A la lecture du bilan du troisième trimestre de NetApp, on comprend mieux pourquoi ce dernier se montrait prudent sur ses objectifs et les 1000 licenciements auxquels il a procédé fin janvier. Les revenus du fournisseur de solutions de stockage et de gestion de la donnée ont reculé de 5 % (-2 % à taux de change constant) par rapport à la même période un an plus tôt pour se situer à 1,53 Md$. Une baisse intégralement imputable à celle des ventes de produits (-19,4 % à 682 M$), par opposition aux ventes de services qui ont crû de 9,9 % à 844 M$. La situation est bien plus préoccupante en matière de profitabilité, puisque le résultat d'exploitation ne s'affiche plus qu'à 172 M$ (-46,4 %), notamment sous l'effet d'une charge de restructuration de 87 M$, et le bénéfice net à 65 M$ (- 74,2 %).
Les cycles de ventes s'allongent, les projets rapetissent
« Au troisième trimestre, nous avons bien gérer les éléments sous notre contrôle face à un environnement dans lequel les dépenses informatiques baissent et la recherche d'optimisation des coûts du cloud se poursuit », a déclaré George Kurian, le CEO de NetApp lors d'une conférence de présentation des résultats financiers. Chez les clients, cela se traduit par un contrôle budgétaire accru et des prises de décisions à des niveaux supérieurs, avec à la clé des cycles de ventes allongés et des signatures de projets plus petits quand ils ne sont pas tout simplement abandonnés. « Nous ressentons cela avec la plus d'acuité dans les grandes entreprises et, dans la région Amériques, auprès des fournisseurs de technologies et de services », a précisé le dirigeant.
Les revenus du cloud public en baisse de 8,5 %
NetApp n'a pourtant pas totalement démérité. Dans le domaine du cloud public, ses facturations ont atteint 150 M$ (+5,6 %) et son revenu annuel récurrent, jugé décevant, à 605 M$. Mais, cette croissance a été largement éclipsée par la baisse de 8,5 % à 1,37 Md$ du chiffre d'affaires réalisé dans le domaine du cloud hybride. Une partie du problème du fournisseur réside dans le fait que les clients délaissent les couteuses baies flash hautes performances au profit de baies flash hybrides ou à grande capacité moins onéreuses. Or, NetApp a tardé à épouser cette tendance. « Nous avons mis du temps à répondre pleinement au désir des clients de disposer de systèmes 100 % flash à moindre coût orientés capacité, a reconnu George Kurian. Au début du quatrième trimestre, nous avons corrigé cette situation avec l'introduction de la série C AFF ». Le taureau a peut-être été pris par les cornes mais ce retard à l'allumage a contribué à la baisse de 12 % des revenus trimestriels que le fournisseur tire de la commercialisation de ses baies flash.
Le quatrième trimestre s'annonce morose
Par ailleurs, cette adaptation aux besoins du marché ne sera certainement pas suffisante pour permettre au fournisseur d'améliorer son bilan lors de son quatrième trimestre fiscal. Au cours de cette période, il s'attend à réaliser entre 1,47 Md$ et 1,62 Md$ de chiffre d'affaires. L'atteinte du milieu de cette fourchette correspondrait à une baisse de revenus de près de 11 % par rapport aux 1,68 Md$ du quatrième trimestre 2022.