A deux semaines du grand rendez-vous annuel d’Oracle, OpenWorld 2018, qui se tiendra à San Francisco du 22 au 25 octobre, la filiale française de l'éditeur a fait un point hier sur l’offre cloud Autonomous lors de l’étape parisienne de son événement Impact, organisée sur le campus Station F (Halle Freyssinet). Basée sur la version 18c de la base de données maison et sur la plateforme intégrée Exadata dans le cloud, cette offre annoncée il y a un an concerne un ensemble de produits dotés de capacités de gestion et de sécurisation automatisées par l’apprentissage machine et qui seront livrés de façon progressive. Trois d’entre eux sont déjà disponibles. Autonomous Datawarehouse, destiné aux applications analytiques, est sorti de sa bêta en mars, et Autonomous Transaction Processing, conçu pour la prise en charge combinée des traitements OLTP et analytiques, a été annoncé cet été. Le 3ème produit, Autonomous NoSQL Database Cloud, a été annoncé début octobre. Cette base de données NoSQL orientée développeurs « permet de faire des applications ultra rapides », a commenté hier Alain Scazzola, responsable du business development d’Oracle Cloud pour la filiale française. La base supporte des API clé valeur, avec une API SQL déclarative, des interfaces en ligne de commande et des modèles de données pour les représentations relationnelles et JSON. Cette base noSQL se complète d’un SDK et supporte les langages Python et Node.JS.
« Le concept d’autonomisation est arrivé avec le cloud, avec la croissance exponentielle des volumes, la nécessité de mise à l’échelle et la capacité à comprendre le fonctionnement d’un grand nombre de bases de données », a rappelé Andrew Sutherland, vice-président senior Oracle Systems & Technology pour les régions EMEA et APAC, lors d’un point presse. Ainsi, les produits de la gamme Autonomous réunissent trois composantes : la base de données elle-même, la connaissance acquise du cloud sur les capacités de gestion et l’infrastructure cloud d'Oracle (OCI). L’intelligence artificielle vient augmenter les capacités en fonction du domaine d’activités des entreprises (santé, automobile, etc.). « Plus vous allez loin dans la compréhension de votre domaine, plus vous augmentez vos capacités d’autonomie », a ajouté Andrew Sutherland. « De nombreux clients veulent utiliser une solution qui leur soit unique sur bien des aspects. Pour autant, ils ne veulent pas tout reconstruire depuis le début, mais ils veulent pouvoir étendre l’application de façon très personnalisée », a souligné le vice-président Systems & Technology EMEA.
Ligne Autonomous : Self-driving, self-securing, self-repairing
Hier, sur Impact, Stéphane Roman, directeur de la plateforme Cloud chez Oracle France, a rappelé les trois grands principes du portefeuille de produits Autonomous : self-driving, self-securing et self-repairing. Ils résument la capacité du logiciel et du matériel à s’auto-gérer, à appliquer les correctifs de sécurité de façon automatique et à s’auto-réparer. « Tout système qui stocke de la donnée doit aujourd’hui être sécurisé de façon automatique », a-t-il pointé. « Quand un patch est disponible, il doit être appliqué automatiquement ».
Concrètement, ces fonctions s’appuient sur les capacités d’apprentissage machine disponibles dans le cloud d’Oracle pour comprendre, analyser et faire évoluer les systèmes. Elles vont par exemple permettre de moduler la puissance de l’infrastructure matérielle en fonction des besoins périodiques des entreprises. « Avec la partie machine learning, les ressources vont pouvoir s’adapter dans le temps, passer par exemple de 4 CPU à 16, 32 ou au-delà, sans arrêt de service », a expliqué Alain Scazzola. « Mieux, il y a une dissociation entre le stockage et la puissance qui permet de faire varier automatiquement tous les paramètres en fonction du besoin ». Sur la partie sécurité, pour protéger les utilisateurs des attaques externes et internes, la ligne Autonomous va recourir à l’apprentissage machine pour détecter les utilisations des systèmes qui diffèrent de l’usage normal, et appliquer les patchs de façon automatique. Alain Scazzola a aussi pointé la disponibilité à 99,995% affichée par le cloud d’Oracle, ce qui correspond à moins de 3 minutes d’arrêt des systèmes par mois.
