Se dirige-t-on vers une refonte en profondeur du marché français des télécoms ? C'est en tout cas ce que laisse penser les dernières manoeuvres des géants du secteur au premier rang desquels Orange qui voit plus que d'un bon oeil son rapprochement avec Bouygues Télécom. Martin Bouygues et Stéphane Richard, respectivement PDG de Bougues et d'Orange, se seraient d'ailleurs entretenus plusieurs fois sur le sujet ces dernières semaines.
Officiellement, Orange ne cache d'ailleurs (presque) plus son jeu : « Orange explore les opportunités qu'offre la recomposition en cours du paysage français des télécoms, tout en rappelant que sa position de leader lui permet une totale indépendance. Orange agira dans le seul intérêt de ses actionnaires, de ses salariés et de ses clients et sera particulièrement attentif à la création de valeur et aux risques juridiques d'une éventuelle opération », a indiqué l'opérateur dans un communiqué jeudi soir.
Une recomposition indispensable pour Bouygues
En position de faiblesse depuis que Numericable ait parvenu à lui souffler SFR, Bouygues Télécom pourra certainement trouver en Orange un bon parti, tant le prix proposé par Free - pas plus de 5 milliards d'euros - apparaît insuffisant par rapport aux prétentions de Martin Bouygues. Le rachat de Bouygues par Orange enlèverait également une belle épine dans le pied de l'État qui craignait une probable bérézina sociale du côté du troisième opérateur télécom avec un plan de suppression possible de 2 000 personnes. Du côté des syndicats d'Orange, on perçoit également un soulagement.
Pour l'instant, les termes du rapprochement restent floues, mais il se murmure que Bouygues pourrait grimper au capital d'Orange pour l'occasion. Orange discute depuis plusieurs mois sans doute avec Bouygues pour racheter Bouygues Télécom, en difficulté depuis l'arrivée de Free sur le marché de la téléphonie mobile en janvier 2012. Les marges de manoeuvre sont donc réduites pour la filiale télécoms de Bouygues qui cherche à tout prix à sortir dignement la tête de l'eau mais surtout sans secousse sociale intempestive. Un pari loin d'être gagné.
Suivant au plus près l'avancement du dossier, le ministre de l'Économie Arnaud Montebours qui soutient fermement depuis plusieurs années le retour d'un triumvirat sur le marché français des télécoms, verrait ainsi sans doute d'un bon oeil le rapprochement entre Orange et Bouygues Télécom, bien que pour l'instant il ne se soit pas encore officiellement exprimé sur ce projet de rachat.
Si le rapprochement entre Orange et Bouygues Télécom est vu d'un bon oeil par ses promoteurs mais également l'Etat, actionnaire d'Orange, reste à savoir s'il est réalisable. Or, il est difficile de penser que les autorités de la concurrence à Bruxelles laisseront passer une telle méga fusion. A suivre.
Virgin Mobile repris par Numericable
Autre fait notable à signaler dans le secteur : l'annonce officielle de la rentrée en négociations exclusives de Numericable avec Omea Telecom pour lui racheter Virgin Mobile pour un montant de 325 millions d'euros. Geoffroy Roux de Bézieux, président fondateur d'Omea Telecom fait savoir que ce rapprochement va préserver "ce qui a été entrepris depuis 10 ans dont les effectifs de l'entreprise".
Dans un communiqué, Numericable précise que Vivendi participera pour une quote-part de 200 millions d'euros au financement de cette acquisition qui concourra à valoriser la participation qu'elle a vocation à détenir dans Numericable après son rapprochement avec SFR. Cette acquisition devrait intervenir après information et consultation auprès des instances représentatives du personnel concernées et de l'accord de l'Autorité française de la concurrence.