Depuis quelques semaines, le paysage français des points d'échanges Internet (IXP) s'est complété d'un acteur du côté des Pays de la Loire. Constitué en avril à l'initiative de quatre dirigeants d'entreprises de Nantes et d'Angers, cette nouvelle infrastructure de peering, dénommée OuestIX, est désormais opérationnelle. Elle a été lancée officiellement fin novembre. Le peering est une relation d'échange, généralement gratuite, dans laquelle des sociétés « se fournissent réciproquement l'accès aux clients de l'autre », en partageant leurs services Internet, avec l'objectif de réduire le coût du transit, comme le rappelle William Norton, dans son Manuel du peering(*). En réduisant le nombre d'intermédiaires, les utilisateurs d'un GIX peuvent aussi améliorer la qualité de leur trafic. Les échanges entre les usagers d'une région restent sur cette région et ne passent plus par des infrastructures lointaines, souligne OuestIX sur son site.
Selon le site Internetexchangemap.com, il existe plus de 120 GIX (Global Internet exchange) en Europe et une dizaine en France. L'Hexagone compte différents IXP ayant vocation à développer les synergies entre les acteurs d'une région. Du nord au sud du territoire, on trouve ainsi Lillix à Lille, Lothix en Lorraine, GrenoblIX à Grenoble, Saintetix à Saint-Etienne MA-IX à Marseille, Touix à Toulouse, etc. A Strasbourg, EuroGIX a un objectif transfrontalier avec une prochaine extension sur Kehl (en Allemagne). En région parisienne, France-IX s'appuie sur 10 points de présence (PoP), dont 9 sont en Ile-de-France et un à Marseille.
L'Ile de France concentre plusieurs GIX. Source : Internetexchangemap.com
OuestIX, soutenu par sa Région à hauteur de 100 000 euros
Alors qu'aux Etats-Unis, les IPX reposent sur un modèle commercial, de nombreux noeuds d'échanges européens sont « gérés par des associations à but non lucratifs fondées par des membres qui sont aussi généralement les premiers FAI à se connecter », souligne encore William Norton dans son livre. C'est le cas de France-IX, par exemple, qui a passé en septembre les 350 Gbit/s de trafic, et également de OuestIX, co-fondé par les dirigeants de Network Telecom & Hosting, Sigma, Oceanet Technology et Octave. Ce GIX de l'Ouest de la France est soutenu par la Région des Pays de la Loire à hauteur de 100 000 euros pour les trois premières années. Parmi ses autres soutiens, Angers Loire Métropole apportera 10 000 euros annuels à partir de 2015. Nantes Métropole doit également contribuer au projet.
OuestIX est investi d'une triple mission sur sa région : Interconnecter et développer les synergies entre les prestataires de services Internet, soutenir la filière numérique et renforcer l'attractivité de la zone. L'IPX veut aussi constituer une alternative aux noeuds d'échanges franciliens, l'Ile-de-France concentrant habituellement l'essentiel des trafics Internet, pointe Pierre Voillet, président de OuestIX dans un communiqué. Pour l'instant, OuestIX comprend un noeud d'échange Internet et trois points de présence sur l'agglomération nantaise. Le GIX totalise 70 km de fibre optique et prévoit une interconnexion à Angers début 2015. Il a réalisé 110 000 d'investissements en 2014 (subventionné à hauteur d'un euro d'argent public pour un euro d'argent privé investi).Â
Le succès de OuestIX sera mesuré sur le nombre d'adhérents qui rejoindront l'association, selon Michel Perrinet, président d'Octave et secrétaire de OuestIX. Il estime à une soixantaine le nombre d'acteurs ayant le plus d'intérêt à rejoindre l'infrastructure. Si, à la fin de l'année prochaine, au moins un tiers de ces entreprises a adhéré à l'association, l'objectif sera considéré comme atteint.
(*) Le Manuel du peering, édité par DrPeering Press.