Pour son cinquième et vraisemblablement dernier événement Show Hello, le PDG d’Orange Stéphane Richard, qui a été mis en examen en décembre 2016, a livré une prestation particulièrement ramassée - sans intervenants maison - pour balayer les dernières innovations de l’opérateur. Comme tous les ans, les équipes d’Orange ont présenté quelques nouveautés comme une box (modem/routeur) considérablement simplifiée car débarrassée de la partie décodeur TV - de sacrées économies en perspectives pour Orange - au profit d’un accès déporté du type client léger.
Les services TV et stockage seront assurés par des serveurs distants avec une restitution sur le téléviseur de l’abonné sous la forme de flux vidéo compressés. « Un boitier unique pour distribuer les contenus dans la maison », selon le dirigeant. En cas de problème réseau ou serveurs (panne ou congestion) il n’y aura bien sûr plus aucun service mais c’est déjà d’ailleurs un peu le cas aujourd’hui. Si cette box déportée pourra être exploitée sans problèmes dans les zones denses équipées en fibre optique (20 millions de foyers raccordables selon le PDG d’Orange). Déjà en Roumanie, cette box sera progressivement déployée en France en 2018 avec une dizaine de millier d’abonnés dans les grandes villes pour commencer, nous a indiqué le dirigeant lors d’un point presse.
Un assistant vocal baptisé Djingo
Les Livebox seront aussi équipées d’un micro pour dialoguer avec l’assistant vocal maison Djingo - rien à voir avec les westerns spaghettis - qui aura la lourde tâche de concurrencer les Amazon Echo et Google Assistant (toujours indisponibles en français). La box d’Orange pourra donc entendre tout ce qui se passe dans un foyer. Pour développer son assistant vocal - qui ici aussi sur du calcul déporté - Orange a travaillé avec Deutsche Telecom sur les questions relatives à l’intelligence artificielle.
L’autre grosse annonce de la journée, avec la solution de sécurité Cyberfiltre à destination des TPE et des PME sur laquelle nous reviendrons demain, concerne la fameuse banque en ligne que l’opérateur développe depuis le rachat de Groupama en avril 2016. Loin d’être aussi disruptive que le dirigeant veut bien l’annoncer (Zebank, BforBank, Hello Bank, Compte-Nickel ou encore C-Zam) Orange Bank reprend le modèle initié par Banque Directe en 1994 – rebaptisée Axa Banque après un démarrage au sein du groupe Paribas – si l’on exclut Cortal (téléphone et minitel en 1985). Orange proposera des services gratuits (carte bancaire Visa, gestion de compte et virement mais pas de chéquiers) sans conditions de ressources. Il n’y aura pas de crédits à la consommation, et encore moins immobiliers au démarrage. « Nous ferons tout ce qui est utile pour nos clients ». Les services financiers seront progressivement étoffés dans les mois qui viennent. « Nous nous sommes penchés sur les usages avec l’absence de date de valeur pour les achats, et les virements ». Pas de débit différé pour les cartes bancaires donc.
1 000 employés Orange pour accompagner les premiers clients
L’opérateur, qui lancera sa banque le 15 mai prochain pour les salariés d’Orange, puis le 6 juillet pour tout le monde, a pris un peu de retard comme nous l’a expliqué le PDG. Le rachat de Groupama n’a pas entrainé le transfert de l’agrément bancaire. L’opérateur a été obligé de déposer un dossier pour un projet nouveau auprès de la BCE à Francfort. « Cela a pris six mois pour obtenir l’agrément global », a indiqué le dirigeant.
La banque d’Orange ne sera pas totalement sans guichets puisque 1 000 employés volontaires de l’opérateur ont été formés pour devenir conseiller financier dans 140 boutiques. Stéphane Richard met surtout en avant le partenariat noué avec IBM Watson pour proposer un assistant en ligne 24h sur 24, à l'image de ce que le Crédit Mutuel et la SNCF ont déjà commencé à faire. « C’est un coté avant-gardiste avec un service toujours disponible… sans ponts et sans 35 heures […] Il s’agit d’un vrai avantage pour nous et nos clients pour leur apporter un service meilleur », a assuré le PDG. Pour le business plan de sa banque en ligne, le PDG d’Orange avoue sans détour qu’il s’agit d’un plan de 10 ans, avec un point mort d’ici 4 à 5 ans. « J’espère que nous ferons beaucoup mieux ». Avec ses services gratuits pour les clients, Orange Bank est donc parti pour perdre de l’argent jusqu’en 2022 au moins.