Après deux ans d'existence, l'heure est à la conquête commerciale pour la start-up Numspot (une centaine de personnes à ce jour et des recrutements en cours) née de l'alliance entre Docaposte, Dassault Systèmes (avec Outscale), Bouygues Telecom et de la Caisse des Dépôts. Une volonté qui se traduit en particulier par un changement de gouvernance notable avec le départ d'Alain Issarni du poste de président exécutif de cette société qui cède la place à Patrick Laurens-Frings. Ce dernier est loin d'être un inconnu chez Numspot puisqu'il en était l'un des administrateurs. « Nous avons effectivement souhaité un nouveau président pour accompagner le développement commercial de Numspot dans une logique probablement encore plus ambitieuse que ce que l'on avait imaginé au début », nous a expliqué Patrick Laurens-Frings, par ailleurs DSI de la Caisse des Dépôts. Son temps est toutefois compté : arrivé en juillet à la tête de Numspot, il quittera en effet sa fonction en début d'année prochaine. De là à dire que les actionnaires prendront ensuite chacun à leur tour le contrôle des opérations de Numspot ? Une hypothèse rapidement balayée par le dirigeant : « ce n'est pas du tour l'esprit de l'opération que nous avons menée il y a 18 mois », assure le dirigeant.
Après avoir d'abord annoncé le lancement de ses offres pour mi-2024 et l'arrivée en beta de son offre managée Red Hat OpenShift Containe Platform il y a quelques semaines, la jeune société espère bien cette fois accélérer, mais en évitant toute précipitation et en adoptant une démarche assez pragmatique. « Nous sommes à la fois humbles, lucides et réalistes. Il y a une forte attente de nos clients pour Numspot et il y a certainement aussi de la place pour Bleu et S3NS mais nous prétendons jouer notre partition », affirme Patrick Laurens-Frings. Mais après avoir vendu en direct ou via ses partenaires intégrateurs une collection de services IaaS à une quarantaine d'entreprises - dont font partie ses actionnaires - Numspot se presse sur les services PaaS managés autour d'Openshift de Red Hat (comprenant Container Platform, Kubernetes Engine et PostgreSQL). « La première étape dans laquelle nous sommes encore aujourd'hui est de fournir des services à nos clients qui s'appuient exclusivement sur l'infrastructure Outscale [...] et à partir du premier trimestre 2025 nous allons ajouter une plateforme PaaS sur laquelle on rajoute trois composants : une base de données PostgreSQL managée et deux offres de containers, une basée sur Redhat Openshift et une sur Kubernetes », explique le responsable. La start-up compte ainsi particulièrement sur cette dernière offre pour attirer en particulier des clients du secteur public et aussi de la finance. « Les clients vont avoir une seule plateforme sur laquelle ils auront à la fois des capacités de VM, de GPU, etc. et également de la base de données et des containers », résume-t-il.
Des LLM Mistral AI prochainement dans Numspot
Pour l'ensemble de ses offres, aussi bien IaaS que PaaS, Numspot insiste sur sa valeur ajoutée apportée par rapport aux seuls composants que toutes les entreprises peuvent choisir d'implémenter sans son biais : « Nous amenons à travers la logique de service managé toute l'automatisation des tâches d'administration, une facilité d'installation, éventuellement de paramétrages et de customisation des offres », indique Patrick Laurens-Frings. Il ajoute, « nos offres sont 100 % réversibles, il n'y a pas de vendor locking. » Numspot pousse ses offres sur deux régions dont une de confiance sur laquelle une qualification SecNumCloud 3.2 est en cours. « Le déploiement à isopérimètre sur les deux régions est possible mais il n'y aura pas d'interconnexion entre les deux pour des raisons de sécurité, tout est cloisonné », glisse de son côté Eric Fredj, directeur technique de Numspot. Concernant cette qualification, le fournisseur nous a confirmé qu'après le dépôt d'un premier dossier SecNumCloud 3.2 auprès de l'Anssi en septembre, une réponse pour valider l'entrée dans le processus de qualification est attendue dans tous les prochains jours. « Cela nous amène de manière raisonnable jusqu'au début 2026 [pour être qualifié] », espère le président exécutif.
Les éléments de tarification des offres PaaS managées n'ont pas été communiqués, tout juste sait-on que le prix sera calé à l'usage pour « une facturation la plus transparente possible. » Dans les mois à venir, en 2025 et 2026, Numspot indique aussi enrichir ses services avec de l'autoscalling de services de containers (ajout dynamique) et des montées de versions automatiques (définition d'indicateurs/déclencheurs pour ajouter des noeuds et des ressources de façon automatisée.) « L'enjeu est de permettre à nos clients de mettre à jour leur postes virtuels ou leurs environnements Kubernetes avec un appel API qui va monter les bonnes versions des instances qui auront été vérifiées de notre côté par des tests de non régression », indique Eric Fredj. Numspot compte bien aussi répondre aux besoins des entreprises pour les accompagner dans leurs projets d'IA en profitant par exemple d'un accord commercial qui a été signé entre Outscale et Mistral pour embarquer une offre de LLM as a service. « La solution Mistral est aujourd'hui effectivement portée par Outscale et nous travaillons à pouvoir être capable de réexposer cette offre dans Numspot », fait savoir Eric Fredj sans fournir plus de détails sur les types de modèles concernés.