Pour ses vingt ans, NetApp a convié une vingtaine de journalistes européens à son événement Insight 2012 à Dublin (du 13 au 14 novembre). L'occasion de rencontrer Jay Kidd, CTO de la compagnie, pour faire le point sur les dernières annonces du spécialiste du stockage réseau. Première question à brule-pourpoint, NetApp est-elle très conservatrice en ce qui concerne les baies 100% flash. Depuis un an, des start-ups comme Violin Memory, Pure Storage encore Nimbus Data poussent des systèmes de stockage primaire full flash avec déduplication et compression afin d'offrir des plates-formes hautes performances, notamment en I/O.
« Les baies flash sont intéressantes pour répondre à certains besoins comme le VDI ou l'accélération des bases de données.Mais aujourd'hui, ces solutions ne représentent que 2% d'un marché [le stockage réseau entreprise] évalué à 45 milliards de dollars. Aucune de ces start-ups ne réalise plus de 10 millions de dollars en chiffre d'affaires, ces compagnies sont toutefois au début d'un marché qui va croitre dans les années à venir ».
Justement, nous avons demandé au directeur technique de NetApp quand sa société allait proposer une baie avec un design 100% flash, c'est à dire avec des I/O très élevés, une alimentation électrique adaptée et un refroidissement allégé par rapport à une baie équipée de disques durs. Le CTO a botté en touche et refusé d'indiquer le moindre calendrier. « Nous serons là quand le marché sera prêt pour certains clients. Nous proposons déjà une baie avec des SSD, la série E ». En fait, Jay Kidd estime que la technologie flash n'est pas encore mûre et préfère miser sur une évolution technique baptisée Phase-Change Memory. Une mémoire non-volatile également connue sous le nom de memristor sur laquelle travaillent les laboratoires de HP.
Des baies flash en cours de développement
Manfred Buchmann, senior director system engineering EMEA chez NetApp, a été plus explicite au sujet des baies flash. « Tous les grands fournisseurs auront des systèmes flash à leur catalogue, nous travaillons bien sûr sur ces solutions. »
Et selon Jay Kidd, 3 à 4 ans seront encore nécessaires avant que les composants Nand flash soit au même prix que les disques durs . « Nous voyons un grand potentiel dans la MLC, mais elle n'est pas adaptée à tous les usages. Pour ceux qui demandent beaucoup de lectures et d'écritures, les disques durs sont plus indiqués, mais si vous lisez seulement des données comme avec la VDI, la flash est tout à fait adaptée. La flash est juste une étape avec beaucoup de limitation » NetApp pousse pour l'instant à l'utilisation de cartes flash, fournies par Fusion-io, dans ses baies pour répondre aux besoins de ses clients. On est bien loin du discours des start-ups citées plus haut qui vont même, pour certaines, jusqu'à annoncer la fin de l'auto-tiering (le déplacement automatique des données sur de la flash ou des disques durs SAS ou Sata en fonction des requêtes) puisque toutes les données seront dédupliquées et compressées sur des baies flash très haute densité (voir Pure Storage).
Un Flexpod pour les PME, l'ExpressPod
L'événement de NetApp était également l'occasion de revenir sur les dernières annonces du constructeur californien. La baie E-5400 arrive avec de nombreuses améliorations logicielles : la gestion de SSD pour la mémoire cache (en plus du stockage primaire), de nouveaux liens 10G en iSCSI et 6 Gigabit/s en SAS, la fonctionnalité Dynamic Diskpool pour étendre ou réduire dynamiquement un groupe de stockage et surtout une modification de l'algorithme Raid pour accélérer la reconstruction d'un disque dur défaillant. Cette dernière fonction est une évolution significative pour Jay Kidd puisque la récupération des données marquantes peut désormais se faire à partir de plusieurs disques pour réduire les risques de défaillance. Et comme les pannes de disques à plateaux sont très courantes, l'évolution est importante.
Annoncé avec Cisco pour la partie serveurs UCS et switch Nexus, l'ExpressPod offre un ticket d'entrée « bon marché » à la plate-forme Flexpod qui rassemble aujourd'hui 1600 clients dans 35 pays contre 176 clients dans 20 pays il y a deux ans. Et la différence des Vblock, tient à préciser Jay Kidd, les Flexpod sont plus évolutifs. Parallèlement à l'ExpressPod, NetApp a également musclé son haut de gamme avec le Clustering Data Ontap 8 qui supporte jusqu'à 24 noeuds. « Nous serons heureux de travailler avec les clients qui désirent plus de noeuds », nous a précisé avec malice Jay Kidd.
NetApp avance à pas mesurés sur les baies 100% flash
Le CTO de NetApp, Jay Kidd, avoue considérer la mémoire flash (SLC/MLC) comme une simple étape avec beaucoup de limitations.