La foule était nombreuse à l’inauguration de l’arrivée d’OpenAI en France. L’évènement a attiré l’écosystème français de l’IA allant des dirigeants de start-up en passant par les responsables de laboratoire de recherche et même des investisseurs. Certaines mauvaises langues auraient même pu dire que la foule était inversement proportionnelle au nombre d’employés du bureau d’OpenAI en France. En effet, la société reste évasive sur le nombre de salariés actuels, tout en expliquant qu’elle est en pleine phase de recrutement notamment des commerciaux et des chercheurs. Peu d’information par ailleurs sur la localisation du siège dans la capitale, sinon qu’il est situé dans le quartier de l’Opéra. Les ambitions sont aussi larges comme l’a expliqué Sarah Friar, CFO d’OpenAI présente pour l’occasion, « nous voulons travailler avec l’écosystème local, la recherche, les start-up et les entreprises avec qui nous avons noué des partenariats »
Le bureau parisien n’est pas la première implantation d’OpenAI. Depuis la fin 2023, l’entreprise s’est installée en Irlande, comme beaucoup d’autres sociétés américaines, afin de bénéficier de son avantageuse fiscalité sur les entreprises : 12,5 % pour le taux légal d’imposition des sociétés contre 25,8 % en France. Ce qui relance le débat sur le paiement des impôts en France des entreprises américaines et qui facturent en Irlande. Plus tôt en juin 2023, la maison-mère de ChatGPT avait ouvert un bureau à Londres. En octobre dernier, Sam Altman, CEO et co-fondateur d’OpenAI, avait évoqué outre la présence à Paris, une ouverture d’un bureau à Bruxelles, au plus proche des institutions européennes pour le lobbying.
Du lobbying à tous les étages
Et c’est bien ce maître mot, lobbying, qui a marqué la soirée de lancement d’OpenAI en France. Pour preuve, la cérémonie a été animée par Julie Lavet, responsable des relations avec les Etats membres européens et des partenariats chez OpenAI. Elle était auparavant chez Apple France en tant que responsable des affaires publiques et a fait ses armes comme assistante parlementaire de Manuel Vals et au cabinet de Julien Denormandie alors ministre de l’Agriculture. Par contre, aucune mention ni d’intervention du responsable de l’entité française (dont le nom est Arnaud Fournier).
L’opération de communication a en tout cas séduit les politiques à commencer par Emmanuel Macron, qui s’est fendu d’un tweet souhaitant la bienvenue à la société. La secrétaire d’état au Numérique et à l’Intelligence Artificielle, Clara Chappaz, avait fait le déplacement pour assurer le service après-vente de la stratégie du gouvernement en matière d’IA. Attractivité de la recherche (dont beaucoup de cerveaux partent aux Etats-Unis), le dynamisme des start-ups française en IA (Mistral AI en tête)ayant levé 1,2 Md€ en 2023 (c’est 5 fois moins que le dernier tour de table d’OpenAI) ou l’enveloppe de 2,5 Md€ pour des projets de recherche (avec un intérêt pour le crédit impôt recherche) ont été mis en avant. Il faudra donc voir à moyen terme comment OpenAI en France va participer à cette « attractivité », alors qu’aujourd’hui le bureau ressemble plutôt à une coquille vide.