Nexus One, pourquoi une telle volte-face de Google sur le marché des smartphones ?
En lancer son premier mobile, le Nexus One, Google a opéré un revirement stratégique majeur au point de concurrencer les constructeurs ayant opter pour sa plateforme Android. Sans compter que Google commence à agacer - au moins autant que Microsoft - en matière de pratiques commerciales.
( Source EuroTMT ) Ça y est, après des mois de rumeurs et de démentis, Google a donc finalement dévoilé, mardi 4 janvier, son smartphone Nexus One. Une annonce qui était déjà largement éventée depuis que le géant d'internet avait envoyé, en fin d'année dernière, des exemplaires de son mobile à quelques blogueurs high-tech réputés. Présentant son mobile comme un « super téléphone », Google s'est toutefois abstenu de justifier son revirement stratégique. Avant même son entrée sur le marché des systèmes d'exploitation pour smartphones, le groupe américain expliquait en effet ne pas être intéressé par la vente de produits high tech sous sa marque. Un positionnement réaffirmé tout au long de 2009, Google ajoutant même qu'il se contentait de fournir la plate-forme logicielle à des fabricants. Tout cela pour finir par commercialiser son mobile, certes fabriqué par HTC, mais portant bel et bien son nom.
Une erreur d'analyse majeure
Alors pour quelles raisons, Google change-t-il son fusil d'épaule ? L'explication la plus évidente serait que le géant de l'Internet s'est rendu compte de son erreur stratégique commise il y a deux ans. L'iPhone d'Apple rencontrait alors des difficultés dans sa commercialisation (notamment en Europe) malgré l'engouement médiatique. A l'époque, Google a, peut-être, cru plus habile de miser sur quelques fabricants de mobiles déjà bien installés sur le marché pour imposer son système d'exploitation. Ce logiciel constitue en effet son cheval de Troie pour accaparer une large part du marché de la publicité sur mobile, qui est son véritable objectif. Mais voilà , Apple a rapidement compris que l'avenir de l'iPhone passait par une large distribution (et non par l'exclusivité proposée à quelques grands opérateurs), un virage pris au moment où le groupe commercialisait la version 3G de son mobile. Comme l'écosystème bâti pour l'iPhone était déjà très efficace, les ventes d'iPhone ont explosé.
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A l'inverse, malgré la commercialisation progressive de plusieurs modèles utilisant Androïd, Google n'a pas réussi à faire de son système d'exploitation un véritable concurrent d'Apple ou de RIM. Dès lors, en commercialisant directement un mobile griffé Google, le groupe américain cherche, très certainement, à capitaliser sur sa marque pour accroître, rapidement, sa part de marché. Seul problème : Google peut-il encore plaire ? Il y a deux ans, l'image de marque du moteur de recherche était excellente. Toutes ses initiatives, souvent présentées comme des armes anti-Microsoft, étaient alors saluées unanimement. Mais ce n'est plus le cas aujourd'hui. Le groupe est devenu la cible de nombreuses critiques et son image n'est guère meilleure que celle de Microsoft.
Le pari de Google est donc très risqué. D'autant plus qu'il va affronter la colère des fabricants de smartphones utilisant Androïd, pour qui le Nexus One pourrait être un concurrent direct. Ainsi des analystes considèrent déjà que le smartphone de Google va concurrencer le Droid de Motorola, tous les deux étant commercialisés par l'opérateur T-Mobile aux Etats-Unis.
A la poursuite d'Apple
Autre risque pris par Google : son positionnement tarifaire aligné sur celui de l'iPhone d'Apple alors qu'il accuse encore quelques lacunes comme l'absence de capacité multitouch. Quel est alors l'avantage concurrentiel de Google ? Seul élément plaidant en faveur du Nexus One : de nombreux abonnés mobiles américains semblent prêts à l'acquérir pour ne pas avoir à changer d'opérateur car s'ils sont tentés par l'iPhone, ce dernier est seulement distribué par AT&T. Mais ce qui veut dire aussi que, dès que le smartphone d'Apple pourra être vendu par les autres opérateurs mobiles américains, Google aura beaucoup de soucis à se faire.