Les représentants CFE-CGC des personnels de Numericable-SFR et d’Orange viennent d’adresser une lettre ouverte à trois ministres pour les alerter sur la situation des salariés de Numericable-SFR qu’ils jugent « très préoccupante ». Ils leur demandent d’intervenir « au plus tôt pour travailler à l’apaisement d’un contexte qui rappelle de manière très inquiétante les prémices de la crise sociale intervenue en 2009 chez France Télécom ».
Aux destinataires de leur lettre ouverte, Emmanuel Macron, ministre de l’Economie, Myriam El Khomri, ministre du travail, et Axelle Lemaire, secrétaire d’Etat chargé du numérique, les représentants du personnel indiquent d’abord que la réduction des coûts à tout prix qui avait été engagée dès 2002 chez France Télécom est aujourd’hui « mise en oeuvre de manière encore plus violente chez Numericable-SFR ». Ils pointent en particulier le retard de paiement des fournisseurs auxquels on demande en outre de diminuer leur facture « mettant en péril leur survie économique ». En avril 2014, Altice-Numericable a racheté l’opérateur SFR à Vivendi en finançant cette acquisition par la dette. Un an plus tard, les dirigeants du nouvel ensemble SFR-Numericable présentaient leurs résultats annuels avec en ligne de mire, l’objectif de dégager 1,1 milliard d’euros d’économies par an jusqu’en 2017.
Un « contexte dégradé et anxiogène » pour les salariés
Dans leur courrier, les représentants CFE-CGC des personnels de Numericable-SFR et d’Orange pointe par ailleurs un contexte très dégradé et très anxiogène pour les salariés de Numericable-SFR « comme l’ont été les méthodes qui déclenchèrent la crise sociale chez France Télécom ». Ils sollicitent une médiation du gouvernement en urgence pour « stopper la violence sociale » et « ramener la Direction à la raison financière ».
On se souvient que la détérioration du climat social à France Télécom s’était tragiquement traduite par une série de suicides de salariés (49 entre 2008 et 2010). Début 2010, le parquet de Paris avait ouvert une information judiciaire sur cette situation. Par la suite, la direction de France Télécom avait présenté aux syndicats un « contrat social » formalisant notamment la mise en place de parcours professionnels, une réorganisation du travail, une évolution du management et une revalorisation des ressources humaines. Un an plus tard, les résultats d’un baromètre social mis en oeuvre par France Télécom montrait que la qualité de vie au travail s’était améliorée pour 85% des salariés.