En passant sur Autonomous Database, l'ERP cloud NetSuite a gardé les mêmes performances en divisant par 5 le nombre de ses index, a exposé Alain Scazzola, responsable du business development Cloud d'Oracle France, ci-dessus à droite, avec Stéphane Roman, directeur de la plateforme Cloud chez Oracle France. (agrandir l'image) Crédit : LMI/MG
Sur NetSuite, Autonomous DB divise par 5 la taille des index
Alain Scazzola a ensuite abordé l’optimisation des systèmes Autonomous « pour le run ». Les bases de données évoluent de façon très complexe et il faut pouvoir au fur et à mesure les ajuster à différents niveaux pour qu’elles fonctionnent bien. Dans ce domaine, l’avantage de la base de données autonome est de pouvoir faire de l’autotuning. Hier, Alain Scazzola a illustré ces capacités avec un exemple basé sur NetSuite, l’ERP cloud racheté par Oracle. Cette application développée à l’aube de l’an 2000 bénéficie maintenant d’un recul de près de vingt ans sur son tuning. « Nous avons pris cette application, l’avons mise sur Autonomous en enlevant tous les index et avons obtenu exactement les mêmes niveaux de performance ». La solution Autonomous a construit des index. Alors que les experts de NetSuite en avaient construit plus de 8500, Autonomous n’en a construit que 1 700, a indiqué Alain Scazzola. « Cela signifie beaucoup moins de complexité pour l’évolution des applications et une façon de fonctionner optimale dès le moment où on met l’application à l’intérieur d’Autonomous », a-t-il souligné.
La question de l’évolution du métier de DBA a également été abordée. Avec le déploiement de l’automatisation, les administrateurs de bases de données vont évoluer vers le data management. « Ils vont connaître toutes les données à l’intérieur du système et avoir la capacité de gérer tout le cycle de vie de la donnée », prévoit le responsable du développement cloud. « Comme on va les décharger de nombreuses tâches sans valeur ajoutée, comme le provisionning, la configuration, etc., ces data managers vont venir dans les équipes qui construisent les applications pour apporter tout leur savoir sur la donnée, une vraie valeur »
Applicatifs autonomes : des rapports BI auto-générés
L’autonomisation ne concerne pas que les couches basses des systèmes. « Elles commencent à sortir dans les couches hautes, dans les applications, les interfaces utilisateurs », a ensuite ajouté Stéphane Roman avant d’évoquer quelques cas d’usages. Sa présentation a porté sur l’application Analytics Cloud connectée à la base de données Autonomous. « L’outil regarde les données et remarque qu’il y a des numéros de carte de crédit ». Il en déduit le genre de la personne en fonction du prénom et crée un script qui pourra être automatiquement utilisé à chaque chargement de la base de données. De la même façon, il sera possible de demander à l’outil d’analyser les données avant même que l’utilisateur ait lui-même créé un graphique ou un tableau. Par exemple la répartition des ventes ou des activités marketing par lignes de produits. « Il peut analyser les key drivers, c’est-à-dire commencer à chercher la corrélation entre les lignes de produits, les ventes par mois et le genre des acheteurs qui ne figurait pas au départ dans la base mais qui a été déduit, afin de donner les attributs importants qui affectent les ventes par lignes de produits ». Avec la fonction Explain, poursuit Stéphane Roman, l’outil peut aller jusqu’à segmenter et dire avec 80% de confiance que tel produit est impacté par telle catégorie d’acheteurs dans tel créneau horaire à telle période de l’année.
L’outil peut aussi créer des graphiques. « Je lance un objet narratif qui va, en anglais ou en français, écrire l’analyse que des analystes auraient pu rédiger », a expliqué le directeur des ventes cloud d’Oracle France en présentant ensuite l’app mobile Day by Day, une app analytique – gratuite pour les utilisateurs d’Oracle Cloud - qui apprend à connaître les centres d’intérêt de son utilisateur et les personnes avec qui il partage ses informations. Si elle constate, lors de déplacements réguliers à New York, la réalisation de certains rapports d’analyse, l’outil va ensuite proposer ces rapports de façon proactive en fonction du calendrier de l’utilisateur et des interactions avec les interlocuteurs habituels. « Il n’y a pas de rapport existant, l’outil va directement dans la base de données autonome, il en retrouve les attributs, les valeurs et il construit et proposer le rapport en choisissant le meilleur format, bar chart, pie chart, etc. », décrit Stéphane Roman.
Pour les entreprises qui veulent tester ces différentes applications sur son cloud, Oracle propose un crédit d’accès à son PaaS de 3 300 heures pendant 30 jours avec 1 To de mémoire. La filiale propose un accompagnement spécifique sur ces sujets le 13 novembre prochain dans ses locaux.