Oracle/Sun : les opposants à la fusion mobilisent à l'Est
Face à une Commission européenne désormais acquise à la fusion de Sun Microsystems avec Oracle, ceux qui militent pour empêcher ce rapprochement, notamment parce qu'il englobe la base de données MySQL, ont déplacé leurs efforts vers la Russie et la Chine.
Le fondateur de MySQL, Monty Widenius , a indiqué dans un communiqué que la Commission, régulateur absolu de la concurrence en Europe, avait fait preuve de faiblesse le mois dernier en concluant avec Oracle un accord qui ouvrait la voie à une approbation inconditionnelle de l'acquisition de Sun. L'informaticien finlandais, qui a quitté MySQL en 2009, aurait pu faire parti d'un groupe d'éventuels acquéreurs pour l'entité MySQL, si elle avait été considérée comme un obstacle à la fusion et sortie de la transaction. Sa campagne sur helpmysql.org qui a réuni plus de 600 partisans en Chine et plus de 800 en Russie, a incité le fondateur de MySQL à travailler étroitement avec ses partisans locaux pour soutenir le travail des autorités chargées des questions de concurrence dans ces deux pays. Il a aussi intensifié ses efforts pour recueillir les signatures des utilisateurs de la base MySQL locaux. D'ailleurs, Oracle n'a toujours pas obtenu le feu vert du ministère chinois du Commerce (MOFCOM) et du Service fédéral russe anti monopole FAS, lequel a déclaré la semaine dernière qu'il prolongeait le délai de l'enquête qu'il mène actuellement sur la transaction.
Des appuis de poids en Chine et en Russie
"La Commission européenne, qui a fait preuve de courage et de compétence pendant la majeure partie de l'enquête, s'est finalement montrée très faible", a-t-il déclaré. Ajoutant que la Chine et la Russie, « pays puissants, sûrs d'eux, et favorables à l'Open Source, » avaient « toute capacité à mener un travail de meilleure qualité que ne l'a fait l'UE. » Au niveau mondial, la campagne de M. Widenius a recueilli près de 29 000 signatures depuis son lancement le 28 décembre dernier. Mais, à moins de surprises de dernière minute, la Commission européenne devrait se prononcer en faveur de l'accord le 27 janvier. C'est ce qu'elle avait déjà laissé entendre le mois dernier, après qu'Oracle a proposé de laisser pendant une durée minimum de 5 ans MySQL se développer de manière indépendante et toujours en Open Source.
La mort programmée de MySQL ?
Mais Monty Widenius fait valoir que la Commission a renoncé à préserver MySQL afin de sauver la face. Il a aussi démenti les propos de la Commission, qualifiant son attitude de « malhonnête » en considérant qu'il avait abandonné son projet initial. Au contraire, M. Widenius a affirmé que son point de vue, et celui d'autres opposants, concernant l'intégration de MySQL dans la transaction avait été ignoré. "Si Oracle obtient MySQL sans condition, alors je peux dire que, comme Européen, j'ai honte de notre système de régulation", a encore déclaré M. Widenius. La pétition diffusée par helpmysql.org demande aux autorités de la concurrence à travers le monde de bloquer l'acquisition de Sun par Oracle à moins que MySQL soit vendue à une tierce partie, ou si on lui confère un quelconque "statut d'exception», afin que MySQL puisse rester sous licence Open Source (Apache Software License 2.0). La pétition indique que la récente promesse faite par Oracle à la Commission européenne à propos de MySQL "ne peut, au mieux, qu'être transitoire, et qu'elle ne pourra assurer le développement innovant de MySQL ni laisser MySQL exister de manière concurrentielle." Le Finlandais oppose qu'Oracle aura en effet à gérer un conflit d'intérêts de premier ordre entre un MySQL Open Source d'une part et ses produits à forte valeur commerciale d'autre part.