Pour utiliser les sites de micro-blogging chinois, les utilisateurs pékinois devront désormais s'enregistrer avec leur vrai nom. « Une démarche qui pourrait rebuter certains utilisateurs des sites web », estime un analyste. La mairie de Pékin a décidé d'imposer cette réglementation pour protéger les utilisateurs et améliorer la crédibilité de ces plates-formes d'échanges, selon l'agence chinoise Xinhua News.
Selon les nouveaux règlements, les utilisateurs de ces services doivent s'inscrire avec leur véritable identité, avant de publier des messages sur les sites de micro-blogging. On ne sait pas encore comment les autorités municipales vont faire la distinction entre les utilisateurs locaux et ceux des autres villes chinoises.
Des sites de micro-blogging très fréquentés en Chine
Les services de microblogging chinois sont devenus parmi les plus fréquentés du pays. Ces sites ont cependant été soigneusement examinés par les autorités chinoises et ce, dans un pays bien connu pour sa stricte censure sur Internet. Certains sites sont en effet inaccessibles derrière les firewalls chinois. A certains moments, les services de micro-blogging chinois bloquent les requêtes sur des mots-clefs liés à des mouvements de protestation ou à des activistes politiques. Les réseaux sociaux étrangers comme Twitter et Facebook sont déjà bloqués dans le pays à moins de passer par un VPN pour se connecter à une passerelle hongkongaise. La connexion étant de plus vraiment très lente.
On ne sait pas encore comment les services de sécurité de Pékin vont vérifier les identités des posteurs sur les sites de micro-blogging mais on peut faire confiance au zèle des censeurs. Des sites tels que Sina Weibo, qui compte plus de 250 millions d'utilisateurs enregistrés, ont déjà été prévenus qu'ils devaient demander aux internautes de s'inscrire volontairement avec leurs vrais noms. Les sites concernés ont trois mois pour se conformer aux nouveaux règlements. Les utilisateurs pourront toujours choisir d'afficher le pseudonyme de leur choix. Sina et Tencent, deux entreprises chinoises qui exploitent les sites les plus populaires de micro-blogging n'ont pas encore répondu aux demandes de commentaires de notre correspondant local, Michael Kan, à Pékin.
La pression monte sur les sites de micro-blogging
Avant la nouvelle réglementation, les experts avaient déjà prédit que les autorités chinoises allaient faire pression pour imposer l'usage des noms réels sur les Twitter-like chinois. La pression a commencé en juillet dernier après l'accident d'un train à haute vitesse qui a entrainé la mort d'une dizaine de voyageurs. Les micro-bloggeurs avaient envahi la toile pour se plaindre de la sécurité des trains et de la gestion gouvernementale de la catastrophe.
Qiu Yun, résident pékinois et utilisateur de Sina Weibo, a expliqué à notre correspondant local qu'elle se sentait totalement impuissante et profondément déçue par la nouvelle réglementation. « Weibo est notre seule fenêtre pour découvrir la vérité. Avec Weibo, nous pouvons voir autre chose que les informations diffusées par les réseaux officiels et mieux comprendre comment sont survenus les événements réels», a-t-elle expliqué dans une interview. « Bien qu'il y ait également de fausses informations sur ces services [de micro-blogging], vous ne pouvez pas renoncer à manger de peur de vous étouffer», a-t-elle ajouté. « Pourquoi ont-ils créé ces règlements ? C'est simplement parce que les autorités commencent à craindre la puissance de Weibo ».