La cuvée 2018 des terminaux mobiles de Google s'annonce comme un bon cru. Déjà en termes de nombre, avec pas moins de 4 produits présentés lors d'un seul événement par la firme de Mountain View, à savoir les smartphones Pixel 3 et Pixel 3 XL, une tablette 2-en-1 Pixel Slate ainsi que Home Hub, une enceinte connectée. Ces derniers apparaissent comme d’excellents produits pour les utilisateurs férus de l'écosystème Google. Mais ils ne devraient cependant pas faire trembler Apple pour le moment. D'après notre confrère d'IDG NS, qui s'est dit impressionné par certains des propos de Google tenus ce mardi, rien ne lui porte à croire que ces terminaux vont entraîner une migration significative des utilisateurs d'Apple et faire chuter significativement les ventes des iPhone, iPad et HomePod.
Concernant le Pixel 3, Google a mis le paquet sur le capteur photo, entre autres caractéristiques, et le présente tout simplement comme « le meilleur et le plus utile du monde dans un téléphone ». Pas de doute à ce niveau là, le capteur photo du Pixel 3 est fantastique. Google s'est associé à la photographe Annie Leibowitz pour travailler sur un projet l'utilisant, sachant que l'éditeur de presse Conde Nast s'en ait servi pour tirer avec plusieurs couvertures de magazines. Une technique marketing bien rodée utilisée notamment par Apple pour promouvoir la qualité du capteur photo de son iPhone avec des images publiées dans Elle Australie ou encore Billboard. Le Pixel 3 propose de nombreuses fonctionnalités photo telles que Top Shot, Zoom Super Res, Night Sight et une seconde caméra grand angle, Selfie Group. Sans oublier le stockage illimité de photos sur Google Photos.
Verizon, seul opérateur US choisi par Google pour distribuer le Pixel 3
Le tarif du dernier Pixel 3, qui sera disponible en France, débute à partir de 799 dollars HT. (crédit : Google)
D'autres fonctions sont également à signaler concernant le Pixel 3 dont le filtrage des appels amélioré et le support du chargement sans fil Pixel Stand. Alors Apple doit-il s’inquiéter de l'arrivée de ces Pixel 3 et Pixel 3 XL ? Pas forcément. En tout cas pas pour l'instant étant donné qu'à date, seul Verizon a été choisi outre-Atlantique pour distribuer le téléphone. Bien sûr, il est toujours possible d'acheter un téléphone débloqué directement auprès de Google et l’exécuter sur n’importe quel réseau, mais ce n’est pas ainsi que la majorité des gens procède, et encore moins les entreprises pour des flottes. Les opérateurs vendent plus de la moitié de tous les smartphones écoulés, les magasins Apple Store et Best Buy représentant environ un quart des ventes.
Lorsqu'un client souhaite un nouveau téléphone, il se rend généralement chez son fournisseur pour bénéficier d'une mise à niveau et choisit généralement de payer un abonnement avec un minimum d'engagement qui le verrouille chez ce fournisseur. Les Pixel et Pixel 2 avaient également de meilleurs appareils photo que les iPhone de leur époque et bénéficiaient de quelques astuces logicielles pratiques, et pourtant, ils n’ont même pas réussi à ralentir les ventes d’iPhone ont continué à battre des records. Le Pixel 3 ne peut pas rivaliser avec les derniers smartphones de la firme à la pomme s’il n’est pas vendu là où les gens achètent un téléphone. En s'associant avec Verizon en tant que partenaire de distribution unique pour la troisième année consécutive, Google tente à nouveau la même chose mais espère un résultat différent...
La Surface de Microsoft, cible de choix pour la Pixel Slate
« La Slate n'est pas un ordinateur portable qui cherche à être une tablette, ni une tablette qui est un téléphone prétendant être un ordinateur », a lancé Google avec dans le viseur la Surface Pro de Microsoft et l'iPad d'Apple. Exécutant Chrome OS au lieu d’Android, la Pixel Slate est motorisée par des processeurs Intel. Il est ainsi désormais possible d'exécuter de nombreuses applications Android sur Chrome OS, même si l'expérience n'est pas des plus inoubliables car se limitant à une expérience mobile « agrandie » agrémentée de fonctions tactiles. Avec un prix de départ de 599 $HT - plus 199 $HT pour le clavier et 99 $HT pour le stylet - l’addition s'élève à 900 $HT.
La Pixel Slate, une tablette qui pourrait faire entrer Google dans la course sur un marché déjà bien saturé des tablettes 2-en-1. (Crédit : Google)
La Pixel Slate ne joue pas dans la même cour que les iPad
Il est intéressant de noter que Google ne semble quand même pas avoir suffisamment confiance en Android comme OS pour sa tablette premium pour lui préférer Chrome OS, né sur les ordinateurs portables et ça se voit. Bien sûr, il est possible d'exécuter de nombreuses applications Android et Google a beaucoup fait pour améliorer les interactions tactiles, mais il ressemble toujours fondamentalement à un système conçu pour les claviers et les trackpads. Google a même beaucoup insisté sur la manière dont la Pixel Slate exécutera les outils de développement et les applications Linux, et sur la façon dont elle offre une protection antivirus efficace avec des mises à jour automatiques. Le clavier a même un trackpad et une barre de tâches est omniprésente en bas de l'écran.
Proposé à partir de 599 $HT, la Pixel Slate ne joue pas dans la même cour que les iPad, y compris la Pro. Si Apple invite naïvement à la comparaison avec les ordinateurs traditionnels via ses publicités « Qu'est-ce qu'un ordinateur », la Pixel Slate est clairement plus un concurrent de la Surface de Microsoft. A la différence que rien ne poussera un client ou une entreprise ayant déjà investi dans les applications iOS et l'écosystème d'Apple à se désengager. La Pixel Slate, une beau produit mais bien trop cher pour seulement divertir les enfants ?
Si Google arrive tardivement, après Amazon et Apple, sur le marché des enceintes connectées, il ne manque pas pour autant d'ambition. (crédit : Google)
Home Hub bien placé face à HomePod
Pour s'opposer aux enceintes connectées Echo d'Amazon, Google a sorti son arme secrète, Home Hub. Ce dernier effectue la plupart des tâches incombant à ce type d'objet, avec l'avantage de tourner autour du performant assistant de Google, à un prix très abordable de 150 $HT. Par rapport au HomePod d'Apple, c'est une véritable différence, ce dernier étant loin d'être un excellent assistant virtuel pour la maison puisqu'il se limite principalement à la diffusion de musique. Du moins pour l'instant, en attendant que Siri soit plus tard intégré pour répondre à des questions aléatoires et multi-utilisateurs. Or à 349 $HT, cela coûte quand même plus du double du Home Hub.
Pour autant, Home Hub ne devrait pas nuire aux ventes de HomePod. Si vous êtes du genre à dépenser beaucoup plus d’argent sur un HomePod, c’est parce que vous privilégiez la qualité du son et l’intégration à Apple Music. Pour les fans de l'écosystème de Google, ses derniers produits matériels ont fière allure, mais il n'y a pas de changement de paradigme ici. Depuis que le matériel de Google est arrivé sur le marché, Apple a continué à développer sa propre distribution de hardware, même si Google s'améliore à ce niveau là. Cela étant au final, presque aucun acheteur potentiel d’iPhone ou d’iPad ne risque de céder à la tentation d'un Pixel 3 ou d'un Pixel Slate, alors que cela pourrait être le cas pour Home Hub.