Orange parie un pan de son avenir sur l'activité M2M
Pour l'opérateur, la communication directe entre objets est une grande voie d'avenir. Des applications liées à la télémesure sont d'ores et déjà en production. Et Orange compte modifier les cartes SIM et s'appuyer sur le protocole IPv6 pour développer davantage encore cette activité.
Orange a décidé d'ouvrir un centre exclusivement réservé à ses activités de M2M (machine to machine). Situé à Bruxelles, il s'appuiera sur l'entité belge Mobistar de l'opérateur. Il s'agit pour Orange de développer un marché qu'il considère comme essentiel pour son avenir. Le M2M regroupe toutes les technologies qui permettent à des objets de communiquer entre eux, avec ou sans fil, à distance et en temps réel. Orange avait déjà lancé une 'business unit' sur ces technologies en France dès 2005 avant de racheter Silicomp en 2006 et Data & Mobiles l'an dernier. Aujourd'hui il compte sur son nouveau centre pour développer l'activité.
L'entité M2M sera au service des forces de vente d'Orange, « depuis l'avant-vente jusqu'à la signature du contrat et à la livraison du service dans les 29 pays dans lequel l'opérateur est présent et au delà  ». Deux autres objectifs sont au programme du centre annoncé hier : la mise au point de la carte SIM renforcée qu'attendent les applications de M2M et la participation aux organismes de standardisation associés à cette technologie.
Ainsi, Orange préside-t-il l'ETSI (European telecommunications standards institute), une initiative qui existe depuis un an et a justement pour mission la définition d'une carte SIM dédiée. Celle-ci devra avoir une durée de vie plus longue. Dans les compteurs électriques intelligents, par exemple, il n'est pas possible de changer la carte trop souvent. Le passage de 20 000 cycles de traitement par carte environ aujourd'hui à quelque 50 000 cycles devrait permettre d'atteindre une durée de vie de 10 ans. Bien sûr, ces cartes SIM devront aussi fonctionner dans des environnements dits hostiles comme une automobile ou un milieu humide voire aquatique. Orange travaille aussi au sein de Wavenis sur la comparaison de technologies radio basse consommation plus adaptées à ces développements. Enfin, au sein du GS1, un autre organisme de standardisation, il étudie une définition plus ouverte du routage des communications entre les objets.
« Nous voulons devenir le leader mondial du M2M »
Orange considère le M2M comme indispensable à sa stratégie. Outre le caractère prometteur du marché (IDC prédit des croissances entre 8,9 et 16,5% des matériels, communications et services associés au domaine), l'opérateur pense disposer de trois des clés principales pour se positionner dans le domaine. « IPv6, les technologies radio, les cartes SIM, tout cela c'est notre métier, insiste Barbara Dalibard, directeur exécutif d'Orange Business Services. Et grâce à cela, même si nous ne sommes pas dans le business du matériel, nous voulons devenir le leader mondial du M2M. »
L'opérateur dit ainsi être le premier acteur à avoir mis sur le marché une offre commerciale IPv6 mondiale. Contrairement au protocole Internet actuel IPv4, qui atteint ses limites aujourd'hui en nombre d'adresses possibles, la nouvelle version assure un adressage pour un nombre d'objets quasiment illimité ; il est donc indispensable au déploiement du machine to machine. Orange s'attèle aussi à la connectivité entre fixe et mobile qui assure la continuité de service du M2M et au temps réel.
Le développement durable, moteur incontestable du M2M
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A noter qu'il est un besoin en vogue qui tire le M2M aujourd'hui : le développement durable. La gestion des ressources comme l'électricité ou l'eau par exemple passe systématiquement par l'installation de capteurs capables de relever la consommation, mais aussi d'échanger entre eux ou avec un système central, voire d'agir ensuite pour réguler la consommation. Le compteur électrique intelligent est l'exemple le plus concret. Il réalise des relevés sans intervention humaine, et les transmet à un système central.
Chez Primagaz, la télémesure évite l'émission de 48 tonnes de CO2 par an
Certaines communes testent aussi des éclairages reliés à des capteurs de présence. Une partie des lampadaires de rue restent éteints la nuit tombée mais s'allument au passage d'un promeneur ou d'un camion. Les informations sur la consommation sont par ailleurs récoltées pour être analysées là -encore dans un système central. Orange a par exemple équipé les citernes de Primagaz de systèmes de télémesure sur 3 400 sites différents des clients de l'entreprise. Tous les matins, l'opérateur en charge de la logistique vérifie le niveau de toutes ces citernes et définit ainsi précisément la tournée des intervenants. Résultat : en 2009, Primagaz devrait éviter un total de 80 000 km de trajet et par conséquent, l'émission de 48 tonnes de CO2.
Enfin, l'application la plus mûre, elle aussi porteuse par ricochet de protection de l'environnement, est la gestion de flottes de véhicules. Ces derniers sont équipés de puces capables d'échanger des données concernant entre autres leur trajet au système d'information. Orange dit être l'un des trois premiers sur ce marché en France.
De nombreux acteurs travaillent depuis longtemps sur le M2M. Et les opérateurs n'en sont pas les pionniers. Les industriels fabricants de puces et d'environnements embarqués, mais aussi les industriels utilisateurs comme les constructeurs automobiles par exemple. Orange a conclu des partenariats avec certains et travaille sur ces sujets avec quatre pôles de compétitivité : System@tic pour les systèmes embarqués en Ile de France, Minalogic pour l'embarqué et les nanotechnologies en Rhône Alpes, Tenerrdis pour les énergies renouvelables en Rhône Alpes également et SCS pour les solutions communicantes sécurisées en PACA.