de dollars. Pure Storage qui fête ses dix ans cette année – nous avons pour la première fois rencontré la société en décembre 2011 à Mountain View – poursuit sa phase de conquête au détriment de ses principaux concurrents. Sans clientèle historique – à la différence des Dell EMC ou HPE – du fait de sa relative jeunesse, Pure reste commercialement très agressif sur son terrain et réussit à croître sur un marché presque atone. Et les efforts en R&D – avec le développement de ses services et le support du NVMe par exemple – participent aussi au succès global de la société. En France, l’équipe emmenée par Laurent Martini a inauguré de confortables locaux (1 300 m2) près de la porte des Ternes à Paris pour accompagner son développement dans les années à venir.
À Austin, Pure a donc annoncé des solutions à son portefeuille as-a-Service. Comme nous l’a expliqué Gabriel Ferreira, directeur technique de Pure Storage France, « tout ce qui est disponible en local arrive dans le cloud ». Il s’agit de répondre aux besoins des entreprises qui consomment davantage de stockage sur le cloud et de rendre la plateforme flash de Pure facilement utilisable sur AWS. Pour répondre à cette problématique, Pure a redéveloppé et tuné sa plateforme FlashArray afin de garantir des performances optimales sur des instances AWS EC2 et EBS. Baptisée Cloud Block Store (CBS) pour AWS, la solution de Pure apporte une capacité on premise et sur cloud public avec un stockage bloc natif et transparent pour les applications. Annoncée en novembre dernier, cette solution arrive aujourd’hui en mode GA (general availability) et permet aux entreprises de consommer du stockage en mode bloc à la demande comme s’il était on premise. « Cloud Block Store vise à offrir le même niveau de fiabilité, de simplicité et d'efficacité que nos baies FlashArray sur site, nous donnant ainsi plus confiance dans notre capacité à exécuter des applications critiques et des charges de travail liées à la recherche dans le cloud public », explique dans un communiqué de Pure Storage James Kelly, administrateur senior à l'Université Chapman. « Puisque les API et interfaces fournies par CBS sont les mêmes que sur site, nous serons en mesure d'utiliser les mêmes outils et scripts d'automatisation sur AWS que sur nos baies FlashArray actuelles en réduisant les délais et sans frais de formation supplémentaires. Cela nous laisse la liberté d’imaginer de nouvelles façons de migrer, d'accéder à nos données et de les gérer dans nos environnements de cloud hybride, en utilisant les ressources et l’expertise que nous possédons déjà ». Un seul socle de management, Pure One, assure la cohérence des données stockées en local et dans le cloud d’AWS.
Avec l'adoption des NAND flash QLC, Pure Storage augmente significativement la capacité de stockage de ses dernières baies FlashArray//C. (Crédit Pure Storage)
Azure Blob après AWS S3
Toujours sur le cloud, Pure étend à Microsoft Azure la solution de sauvegarde Purity CloudSnap, initialement développée pour AWS S3. Le support d’Azure Blob, qui avait lui aussi été annoncé en novembre dernier, permet d’envisager une stratégie multi-cloud tout en aidant les entreprises à mieux définir leurs SLA avec des clichés de back-up FlashArray en local et sur le cloud. Les entreprises peuvent donc répliquer leurs données on premise entre deux baies FlashArray ou vers un cloud provider. Sans surprise après AWS et Azure, c’est GCP qui sera bientôt supporté. « Mais d’autres fournisseurs de stockage objet comme Cloudian [S3 compliance depuis l’origine] sont également certifiés, car tout le monde ne peut pas aller dans le cloud public » a souligné Gabriel Ferreira.
Si Pure accélère sur le cloud, il n’en oublie pas moins de peaufiner son offre flash en local avec l’arrivée des FlashArray//C. Cette dernière est une des premières baies de stockage flash capacitive proposées sur le marché. Pour fournir des performances flash constantes avec une fiabilité de niveau 1 au même prix qu'une solution sur disque, Pure exploite des flash NAND de type QLC avec un codage sur 4 bits au lieu de 3 avec les mêmes trends en écriture et en lecture. Les capacités proposées – avec des cartes flash de 18,3 To – commencent à 366 To brutes (1,3 Po net), puis 878 To brutes (3,2 Po nets) et enfin 1,4 Po brute (5,2 Po nets). Si les cellules QLC intègrent plus de données dans chaque puce, elles entrainent toutefois un sacrifice en termes de performances. Voilà pourquoi le fournisseur entend avant tout concurrencer les sous-systèmes hybrides combinant encore des disques durs avec des SSD. Signalons enfin que des cartes de 24 To QLC sont attendues l’année prochaine ce qui devrait encore augmenter la capacité de stockage des baies FlashArray//C.
Après Dell EMC et HPE, Pure adopte à son tour les composants Intel Optane sur ses baies FlashArray//X. (Crédit : Pure Storage)
Optane en cache sur les FlashArray//X
Mais Pure ne met pas tous ses œufs dans la flash. Après HPE et Dell EMC, la société annonce le support des cartes Direct Memory (Intel Optane) d’une capacité de 750 Go en mode cache sur les baies FlashArray//X pour arriver à une latence de 100 ms contre 250 ms pour les modules NVMe. Précisons encore que si aujourd’hui les baies de Pure supportent le NVMe Over Ethernet, le FC devrait également arriver dans les prochains mois. Enfin les systèmes convergés HPC AIRI (Nvidia DGX et Pure Storage FlashBlade) montent en gamme avec plus de puissance et de capacités. Des clusters avec 16 nœuds sont envisageables dans de grosses configurations avec des switchs Arista, Cisco ou Mellanox 100 GB. Avec ses dernières annonces, Pure Storage accélère, agrandit et étend ses systèmes de stockage flash tout en poussant les abonnements grâce à ses partenariats avec AWS, Azure et bientôt GCP. Bien décidé à distancer ses concurrents sur le créneau des services de stockage, la firme de Mountain View se transforme en Pure as a Service.