Â
L'école informatique 42, créée par Xavier Niel et 3 anciens membres de l'Epitech et de l'Epita, fonctionne sur un modèle qui a fait réagir les dirigeants des écoles d'ingénieurs traditionnelles. Son objectif n'est pas de former des ingénieurs, mais des professionnels du numérique, avec ou sans bac. La formation est gratuite et elle ne conduit pas à un diplôme reconnu par l'Etat. « Le diplôme ne sert à rien, c'est le travail qui compte », a souligné Nicolas Sadirac, directeur général de l'école 42. « C'est pourquoi nous avons choisi de cibler des jeunes passionnés par les technologies du numérique que nous allons former à  la programmation. » Le dirigeant estime qu'aujourd'hui tout le monde a accès à la connaissance grâce à Google. « A présent, on peut trouver les cours en ligne des meilleurs enseignants sur Internet », note-t-il « Ce n'était pas le cas auparavant, car les personnes qui détenaient l'information étaient rares. De plus, l'enseignement est encore basé sur une notion individuelle alors que la création n'est possible à réaliser que de façon collective. La notion de société ultra hiérarchique doit disparaître et 42 est un maillon de cette disparition. » Â
Rencontres avec des entrepreneurs du numérique
A l'école 42, le système de notation reposera donc sur des notes attribuées par les pairs, c'est-à -dire par les étudiants eux-mêmes. « A Stanford, on a réalisé que la moyenne des notes données par les étudiants rejoignait celle donnée par les  professeurs », assure Nicolas Sadirac. « La moyenne servira alors de référence, ce qui en fait un système plus juste que lorsque la note est attribuée par un professeur ». Conséquence inattendue de cet exercice : les étudiants qui notent  progressent beaucoup plus vite que les autres.  Par ailleurs, l'enseignement dispensé à 42 est proche de celui délivré à l'Epitech. « Les sessions  sont transmises en ligne et nous avons supprimé les cours magistraux », poursuit le directeur général. « Nous travaillons exclusivement sur un projet défini par nous- même ou à l'extérieur. Des réunions avec différents entrepreneurs du numérique permettront d'insuffler la culture du secteur et la fibre entrepreneuriale. C'est indispensable à l'heure où l'on manque de ressources dans l'IT ».
1% de créateurs d'entreprises
Nicolas Sadirac fait remarquer que de nombreuses start-up ne peuvent pas voir le jour, car elles ne trouvent pas les compétences. « Nous n'avons que 1% de créateurs d'entreprise à la sortie des écoles d'ingénieurs françaises, contre 18% dans les écoles de commerce, 60% dans les MIT, et 80% dans des pays comme  Israël », déplore-t-il. « Dans le même temps, des entreprises ont recours à la délocalisation en raison d'un déficit de ressources qualifiées »
Le dirigeant précise également que 42 formera ses étudiants à la gestion de projets. « Nous voulons des profils opérationnels capables de gérer un projet, insiste-t-il  «Mais ce qui est exact,  c'est que nous n'avons pas la vocation de former des scientifiques, sur de nouveaux algorithmes par exemple. Ceci étant dit, 42 veille à ce que le projet soit un support qui utilise la technique, alors que certains s'intéressent à ce que la technologique soit appliquée, au détriment du fonctionnement du projet en lui-même », conclut-il. Â