Dans quelques semaines, Oracle va ouvrir une 2ème région cloud en France, en Ile-de-France, après celle inaugurée il y a 5 mois à Marseille. Christophe Negrier, directeur général d’Oracle France, l’a rappelé sur la conférence Oracle Summit organisée à Paris le 11 avril. « Cette 2ème région cloud viendra compléter le dispositif que nous avons en place en apportant à nos clients une complétude sur les cas d’usage ; le disaster recovery et les usages croisés seront désormais possibles avec la garantie de la localisation des données sur notre territoire », a-t-il exposé aux clients réunis à Station F. Depuis l’installation du datacenter marseillais d'Oracle, sur le site d'Interxion, la ville méridionale est passée de la 9e à la 7e place dans le classement des hubs Internet au niveau mondial, selon Telegeography, Paris étant à la 4e place, ce qui souligne l’importance stratégique du choix de ces régions. Oracle fournissait jusque-là ses services clouds depuis l’Europe continentale (Francfort, Amsterdam). « On voit aujourd’hui l’importance que revêt en France la discussion autour de la souveraineté, de la localisation de la donnée qui fait que l’ouverture d’un datacenter à Marseille et demain en région parisienne sont des facteurs-clés dans l’adoption du cloud public pour un certain nombre de clients », nous a confirmé le DG.
Revenu chez Oracle France il y a presque deux ans, Christophe Negrier a pris les rênes de la filiale le 1er décembre 2021. Dans l’entretien qu’il nous a accordé, il est revenu sur l’accélération de la transformation numérique qui s’est opérée chez les clients français. « Celle-ci porte dorénavant sur leurs applications et données les plus critiques », ce qui n’avait pas été forcément le cas sur les nombreuses évolutions qui avaient déjà été engagées par les entreprises, nous a-t-il précisé. « En cela, la pandémie de Covid 19 a tout changé et l’on voit donc un énorme dynamisme dans le cadre de la modernisation par le SaaS et le cloud des applications les plus sensibles ». La SNCF, par exemple, a porté son ERP PeopleSoft on-premise sur le cloud public d’Oracle, OCI, en lift-and-shift « pour pouvoir l’enrichir, le compléter, innover autour, leur permettre de réduire leur empreinte carbone, d’avoir une garantie de niveau de service, de performances, de sécurité qu’ils n’auraient jamais eu chez eux », cite le dirigeant français. Sur le même modèle, Pernod Ricard a choisi de porter son ERP (JDEdwards) sur OCI. Club Med a également retenu le cloud public d'Oracle pour optimiser la gestion des marges et la refacturation de certains achats, ainsi que sa solution low code Apex pour développer deux projets. « C’est un premier cas d’usage, d’autres clients font des choix différents dans lesquels la modernisation passe par le « SaaS first » lorsque c’est possible », indique-t-il. « Les entreprises choisissent une application cloud native, avec un retour aux standards, en évitant de tordre l’application ». Cela concerne notamment les solutions RH, le marketing, la finance, entre autres.
Le multicloud et l'hybride installés pour longtemps
La deuxième tendance qui se dégage, c’est le multicloud, confirme Christophe Negrier. « Le one size fits all, cela ne marche pas, nos clients se rendent compte qu’ils ont besoin du bon type de cloud pour le bon workload pour les bonnes données. C’est vital et clé », constate-t-il. « Cela signifie qu’avoir des fournisseurs de clouds qui soient ouverts, qui permettent la réversibilité, donnent une transparence absolue sur les coûts, ne créent aucun locking de quelque sorte que ce soit, bref la réelle promesse du cloud, cela devient un critère de décision chez les clients ». Une entreprise française du secteur de l’immobilier a ainsi migré l’ensemble de son système d’information entre les clouds publics OCI et Azure de Microsoft interconnectés, en incluant des applications progicialisées non Oracle et des logiciels métiers critiques de yield management « home made » développés sur technologie Oracle.
La troisième tendance, écrasante, selon le DG français c’est l’importance du monde hybride qui va perdurer pendant longtemps pour de multiples raisons, réglementaires, stratégiques ou techniques, certaines applications à conserver absolument ne pouvant pas être portées dans le cloud du fait de l'obsolescence de leur stack technique. « Il faut donc pouvoir offrir une expérience sans couture aux clients dans l’hybridation de leur système d’information, même si la part du cloud public, que ce soit en application ou en infrastructure, va être prédominante ».
