Pendant la crise, au cours de ces deux dernières années, les entreprises clientes ont imposé un régime draconien à leurs prestataires, en particulier aux SSII. Les directions achats imposant jusqu'à 20 à 30% de baisse sur les prestations en services et conseils informatiques. Tout l'enjeu, aujourd'hui, est de savoir si les prix repartiront suffisamment fort pour au moins rattraper ces baisses drastiques.
Apparemment, le climat se détend, avait indiqué récemment le Syntec Numérique, après avoir interrogé la plupart des SSII et des intégrateurs. Mais ils restent prudents. Les prix repartent à la hausse, mais cette reprise est légère, hétérogène suivant les secteurs, les entreprises, les profils et les postes concernés. En clair, cette hausse, quand il y a augmentation, est difficile à localiser et loin de compenser les baisses des deux années précédentes.
Le cabinet Pierre Audoin Consultants publie la 7ème édition de son Observatoire des Prix (prestations de services informatiques). Elle confirme et précise le très léger début de détente observé sur les prix pratiqués dans les prestations de services informatiques en étudiant le TJM (Taux journalier moyen) sur une trentaine de profils. Certains restent très bas, comme la maintenance, d'autres semblent portés par une hausse plus réelle des prix : sécurité, ingénieur d'études Cobol dans certains secteurs industriels, ingénieurs d'études SAP, spécialistes logiciels embarqués ou applications mobiles.
Vitale pour les SSII
Cette possible hausse des prix est vitale pour les SSII. Laminées durant la crise, elles veulent retrouver des marges. Les baisses de prix leur ont imposé des efforts drastiques sur leurs coûts de fonctionnement. Certaines d'entre elles pratiquent encore des prestations à perte pour remporter ou conserver un marché. Elles ne retrouvent pas encore le « juste prix » souhaité pour la qualité de leurs prestations.
« Peut être devraient-elles communiquer différemment, sur des projets plus globaux ou des projets innovants », suggère Simon Philibert auteur de l'étude chez Pierre Audoin. « La vision TJM est la vision des acheteurs, une vue à très court terme qui rend difficilement compte du travail des SSII ».
Guy Mamou-Mani et son équipe ont engagé une démarche pour en discuter avec les représentants du Medef, faire reconnaître leur métier, la qualité de leurs prestations et aboutir, à terme à la revalorisation des prix pratiqués. La sortie de crise est donc loin d'entraîner un rattrapage pour les SSII.  Même si elles font état de nombreux projets d'embauche, ils se font sur des profils juniors, qui correspondent mieux aux tarifs encore pratiqués. Un profil confirmé, 3 à 5 ans d'expérience, est encore jugé trop cher.