En informatique comme ailleurs, ce n'est certainement pas la taille qui compte. Avec 25 personnes, la DSI de la ville d'Antibes (75 000 habitants) est en effet loin d'être la plus importante en nombre par rapport à d'autres collectivités. Mais cela ne l'empêche pas d'être très active côté projets et réalisations. Aux commandes de la direction des systèmes d'information d'Antibes depuis 2006 après 10 ans passés dans le privé (DEC, Compaq et HP dont il piloté le laboratoire innovation et logiciels à Sofia Antipolis pour la région EMEA), Patrick Duverger a mis un point d'honneur à faire évoluer le rôle de la DSI dans son organisation. « La DSI n'a plus un rôle support mais de front office en apportant directement de la valeur dans les services de la ville pour fournir aux citoyens des innovations numériques », nous a expliqué Ptrick Duverger, DSI de la ville d'Antibes.

Parmi les différents projets menés par la ville d'Antibes on trouve notamment celui du réseau de caméras de vidéosurveillance (150) adossé à un réseau neuronal basé sur une infrastructure SAP Hana, IBM Watson et des serveurs DGX-1 de Nvidia pour permettre de convertir des signaux - comme le nombre de piétons, le type de véhicules en stationnement - en flux alphanumérique. « Nous avons déjà fait du prédictif mais nous voulons aller plus loin avec un réseau neuronal qui va nous aider à faire de l'aide à la décision », nous a indiqué Patrick Duverger. Débuté en début d'année, ce projet doit permettre d'automatiser le traitement des images pour servir à détecter les comportements anormaux, comme un attroupement de foule ou le stationnement d'un véhicule en dehors des plages horaires habituels aux abords d'une école. « On va garder uniquement l'index du flux de la vidéo et les données sont hashcodées et anonymisées », précise par ailleurs Patrick Duverger qui a eu l'occasion de présenter ce cas d'usage lors de la matinée-débats du Monde Informatique à Marseille le 22 novembre au stade Orange Vélodrome.

 

Le réseau de vidéosurveillance d'Antibes repose sur un réseau neuronal s'appuyant sur SAP Hana, IBM Watson et des serveurs DGX-1 de Nvidia pour automatiser la remontée d'événements anormaux liés par exemple au stationnement. (crédit : ville d'Antibes)

Une app 3D fer de lance de l'innovation d'Antibes

Outre le système de vidéosurveillance apprenant, la DSI de la ville d'Antibes travaille également sur la smart city et notamment les réseaux d'eaux connectés. « Ce que l'on souhaite c'est apporter de la connaissance du réseau d'eau et remonter des données pour nous permettre de mieux détecter les fuites et minimiser les coûts », poursuit le DSI. « Sur cette partie IoT on a également travaillé avec IBM qui a développé un chatbot pour mieux comprendre les interventions ». Egalement en développement dans la collectivité, le projet de monuments connectés qui permet d'accéder de façon dynamique à un utilisateur en déplacement, sur son mobile, à des informations relatives aux principaux monuments de la ville. Une application, Antibes3D, a aussi été développée, basée sur la solution de maquette numérique 3D temps réel de la société aixoise Igo. Elle permet aujourd'hui d'accéder à des informations de plans locaux d'urbanisme mais qui permettra plus tard bien d'autres choses. « Nous avons numérisé toute la ville en 3D, cela a demandé énormément de travail à la DSI et nous prévoyons d'intégrer les données de bus, parcours de santé, occupation des parkings, médiathèques, terrain de basket », fait savoir Patrick Duverger. A terme, le DSI n'exclut pas d'aller encore plus loin avec pourquoi pas un interfaçage directement depuis l'app 3D de la ville à de la réservation voire du paiement à des services communaux ou autres.

Pour la partie innovation et R&D, la DSI s'appuie sur différents partenaires, à la fois des fournisseurs (SAP, IBM...) mais aussi d'autres organismes comme le moteur de recherche open source France Labs. Interrogé sur la question du coût des projets IT et numériques d'Antibes, le DSI a botté en touche, non sans malice : « Avec un zéro de moins que dans le bâtiment on fait des prouesses. Avec 100 00 euros on commence à faire des choses très bien. L'appétence des citoyens pour la construction d'équipements est fort mais l'appétence pour le numérique l'est encore plus », conclut Patrick Duverger. 

Des projets déjà récompensés 3 fois en 2018

 

Le DSI de la ville d'Antibes Patrick Duverger (tout à droite) sur la matinée-débats IT Tour organisée à Marseille le 22 novembre 2018 au stade Orange Vélodrome, aux côtés (de gauche à droite) de Bruno Aiello (ex DSI San Marina Minelli Cosmoparis Pataugas), Patrick Baldit (chef de service des TIC du CEA de Cadarache) et Olivier Catelin (DSI de Groupe Fatec). crédit : N.H.

En 2018 la ville d'Antibes a reçu plusieurs distinctions dont celle du Territoria d'Or dans la catégorie « Territoires innovants » pour son projet « De la vidéoprotection à la smart city par l'Internet des Objets », le Fimbacte Trophée d'argent secteur projets nouveaux usages et services du Cadre de vie 2018 dans les catégories « Territoires innovants », « Innovation public » et « Smart innovation » pour « La carto 3D, une nouvelle dimension ». Et également le prix sécurité national dans la catégorie « Innovation numérique » de la revue des Collectivités Locales 2018.