Les avantages du cloud derrière le firewall de l'entreprise
En dehors du multicloud et de l’hybride, les offres cloud doivent répondre à d’autres contraintes des clients qui veulent les avantages du cloud public, mais chez eux. « C’est ce que nous faisons avec nos offres Cloud@Customer ou Dedicated Region, nous venons déposer nos infrastructures cloud derrière le firewall de nos clients, dans leurs propres datacenters », rappelle Christophe Negrier en citant le Crédit Agricole parmi les clients. SFR, Galeries Lafayette, Airbus, Macif ont aussi fait ce choix. L’offre C@C se développe de façon très dynamique, en particulier en France, indique le DG. Il rappelle par ailleurs, en Europe, le cas de Deutsche Bank qui s’appuie massivement sur le déploiement de ces solutions.
A côté de C@C, basée sur l’infrastructure Exadata pour délivrer des services autour de la base de données, avec « l’élasticité, le paiement à l’usage, l’automatisation, la sécurité by design », certains clients veulent aller plus loin. Ils veulent disposer, chez eux, d’une région complète dans le cloud Oracle pour accéder à d’autres types de services IaaS classiques ou du bare metal. C’est l’offre Dedicated Region qui intéresse en premier lieu le secteur public. « Au Royaume-Uni, nous avons créé une région cloud dédié au gouvernement anglais pour qu’ils puissent consommer nos services cloud », nous a indiqué le dirigeant de la filiale française. Il n’y a pas encore de clients sur cette offre en France.
Comprendre le métier des clients
Interrogé sur les autres exigences des clients français, Christophe Negrier cite la connaissance de leurs métiers respectifs. « Nos clients demandent de plus en plus d’avoir un partenaire technologique qui comprennent au plus près leurs enjeux métiers ». Au fil des années, Oracle s’est constitué un important catalogue d’applications verticales, dans l’hôtellerie, la distribution de détail, les télécommunications, la finance, la fourniture d’énergie, la santé et les sciences de la vie. Le DG rappelle par exemple que dans le monde, un tiers des essais cliniques sur la Covid ont été réalisés sur les solutions d’Oracle. « La facturation de toutes les entreprises françaises par de grands énergéticiens en France se fait sur la technologie Oracle », ajoute-t-il en évoquant par ailleurs l’offre Kitchen Display pour la restauration, actuellement à l’étude dans un grand groupe, ou encore le choix d’Oracle par Orange sur le signaling 5G annoncé au MWC. « La véritable connaissance métiers est un enjeu et un facteur clé de réussite », insiste-t-il. « Mais les clients recherchent aussi un partenaire engagé localement par rapport à leurs contraintes sur les enjeux environnementaux et sociétaux qui figurent dans les appels d’offres. Aujourd’hui, si l’on n’est pas un partenaire responsable dans sa capacité à délivrer des solutions qui vont aider à décarboner, on n’est ni audible, ni retenu », assure-t-il en pointant également les sujets sociétaux (diversité, parité, inclusion) qui deviennent des critères différentiateurs pris en compte par les directions pour renforcer l'attractivité de leurs entreprises.
La mise en SaaS des applications métiers est une forte tendance. De même que tout ce qui a trait à la transformation du capital humain - un marché RH où la compétition est rude -, mais aussi la connaissance des clients et le marketing. Sur l’ERP, Oracle gagne de nouveaux clients du côté des start-ups à forte croissante (scale-ups) et des ETI qui font le pari d’aller directement dans le SaaS pour accompagner leur développement, indique Christophe Negrier en citant Kersia, groupe spécialisé dans la sécurité alimentaire. Ce dernier déploie l'ERP cloud et les solutions SCM en SaaS. Du côté des grandes entreprises, l’approche est différente. Echaudées par les projets pharaoniques on-premise qu’elles ont connus, elles font souvent le choix de moderniser leur existant dans le cloud public en le découpant par modules. « Elles vont commencer par faire confiance à Oracle pour le planning, pour la budgétisation en utilisant des offres SaaS dopées au machine learning. Cela peut se faire en quelques mois », indique Christophe Negrier. Parmi les entreprises ayant choisi l’ERP Cloud d’Oracle figurent Nexity dans l’immobilier, la Mutuelle Générale dans l’assurance, SMCP (Sandro, Maje, Claudie Pierlot & Fursac) dans le retail et la mode, Rians dans l’agroalimentaire.
Sur Oracle Summit, la filiale française a fait témoigner ses clients Arval (leasing longue durée) sur la connaissance client, BNP Paribas Asset Management sur l'évolution d'applications de finance, Hutchinson qui a déployé les solutions SaaS RH de l’éditeur, et Louvre Hotels Group, qui a retenu son offre EPM sur les volets forecast et prévisions budgétaires, puis modernisé ses processus finance avec Cloud ERP.