Oracle a annoncé une suite d'applications SaaS basées sur son service Oracle Blockchain Cloud Service qui permettent de tracer et de suivre les chaînes d'approvisionnement à travers un grand livre distribué transparent. Dévoilées lors de la conférence Oracle OpenWorld organisée du 22 au 25 octobre à San Francisco, les quatre applications basées sur le cloud permettent de tracer de bout en bout les marchandises transportées, de confirmer l'origine des pièces utilisées pour les produits concernés et de créer un journal d’audit pouvant servir de garantie et de preuve en cas de réclamation. L’une des applications, un service intelligent de surveillance de la « chaîne du froid », permet de suivre dans une chaîne d'approvisionnement des produits à température contrôlée de type produits pharmaceutiques et alimentaires, en s'intégrant aux dispositifs IoT mis en place. « Ces applications blockchain fonctionnent de manière transparente avec les applications Oracle Cloud existantes. Elles sont prêtes à l'emploi et comportent des fonctions pré-intégrées et des modèles adaptés aux processus métiers courants », a déclaré dans un communiqué Rick Jewell, vice-président senior Supply Chain & Manufacturing Cloud Applications.
L’annonce du service cloud blockchain d’Oracle a été faite pour la première fois au mois de juillet dernier. Déjà, au cours des deux dernières années, une demi-douzaine d'entreprises technologiques majeures ont annoncé des offres blockchain-as-a-service (BaaS), dont IBM, Microsoft, Amazon, SAP et Hewlett-Packard Enterprise (HPE), pour ne citer que celles-là. Ces offres visent des entreprises qui cherchent une première solution blockchain pouvant s'intégrer à des logiciels métiers et des services cloud existants. Le BaaS d’Oracle inclut la solution de gestion de la chaîne logistique Supply Chain Management (SCM Cloud), laquelle sert à créer des traces numériques de l'approvisionnement, de la fabrication et du transport des marchandises, de la gestion des ressources d'entreprise et du suivi de la garantie et des usages.
L'efficacité de la chaîne d'approvisionnement amoindrie par le mirroring
À l’instar des transactions financières transfrontalières, la chaîne d'approvisionnement est un secteur où la technologie blockchain peut jouer un rôle essentiel. Grâce à cet enregistrement immuable, n’importe quelle personne interne ou externe à l’entreprise autorisée à accéder au réseau dispose d’une visibilité sur la chaîne. Selon Joseph Francis, directeur principal de l'innovation chez le consultant Accenture, aujourd'hui, en matière de gestion de la chaîne d'approvisionnement, il n’existe aucune norme dans l'industrie qui permet à toutes les parties impliquées dans la chaîne logistique d’avoir une vue en temps réel de toutes les transactions. Non seulement la blockchain offre à toutes les parties de la chaîne d'approvisionnement une vue unique, en temps quasi réel, des données mais elle supprime les coûts de traitement.
En effet, « parce que le registre est accessible de manière transparente à tous les intervenants impliqués dans la chaîne d'approvisionnement, la chaîne de blocs permet de supprimer les frais de passerelles logistiques EDI, dont le coût est d’environ 5 à 7 dollars HT par transaction, auxquels s’ajoutent des frais de règlement et de vérification pouvant atteindre 10 dollars HT ou plus par facture », a ajouté M. Francis. Une autre pratique dite de mirroring nuit à l'efficacité de la chaîne d'approvisionnement et en augmente le coût. Il y a mirroring quand des documents de type bon de fret ou facture se retrouvent au même moment entre les mains d'un expéditeur, d'un destinataire, d'un client et d'autres intervenants de la chaîne logistique. La duplication de documents avant le règlement d'un compte crée des documents d’inventaire dans les systèmes du vendeur, comprenant les reçus pour l'acheteur, la preuve de livraison, les factures, les paiements et les confirmations de paiement.
Un suivi de bout en bout de la chaine logistique
Le brasseur californien Alpha Acid Brewing basé à Belmont, a déclaré qu'il utilisait actuellement l'application Intelligent Track and Trace d'Oracle pour suivre les ingrédients entrant dans la fabrication de la bière, comme le houblon, le malt et la levure, le long de la chaîne logistique. « Les consommateurs n’ont jamais été aussi bien informés et ils s'intéressent de plus en plus à la composition des produits qu'ils consomment », a déclaré Kyle Bozicevic, propriétaire de Alpha Acid, dans un communiqué. « Nous pouvons désormais suivre la matière première et les ingrédients envoyés par nos fournisseurs et analyser pour chaque lot les données transmises par des capteurs tout au long du processus de production ».
D’autres entreprises utilisent déjà le service Oracle Blockchain Cloud Service. C’est le cas notamment de l’Arab Jordan Investment Bank, CargoSmart, SERES, Certified Origins, Indian Oil, Intelipost, MTO, Neurosoft, Nigeria Customs, Sofbang, Solar Site Design et TradeFin. CargoSmart utilise l'application Intelligent Track and Trace d'Oracle comme plate-forme numérique pour ses documents de transport. « Nous prévoyons de réduire de 65% le temps qu’il nous faut pour recueillir, consolider et confirmer les données transmises par les différentes parties », a déclaré dans un communiqué Lionel Louie, directeur commercial de CargoSmart. « Avec Oracle Intelligent Track and Trace, nous espérons également traiter de manière plus efficace les données contenues dans les différents documents ».