Avec plus de 647 500 emplois estimés et 21 490 établissements dans les différentes branches représentées en 2020, dont celle du numérique, la filière industrielle est particulièrement dynamique en Ile-de-France. Dans ce contexte, l’Observatoire compétences industries vient de réaliser une étude sur l’adéquation entre l’offre de formation et les besoins en compétences d'ici cinq ans dans un secteur en croissance. Sous l’intitulé « Entreprises industrielles d’Île-de-France : agir et répondre collectivement aux besoins en compétences », ce rapport est issu de la réflexion d’une commission statutaire rattachée au conseil d’administration d’Opco 2i (l’opérateur de compétences interindustriel). Il associe également des représentants d’organisations professionnelles et de salariés. Afin d’identifier les tendances en cours, mais également les futurs besoins en ressources dans ce secteur d’activité, une liste de métiers interindustriels qui aujourd’hui sont émergents ou en tension a été identifiée.
Après un état des lieux de 26 activités industrielles de la région Ile de France, le comité technique a fait réaliser une analyse plus fine de 20 métiers porteurs. Les professions de l’IT sont fortement représentées. Parmi celles-ci, on trouve le technicien de maintenance industrielle, le data analyst, l’opérateur de commande numérique, ainsi que le roboticien, et le chargé de projet R&D. A leurs côtés, bien d’autres, comme l’ingénieur chargé d’affaires, les professionnels de la production, de la bio production technologique, de la conception, et de la planification. Sans oublier les techniciens en cybersécurité, en méthodes et régleur. Un état des lieux a permis de vérifier point par point les difficultés rencontrées par les entreprises lors de la recherche de candidats et de cette analyse, des points de vigilance ont été soulevés.
Des formations qui manquent de vernis technologique
L'Observatoire compétences industries anticipe pour les métiers de la conception et R&D et du support des effectifs supplémentaires dans les années à venir. (Source: Opco 2i/Crédit image: Opco 2i)
L’étude révèle tout d’abord qu’un métier sur cinq n’a pas assez de sortants de formation pour répondre aux besoins des entreprises. C’est le cas du technicien de maintenance industrielle, du chargé de projet R&D, du chef d’équipe, de l’ingénieur chargé d’affaire, du technicien de fabrication additive (qui développe ses solutions sur des logiciels de CAO) ou de l’ingénieur bio production. Selon l’observatoire, la plupart des autres programmes d’apprentissage sont à jour, mais certains doivent mieux intégrer des briques technologiques de l’industrie du futur telles que l’informatique industrielle, la maintenance prédictive, la télémaintenance, et la sécurité informatique ou des spécificités notamment sur le marketing et l’industrialisation.
Des faiblesses dans l'orientation professionnelle
Autre constat relevé par Opco 2i : la conjugaison de deux facteurs contribuent à freiner les recrutements dans les métiers de l’industrie. D’une part, le manque de visibilité des formations notamment sur Internet empêche les candidats potentiels de trouver le parcours adéquat. De l’autre, l’apprentissage qui constitue un levier de croissance des effectifs sur certains BTS et BUT n’est pas assez développé. Le développement des programmes en apprentissage et une plus grande implication des PME sont donc préconisés pour consolider les embauches d’apprentis. L’étude pointe aussi les résultats insuffisants de l’insertion à l’emploi de certaines formations de techniciens sous statut scolaire. Concernant la féminisation, elle souligne un recul du nombre de femmes sur les 5 dernières années dans les parcours industriels proposés.
La part des femmes dans les parcours de formation industriels fait toujours défaut. (Source: Opco 2i/Crédit image: Opco 2i)
Pour changer la donne, des plans régionaux et nationaux ciblés sur certains métiers comme ceux liés à la bio production, la modélisation et l’analyse des data pourraient porter leurs fruits. En complément, un travail de découverte des métiers industriels serait utile dès le primaire et le collège. Enfin, la territorialisation des formations, plutôt sur l’ouest du territoire aujourd’hui, devrait être révisée pour combler le déficit de profils dans des bassins industriels où la formation est quasiment inexistante.