Nicole Fontaine, ministre déléguée à l'Industrie, s'est faite l'avocat de la "délocalisation positive", c'est à dire des collaborations fructueuses entre des sociétés françaises et des entreprises indiennes. Une intervention in situ occasionnée par un voyage ministériel (*) qui a vu la ministre - accompagnée de divers industriels français - tenter de poser des jalons sur la sous-continent indien dans trois domaines : les TIC, l'énergie et l'environnement.
Et d'expliquer que l'objectif du gouvernement est de faciliter la mise en oeuvre de tels partenariats pour préserver la compétitivité des SSII françaises.
"Sans dogmatisme, au cas par cas, selon les souhaits des sociétés concernées" insiste-t-on dans l'entourage de Nicole Fontaine, qui affirme être opposée au transfert pur et simple d'activités en Inde.
Une démarche empreinte de générosité donc et selon une logique simple : "L'Inde est un géant émergent. C'est l'intérêt de la France que de développer des relations économiques avec elle".
N'empêche, Régis Granarolo, président du Munci (Mouvement pour une Union Nationale des Consultants en Informatique) s'est offusqué de cet enthousiasme pour l'offshore par la ministre de l'Industrie. La préservation de la compétitivité des SSII rime en effet facilement avec transfert des emplois vers l'Inde, pays où les salaires sont bas, malgré les précautions oratoires et les réserves exprimées par Nicole Fontaine.
De fait, la France prendrait ainsi le contre-pied de la vague protectionniste qui a récemment envahi les Etats-Unis sur le sujet.
Bien que défendant les thèses ultra-libérales de l'ouverture tous azimuts des marchés nationaux, Colin Powell, secrétaire d'Etat (en charge des relations extérieures) américain, a indiqué lors de son propre voyage en Inde ce mardi que les entreprises américaines qui délocalisent devraient remplacer les emplois supprimés sur le territoire des Etats-Unis. Il a également souhaité associer la délocalisation en Inde aux dépens des Etats-Unis avec l'acceptation par Delhi de l'ouverture de son marché national aux produits agricoles américains.
En janvier dernier, le Sénat américain avait déjà voté des restrictions à l'accès aux marchés publics pour les entreprises procédant à des délocalisations. Les officiels indiens ont ironisé sur le sujet, indiquant que l'on ne pouvait plaider pour l'ouverture des marchés nationaux et voter de telles règles protectionnistes. Le ministère du Commerce américain a rétorqué que l'Inde n'avait pas signé le protocole de l'OMC concernant les marchés publics... Ambiance.
(*) Du 10 au 12 mars 2004.