Après la refonte de sa solution de CAO Pro/Engineeer devenue Creo, PTC dévoile Windchill 10, la dernière mouture de son logiciel de gestion du cycle de vie produit (PLM) Avec cette version repensée, l'éditeur bostonien renforce les fonctionnalités centrées sur la gestion de la qualité, l'analyse des variantes produits (conformité, coûts) et la gestion des nomenclatures multidisciplines. Sur l'ensemble du cycle de vie, l'outil établit des liens entre les différentes vues métiers de la structure d'un produit. Notamment dans l'automobile où la gestion globale d'un projet n'est pas encore totalement fiable.

« Les outils propriétaires développés par les constructeurs ne répondent pas à tous les besoins. Ces PLM travaillent principalement avec Catia de Dassault Systèmes, pour la gestion de la documentation par exemple, mais ils ne sont pas encore capables de  gérer l'ensemble des composants d'une voiture. Avec Windchill, nous proposons par contre une brique de base sur laquelle se greffent les modules spécifiques pour arriver à la gestion de la configuration globale d'un véhicule. Quelques mois sont toutefois nécessaires pour arriver à maturité », nous a indiqué Marc Diouane, vice-président directeur de l'organisation Global Services de PTC.

Sur les 5 500 salariés que compte l'éditeur, 2 000 travaillent à la R&D et 1 200 aux services pour accompagner les clients dans la personnalisation de la solution afin de connecter la technique avec les objets produits par l'entreprise. Les constructeurs et les équipementiers se rendent compte que la traditionnelle gestion du cycle de vie dans un environnement hétérogène et fragmenté - même avec d'excellents outils - est incapable de fournir le niveau de visibilité nécessaire pour prendre rapidement les bonnes décisions. Voilà pourquoi les principaux constructeurs automobiles migrent vers un environnement de conception et de fabrication capable de soutenir une stratégie plate-forme mondiale. « Le PLM (Product LifeCycle Management) est une problématique importante dans l'industrie notamment dans l'automobile où nous équipons déjà Hyundai/Kia, Toyota, VW/Audi, Aston Martin Racing, et Volvo », nous a expliqué Marc Diouane.

D'autres solutions chez les concurrents

Dassault Systèmes propose déjà une solution baptisée PLM V6 intégrant ingénierie système et mécatronique (suite au rachat de Geensoft l'an dernier ). BMW, par exemple, utilise déjà PLM V6 pour gérer l'architecture, l'intégration et la conception des systèmes embarqués. PSA et Jaguar/Land Rover travaillent également avec Dassault Systèmes. Aston Martin (véhicules de route) de son coté travaille avec les outils de Siemens : NX Cad (CAO) pour le design et l'ingénierie, et Teamcenter (PLM) pour la standardisation des processus de développement de sa prochaine voiture de sport. Daimler AG utilise également Teamcenter comme épine dorsale de l'entreprise pour la gestion des données, et NX Cad comme logiciel standard en CAO. Enfin, Chrysler a également sélectionné Teamcenter comme logiciel PLM global à l'échelle de l'entreprise.

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La complexité croissante et la sophistication du design de l'ingénierie automobile, couplée avec la contrainte d'une chaîne d'approvisionnement mondiale et multisource nécessitent des capacités nouvelles pour assurer la qualité tout en réduisant les coûts et les délais de mise sur le marché. « Aujourd'hui, on trouve 100 millions de lignes de code dans une voiture », complète Marc Diouane, «  et les lignes de code dans l'industrie aéronautique ont augmenté de 500% en 10 ans. Avec Windchill et l'intégration prochaine de MKS, spécialiste de l'ALM, nous proposerons une boite noire pour superviser les logiciels embarqués ».

Déjà en production

Cette version 10 de Windchill est en production depuis le mois de mars 2011 chez certains clients. Hyundai Motor Society and Kia Motors Corporation (HKMC) a déjà commencé à utiliser Windchill comme système d'enregistrement complet dans les projets de nouvelles voitures : analyse des couts des matériaux et ingénierie. HKMC prévoit d'étendre Windchill dans tous ses centres de production et d'ingénierie dans le monde, et d'intégrer ses fournisseurs de niveau 1 qui seront appelés à utiliser ce PLM. 

Pour revenir sur le produit, l'ergonomie de Windchill 10 a été revue en concertation avec les clients pour repenser l'interface utilisateur. Cet outil prend aussi en charge le calcul de l'empreinte globale des produits. Un tableau de bord lié à différents scénarios permet d'ailleurs une analyse multidimensionnelle avec filtrage par zone géographique : conception/performances, impact écologique, coûts... Différents modèles de calcul de coûts sont d'ailleurs proposés en relation avec une base de données alimentée par le constructeur et ses sous-traitants. Une interface avec les ERP des partenaires est même envisageable pour intégrer tous les coûts.

Rapprochement à venir avec l'ALM

L'amélioration des processus de développement permet de gérer des maquettes hétérogènes pour remonter une maquette numérique dans un environnement unique. Une obligation dans l'industrie automobile où la conception de la carrosserie fait souvent appel à Catia de Dassault Systèmes et à Creo de PTC pour le groupe motopropulseur. Les liens de plus en plus étroits entre mécanique, électronique et logiciels embarqués, imposent un même référentiel pour faciliter l'intégration des éléments et assurer la gestion des différentes configurations durant le cycle de vie du produit (SAV et documentation). La capture d'une configuration précise est également nécessaire pour remonter un problème précis.

Le support des logiciels embarqués ne sera toutefois pas effectif tant que les solutions de KMS ne seront pas digérés par PTC. La prochaine version de Windchill, connue sous le nom de code X-22, est attendue en mars 2012 et devrait intégrer des éléments issus du rachat de MKS pour initier un rapprochement vers l'ALM. Une fois intégrés, ces outils permettront à PTC de proposer une solution globale pour la mécatronique (mécanique, électronique et informatique temps réel).