Début d'année difficile pour la Fondation OLPC (One laptop per child), dont l'objectif est de concevoir, fabriquer et distribuer aux enfants des pays pauvres le XO, longtemps présenté comme le PC à 100 $. Frappée de plein fouet par la crise économique, l'organisation vient d'annoncer la réduction de moitié de ses effectifs, soit 32 postes supprimés. « Certaines personnes concernées sont des permanents de la fondation, d'autres travaillent sur des missions ponctuelles, ces deux catégories étant touchées à parts égales », explique Lionel Laské, le président de la branche française d'OLPC.
Les difficultés de la fondation s'expliquent en grande partie par celles des entreprises qui la financent. « Google, AMD, Qanta, Marvell et Red Hat, qui siègent au conseil d'administration, ont apporté de l'argent au démarrage du projet et continuent de nous aider en mettant, par exemple, à notre disposition leurs lignes de production (pour Qanta) ou en nous vendant des composants à prix coûtant (pour AMD) », poursuit Lionel Laské. Las les bienfaiteurs d'OLPC, à l'image de Google ou d'AMD, pâtissent de la crise et répercutent ces difficultés sur l'ampleur du soutien qu'ils accordent à la fondation.
Sugar repose désormais sur la communauté
Malgré ces coupes claires dans les effectifs, « le projet reste viable car il est surtout porté par la communauté de volontaires », assure le président d'OLPC France. Illustration avec le système d'exploitation Sugar : la fondation ne s'en préoccupera plus, laissant la communauté prendre en charge l'intégralité des développements et du support aux utilisateurs.
OLPC entend par ailleurs recentrer ses priorités en termes de modèle de déploiement et de zones géographiques visées. Les pays d'Afrique et du Moyen-Orient, considérés comme les plus pauvres, devraient ainsi être la cible de l'attention de la fondation. Ce focus répond à deux difficultés : d'un côté, l'objectif initial d'1 million de machines produites par mois n'a jamais pu être atteint, le total des XO distribués atteignant 600 000 exemplaires ; de l'autre, les gouvernements, qui devaient acquérir les XO pour les distribuer aux populations, n'ont pas adhéré au projet, limitant alors son succès. Pour rebondir, OLPC s'oriente vers un modèle de financement différent, fondé sur la générosité de mécènes et censé aboutir sur une machine totalement subventionnée. On parlait du PC à 100 $ (en réalité plus proche de 180 $), voici donc l'heure du XO à 0 $.
'Give One Get One' n'a pas trouvé son public
Enfin, la fondation souhaite réorganiser ses activités pour que soient relancés des projets qui ont sommeillé au cours des derniers mois, comme le développement du XO 2. Les travaux autour de la machine ont pâti de la priorité accordée à d'autres chantiers, comme le programme Give One Get One (G1G1, les consommateurs occidentaux payent deux machines, l'une étant offerte dans un pays pauvre). « Il s'agit d'un programme très consommateur de ressources pour la fondation, dont le succès est très mitigé. S'il a permis le déploiement de 80 000 XO l'an passé, le total atteint pour 2008 sera nettement moindre (les chiffres précis ne sont pas encore disponibles) », détaille Lionel Laské. La faute à la crise, aux netbooks - des concurrents redoutables pour le XO -, et à un déficit de communication autour de G1G1.