En direct de San Francisco - Oracle, comme SAP ou IBM, jusque-là ses rivaux traditionnels, pèse de tout son poids pour accélérer la transition de ses revenus vers le cloud. Et la conférence OpenWorld 2015 qui s’est ouverte dimanche soir (25-29 octobre, San Francisco) s’inscrit clairement sur cette ligne. Thomas Kurian, président du groupe californien, a donné le ton quelques jours plus tôt. Interrogé par Bloomberg, il a indiqué que 35 000 entreprises utilisaient désormais le cloud d’Oracle (décliné en SaaS, PaaS et Iaas) et que 70% de ces clients étaient de nouvelles références pour l’éditeur. Pour un fournisseur qui a construit son empire sur les ventes de licences et le support, cette mutation représente une énorme transformation. Mais il s’y emploie depuis plusieurs années et ses efforts pour changer de modèle (rachats d’éditeurs nés dans le SaaS, redéveloppement complet de ses logiciels, construction d’un cloud public) commencent à porter leurs fruits.
Fin juillet, Oracle annonçait un chiffre d’affaires annuel de 1,5 Md$ sur ses offres SaaS et PaaS, en hausse de 32% par rapport à l’exercice 2014, et de 608 M$ sur son IaaS, en progression de 33%. Mais le tout ne pèse encore que 7,1% du total de ses revenus sur les logiciels (29,5 Md$). Dans cette mutation, Larry Ellison, chairman et CTO de la société, a assuré dimanche soir, en ouverture d’OpenWorld 2015, que ses concurrents avaient changé de nature. Sur le SaaS, il fait face à Salesforce et WorkDay, mais jamais ou presque à SAP, affirme-t-il. Assez curieusement sur le PaaS, il rencontre Microsoft (au demeurant désormais partenaire), mais en aucun cas IBM Bluemix. Et sur le IaaS, bien sûr, il cite Amazon et prétend, là encore, ne pas affronter IBM SoftLayer. Si big blue rencontre effectivement des difficultés dans sa transition vers le cloud, SAP, si l’on s’en réfère aux chiffres, a plus que doublé son chiffre d’affaires en ligne en un an sur le 3ème trimestre 2015, à 600 M€, contre 576 M$ pour Oracle sur le trimestre clos fin juillet.
Faciliter les allers-retours entre clouds privés et publics
Ce que Larry Ellison fait valoir dans l’offre d’Oracle, par rapport à la concurrence, c’est sa présence sur les trois segments du cloud : l’infrastructure, la plateforme et les applications avec, pour cette troisième partie, une gamme de solutions beaucoup plus étendue que tout autre éditeur. Il rappelle aussi que ses solutions on-premise et cloud reposent entièrement sur le même socle technologique et que les transferts aller-retour en sont facilités. Le chairman a prévu de montrer mardi le déplacement d’une base de données en cours d’utilisation d’un serveur sur site vers son cloud public. Il a aussi fait valoir que les applications écrites pour la plateforme Cloud d’Oracle, en utilisant Java, SQL, Linux, Xen VM et OpenStack, pouvaient être déployées aussi sur les cloud d’AWS, de Microsoft ou dans le datacenter des entreprises ».
Larry Ellison ne résiste jamais à donner un coup de patte à certains concurrents, ici, Salesforce et Workday, qu'il dit incapables de tourner sur d'autres plateformes.
Du côté SaaS, l’offre de l’éditeur couvre l’ERP, le CRM, la gestion des ressources humaines et le supply chain management. Parmi la dizaine d’annonces cloud faite en cascade au cours de son keynote de dimanche soir, annonces qui vont être développées au cours de la semaine, Larry Ellison a notamment cité la nouvelle suite SCM et de gestion de production dans le cloud, ainsi qu’une solution d'e-commerce complétant le cloud Customer Experience. Ce dernier comporte des déclinaisons pour différents secteurs d’activités : les services financiers, les médias, les biens de grande consommation, les télécommunications, l’industrie de production, la distribution (retail) et la high-tech. Le tout se complète d’interfaces mobiles redessinées en s’inspirant des standards du grand public. Nouveaux également, des outils de formation intégrés aux logiciels : pour apprendre à utiliser les applications, approfondir ses connaissances métiers, accéder à des cours en ligne… L’historique des cursus suivis par les salariés seront accessibles sur l’application HCM (Human Capital Management).
Database: une version 12.2 plus évolutive pour le cloud
Parmi les annonces qui vont être développées cette semaine, Larry Ellison a notamment cité la version 12.2 de la base de données multitenant qui apporte des capacités accrues d’évolution pour le cloud : 4 096 bases de données « pluggables » par base container contre 252 pour la version 12.1, le cloning et rafraîchissement à chaud, la relocation en ligne d’une instance, ainsi que l’accélération du in-memory (déplacement dynamique de données entre stockage et mémoire, stockage en colonnes sur Exadata Flash).
La version 12.2 de la base de données multitenant d'Oracle renforce les capacités de séparation des données.
Pour illustrer la montée en puissance du nombre de clients sur les offres cloud, le CTO d’Oracle a donné quelques chiffres. Sur le PaaS, ouvert il y a seulement un an, le service de base de données compte aujourd’hui 2 259 clients. Sur le SaaS, Larry Ellison dit grossir plus vite que ses rivaux directs, Workday et Salesforce. Sur le CRM, il se dit 2ème derrière Salesforce avec 5 000 clients. Sur l’ERP et les RH, il annonce respectivement 1 300 et 5 000 clients. En 2015, sur ces deux segments réunis, il aurait gagné 1 800 clients contre, selon lui, moins de 300 pour Workday.
Les autres nouveautés concernent l’arrivée de la technologie RAC (Real Applications Clusters) dans le cloud - qui permet une mise en cluster de la base de données pour garantir sa disponibilité - ainsi que le service Exadata Cloud - offrant les mêmes caractéristiques que la version on-premise. Larry Ellison a également pré-annoncé une version multitenant de WebLogic Server (serveur d’applications Java) bénéficiant d’une tolérance aux pannes. Enfin, sur le versant des données, un service cloud de préparation des big data va être proposé pour préparer, enrichir, assurer la gouvernance et publier tout type de données. Le dirigeant d’Oracle a par ailleurs effectué une démonstration d’un outil de visualisation de données, avec une interface « de type Tableau », a-t-il annoncé, pour faire parler les jeux de données venant de la base Oracle et d’Hadoop.
Après AWS la semaine dernière qui a annoncé l'outil de visualisation QuickSight, c'est au tour d'Oracle de présenter semblable solution en ligne. (ci-dessus, à gauche, la démonstration faite par Larry Ellison sur OpenWorld 2015).
Parmi les autres thèmes abordés sur OpenWorld 2015 : Oracle complète ses services PaaS et IaaS, un cloud chiffré par défaut, l'arrivée du Sparc M7 et de ses fonctions Silicon Secured Memory.