En octobre dernier, sur son événement annuel organisé aux Docks de Saint-Denis, l’hébergeur français OVH avait clairement exposé ses ambitions d’expansion au niveau européen et mondial avec l’ouverture prévue de 10 datacenters de plus sur un an dans neuf nouveaux pays dont l’Angleterre et les Etats-Unis. L’entreprise créée par Octave Klaba en 1999 passera ainsi de 17 à 27 datacenters à l’échelle internationale. Trois des nouveaux sites ont été opérationnels dès octobre, à Sidney, Varsovie et Singapour. Et Juste avant Noël, OVH a fait coup sur coup deux autres annonces pour l’Europe : l’acquisition d’un bâtiment en Allemagne et le choix de la banlieue londonienne pour le 1er de ses trois datacenters prévus au Royaume-Uni.
Outre-Rhin, trois datacenters sont également prévus à terme. Le premier d’entre eux, d’une capacité totale de 45 000 serveurs sur 4 000 m2, sera mis en service en avril 2017 à Limburg. Cette ville située dans la région de la Hesse se trouve à quelques dizaines de km de Francfort, soit à « moins d’une milliseconde » de ce PoP (point de présence). Cela permettra à OVH de raccorder ce nouveau datacenter au réseau fibré qu’il déploie à travers le monde en fournissant à ses clients une connexion directe à Bruxelles, Strasbourg et Zurich, puis vers Paris, Amsterdam, Londres et Milan. Le bâtiment retenu est un ancien site industriel proche d’une sous-station de distribution électrique. En étendant sa couverture en Allemagne, l'hébergeur cloud permet à ses clients européens de garder leurs données sur le continent, lui-même n'étant pas soumis au Patriot Act, contrairement à ses concurrents américains. Sa filiale allemande est dirigée par Peter Hoehn.
Dans un premier temps, des offres Discovery en quantité
En Angleterre, la localisation choisie pour son datacenter lui permet d'être à moins d’une demi-milliseconde du PoP de Londres. Le groupe français explique que le bâtiment qu’il a acquis - il y a quelques jours à peine - dispose d’une connexion directe vers Gravelines dans le nord de la France, Amsterdam, Montréal et New York, à travers son réseau fibré déployé au niveau mondial.
A Gravelines, dans les Hauts de France, OVH compte 20 000 m2 de bâtiments sur 9 hectares. crédit : D.R.
Sur son site britannique, l'hébergeur prévoit d’installer 40 000 serveurs sur 4 000 m2. Le datacenter doit être mis en service à la fin mai 2017, d’abord au travers des offres de test Discovery disponibles en quantité très limitée, puis de l’ensemble du catalogue. L'entreprise française possède le bâtiment en propre, sans colocation. Celui-ci était auparavant détenu par un opérateur de télécommunications, ce qui explique notamment cette capacité à ouvrir rapidement. Le site sera interconnecté au PoP d’OVH à Londres « via un double chemin fibré », précise l’hébergeur dans un communiqué. Il ajoute que la capacité électrique du site pourra être renforcée si nécessaire, compte-tenu de la proximité de deux sous-stations. Les deux autres datacenters prévus dans la région fourniront une solution de back-up. Le second site sera également situé en périphérie de Londres, tandis que le troisième se trouvera au contraire « en dehors du domaine de pannes » des deux autres afin de pouvoir constituer un site de reprise en cas de problème. Les trois datacenters seront reliés par le vRtack réseau privé mis en place par OVH pour faciliter ses déploiements d’infrastructures multisites.
1,5 milliard d'euros sur 5 ans
En octobre le groupe français a levé 250 millions d’euros auprès de deux investisseurs américains, KKR et Towerbrook. Il a prévu d’investir 1,5 milliard d'euros sur 5 ans pour étendre ses implantations en Europe et en Amérique du Nord. Début décembre, une nouvelle salve de divulgations d’Edward Snowden, le sous-traitant de la NSA, avait révélé qu’Octave Klava, fondateur et actuel CTO de l’entreprise roubaisienne, avait figuré dans une liste de personnes identifiées comme des cibles de surveillance par les services de renseignement britanniques. OVH se présente comme la 3e société d’hébergement web dans le monde et compte 1 500 salariés.