En quelques semaines l’an dernier, la brutalité de la pandémie de Covid-19 a mis en évidence l’importance de pouvoir rapidement trouver d’autres sources d’approvisionnement ou d’être en mesure d’adapter ses outils de production pour fabriquer un produit que l’on ne peut plus importer. Permettre à des industriels d'identifier rapidement des fournisseurs pour relocaliser leur production ou explorer des pistes de diversification, c'est justement la vocation de l’Atlas des synergies productives. Cet outil d’aide à la décision, basé sur l’intelligence artificielle et l’open data, a été conçu en collaboration entre des acteurs publics et privés, « au service de la résilience productive », expliquent ses concepteurs. « Nous cherchons à construire des relations entre des entreprises qui pourraient travailler les unes avec les autres », nous a exposé Arnault Pachot, PDG d’OpenStudio. Depuis deux ans, cette entreprise de services numériques implantée à Clermont-Ferrand, Toulouse, Lyon et Paris, travaille sur ce projet de recherche avec l’Université Clermont Auvergne (UCA).
L’Atlas des synergies productives cartographie les établissements présents sur un territoire et permet de visualiser leurs potentiels productifs. Il s’appuie sur l’analyse fine de données ouvertes (telles que les bases Insee, Sirene et Rome, celles de Pôle Emploi ou des douanes), ainsi que sur la modélisation du tissu productif provenant des travaux de l’Université de Harvard sur la complexité économique. OpenStudio a déjà livré différentes publications scientifiques sur ses recherches. Son Atlas peut d’ores et déjà être exploré en ligne. Néanmoins, il a plutôt vocation à être intégré dans des applications développées sur mesure par OpenStudio pour des industriels qui iront y chercher les produits et les fournisseurs potentiels liés à leurs activités ou capables, le cas échéant, d’adapter leurs outils de production pour fabriquer de nouveaux produits.
Un système de recommandation multi-objectifs
Les technologies mises en oeuvre dans l’Atlas permettent aussi de concevoir un système de recommandation multi-objectif, par exemple pour des entreprises qui chercheraient à diversifier leurs activités. « Pour un industriel qui pourrait potentiellement fabriquer 4 ou 5 produits, ce qui est intéressant, c’est d'avoir un système d’aide à la décision qui guide son choix en fonction de certaines dimensions associées à chaque produit : la complexité, l’avantage compétitif, le niveau de résilience du circuit de distribution… », explique Arnault Pachot. « Le chef d’entreprise peut vouloir privilégier la performance économique, la sécurisation des approvisionnements, la protection de l’environnement… Nous construisons des modèles théoriques par rapport à cela, c’est un de nos axes de travail, en constante amélioration ». Le 18 décembre, Arnault Pachot va notamment présenter ses travaux dans le cadre de la conférence multidisciplinaire EIRD (économie, ingénierie, développement durable, sciences sociales) qui aborde entre autres le thème de l’économie circulaire, à Tbilisi en Géorgie.
Parmi les technologies d’IA déployées dans l'Atlas des synergies productives, on trouve beaucoup de techniques sémantiques, de la mise en vecteurs, avec notamment Word2vec, par exemple pour rechercher des proximités dans les désignations de nomenclatures, entre les produits, etc., nous a cité en exemple Arnault Pachot. A cela s’ajoute les systèmes de recommandation avec une optimisation multi-objectifs, le recours aux statistiques, à la cartographie, de la géolocalisation et un travail important de performance pour précharger toutes les données.
Dans un domaine assez proche, OpenStudio a déjà développé, avec le soutien de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, la place de marché Phar’Eco pour les entreprises souhaitant développer des collaborations qualifiées de proximité.