Quand Oracle a affirmé devenir n°2 des applications SaaS derrière Salesforce.com (lors de ses résultats financiers 2014, il y a 10 jours), il s'appuyait en fait sur une projection annualisée des ventes d'abonnements qu'il réalise en ce moment dans le cloud, en partant de l'hypothèse que ces abonnements vont se maintenir à leur présent niveau. Sur cette base, le groupe californien dirigé par Larry Ellison a annoncé une projection annualisée de 2 milliards de dollars. Mais il n'en est pas encore là . Sur son dernier trimestre, le chiffre d'affaires cumulé de ses ventes SaaS + Paas + IaaS atteint 450 millions de dollars (software, platform et infrastructure as-a-service). Le président de la société, Mark Hurd, est revenu sur le sujet lors d'une conférence retransmise en vidéo sur le web la semaine dernière, en reconnaissant qu'Oracle n'était pas encore totalement satisfait. Tout en ajoutant : « Ne vous y trompez pas, nous sommes entièrement concentrés sur l'objectif de devenir n°1 dans le cloud », mais sans préciser de date.
Pour étayer son affirmation, il a accompagné sa présentation de quelques chiffres. Oracle évalue un potentiel de 10 milliards de dollars de souscriptions annuelles dans le cloud en tablant uniquement sur les évolutions de sa propre base de clients. Pour l'instant, l'éditeur californien dit n'avoir pénétré que 5% de cette base avec ses produits cloud. Il y a des opportunités dans des domaines qui ne sont pas encore couverts, comme le marketing et le service et, même, les ERP, lorsqu'il s'agit d'entreprises de taille moyenne, a assuré Mark Hurd lors de son intervention. Oracle estime qu'il peut tabler sur un marché potentiel de 74 milliards de dollars pour ses apps cloud.
Pour attirer vers le cloud, Oracle veut jouer sur plusieurs tableaux : des incitations financières, le déploiement dans des délais impartis et l'intégration avec les applications sur site (agrandir).
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Près de 19 000 consultants partenaires dans le cloud
A ce jour, si l'on se réfère aux chiffres présentés par Mark Hurd, la base installée d'Oracle, pour les logiciels déployés sur site, compte 5 000 clients sur ses applications de CRM (gestion de la relation client), 7 000 sur ses solutions de HCM  (gestion des ressources humaines) et 15 000 sur ses ERP. Le fournisseur va en convaincre certains d'étendre ces solutions sur sites en leur adjoignant des modules cloud pour le marketing, la gestion des talents, les achats ou d'autres domaines. D'autres migreront entièrement vers le cloud.
Pour parvenir à ses fins, Oracle dispose de milliers de commerciaux qui se consacrent à la vente de logiciels SaaS, répartis dans 60 pays, auxquels s'ajoutent près de 19 000 consultants certifiés par le fournisseur sur ses produits cloud, a indiqué Mark Hurd. La plupart sont pour l'instant investis dans les solutions couvrant le service, le e-commerce, les ERP, les ventes et le HCM. Par comparaison, peu d'entre eux sont engagés dans les solutions couvrant le marketing et les réseaux sociaux.
Dans le PaaS et le IaaS, Oracle ira vers les start-ups
Autre gisement de développement cloud pour Oracle : ses applications Fusion dont la version 9 doit arriver dans les prochains mois. Ces produits peuvent également être installés sur site, mais la plupart des clients ont jusqu'à présent préféré l'option cloud, jugeant plus complexes de les déployer en interne.  La genèse des applications Fusion a été longue. Les logiciels n'ont été livrés qu'en 2011 après six années de développement. Depuis deux ans, la confiance des équipes d'Oracle dans ces produits se traduit dans les ventes, a indiqué Mark Hurd. Sur le dernier trimestre, l'éditeur a remporté 363 nouveaux clients SaaS avec les applications Fusion : 121 sur des fonctions ERP, 110 dans la gestion des ressources humaines, 132 dans le CRM et plus de 70 clients sont entrés en production sur le trimestre. Les nouvelles signatures représentent 2,29 millions d'abonnés, ce qui porte à près de 8 millions le nombre d'utilisateurs de Fusion dans le cloud, selon la présentation de Mark Hurd.
Sur le marché, de nombreux fournisseurs de solutions SaaS utilisent déjà les technologies d'Oracle, mais ce dernier veut étendre encore son activité ISV (independant software vendors) sur le terrain de l'IaaS et du PaaS. En particulier, Mark Hurd a assuré qu'Oracle allait se tourner davantage vers les start-ups (une direction vers laquelle son concurrent SAP s'est déjà tournée ces dernières années avec son offre HANA). Le fournisseur fait valoir ses 19 datacenters répartis dans le monde et sa pile technologique unifiée (logiciels d'infrastructure et matériel). Pour les start-ups, l'option cloud est évidemment moins coûteuse pour démarrer que l'achat de licences et de matériel, a rappelé Mark Hurd.Â