Oracle lance Unbreakable Linux 2.0 dans les jambes de Red Hat
L'éditeur a profité de sa conférence OpenWorld pour annoncer le lancement d'un programme de support à prix cassé de la distribution Linux de Red Hat. Il propose aussi une version gratuite de l'OS libre recompilée à partir du code source de Red Hat.
Après avoir officiellement effectué la clôture du NASDAQ pour le 20e anniversaire de la cotation d'Oracle en bourse, Larry Ellison a annoncé hier le lancement d'Oracle Unbreakable Linux 2.0. Cette offre, qui se présente en surface comme une offre de support Oracle pour le système d'exploitation Linux de Red Hat, marque en fait l'entrée officielle d'Oracle sur le marché des distributions Linux.
Selon Larry Ellison, deux obstacles entravent encore la progression de Linux dans les entreprises. Le premier est l'absence d'un véritable support entreprise pour l'OS. Oracle indique notamment que les entreprises doivent souvent attendre la prochaine version du kernel linux pour bénéficier d'un correctif, sans possibilité de régression sur le kernel existant. "Pour les grands comptes, c'est tout simplement inacceptable. Un vrai support entreprise nécessite des correctifs pour la mouture en production et non pas sur une version à venir". L'autre obstacle selon Ellison est le coût élevé du support Linux et la menace de violation de propriété intellectuelle qui pèse toujours sur l'OS.
"Accélérer l'adoption de Linux dans les entreprises"
C'est officiellement pour résoudre ces problèmes et accélérer la diffusion de Linux dans les entreprises qu'Oracle lance Unbreakable Linux 2.0. La nouvelle offre résonne comme un défi à Red Hat. Ce que propose en effet Oracle est de supporter la distribution du numéro un mondial Linux pour 50 à 66% moins cher que Red Hat. Le programme n'est pas limité aux clients des autres produits Oracle, mais ceux-ci bénéficient d'une période d'essai gratuite de 50% sur les tarifs de lancement
Concrètement quand Red Hat facture 999$ par serveur bi-processeur pour son support de base, Oracle propose une offre équivalente pour 399$. Pour un nombre illimité de processeurs, le prix d'Oracle est de 999$ contre 2499$ pour Red Hat. Oracle propose aussi un support "Premier" 24/24 au niveau mondial avec notamment la correction des bugs, l'indemnisation et la protection juridique contre toute violation de propriété intellectuelle et le portage des correctifs sur les versions existantes ou antérieures du Kernel. Ce support est facturé 1199$ quelque soit le nombre de CPU.
Plus qu'un programme de support, une vraie distribution
Dans la pratique, Oracle supporte l'ensemble des versions de Red Hat advanced Server (3 et 4) sur plates-formes x86 32 et 64 bit (le support d'autres plates-formes comme Itanium et Power est à l'étude). L'éditeur fournit un programme de configuration qui en quelques secondes reparamètre l'OS pour aller chercher ses mises à jour et correctifs sur l'Unbreakable Linux Network (ULN) en lieu et place de Red Hat Network (RHN).
Oracle ne s'arrête toutefois pas là et propose sa propre version de Red Hat sous la forme de binaires et d'images ISO. Selon Oracle, il ne s'agit pas d'un fork (une version autonome parallèle). Comme l'explique Wim Coekaerts le vice-président de l'ingénierie Linux de la firme, "Nous récupérons le code source de Red Hat et en retirons les marqueurs ainsi que les éléments copyrightés [tels que les logos, NDLA]. Ce code est ensuite recompilé pour générer nos exécutables". Coekaerts assure qu'Oracle synchronisera systématiquement les correctifs qu'il apportera à "son" Linux avec le code de Red Hat de façon à éviter la fragmentation. Oracle communiquera également le code source de ses correctifs dès leur publication aux autres distributeurs Linux ainsi qu'à la communauté.
Menace pour l'avenir de Red Hat ?
Interrogé sur le risque d'affaiblir voire à terme de menacer l'existence de Red Hat, Larry Ellison, provocateur, a rappelé que le but d'Oracle est "d'accélérer l'adoption de Red Hat Linux. Je ne pense pas que cela va tuer Red Hat. Cela relève la barre du support et les amènera peut-être à revoir leurs prix. C'est le capitalisme. C'est la concurrence".
A un utilisateur qui l'interrogeait sur la volonté d'oracle de baisser les coûts de support de ses propres produits, Ellison a également rétorqué, moqueur, qu'Oracle " étudie toujours la baisse de ses prix". Comme le rappelle dans son blog Dave Dargo, le CTO d'Ingres, il est facile de mettre en avant des économies de quelques centaines de dollars sur le support Linux quand on continue à facturer 35000 dollars pour le support de sa propre base de données. Et Oracle ne court aucun risque que Red Hat vienne riposter sur son terrain. Le code source de son SGBD et de ses logiciels est fermé et les dirigeants de la firme ont confirmé que cela n'était pas près de changer. En attendant, l'action Red Hat plongeait de plus de 10% dans les transactions après la clôture du NASDAQ effectuée par Ellison.