Reconnu pour sa plateforme de stockage objets open source, Minio – comme bien d’autres - s'escrime sur un marché où la monétisation des solutions compatibles S3 reste problématique et les repositionnements fréquents. "Le cloud n'est pas une flèche à sens unique avec les systèmes anciens migrant vers les clouds pour ne jamais revenir. Souvent, les charges de travail vont dans le cloud, deviennent matures... Et à ce stade, vous commencez à optimiser pour d'autres éléments où vous souhaitez améliorer l'agilité, l'élasticité ou la flexibilité dans le travail des développeurs. Et quand des éléments tels que le coût ou la maintenabilité opérationnelle subviennent, les options sur site ou en colocation avec des gens comme Equinix réapparaissent”, nous a indiqué Jonathan Symonds, CMO de Minio, lors d’un IT Press dans la Silicon Valley en juin 2023. " Et désormais, c’est Kubernetes, qui alimente ce modèle d'exploitation”. Une longue introduction pour expliquer le repositionnement stratégique de Minio comme plateforme de stockage pour K8’s. Interrogé sur ce point, le CEO et cofondateur de l’entreprise, Anand Babu Periasamy, a simplement répondu que “le marché a décidé. Si cela avait été Swarm ou Mesos, nous aurions suivi !”
“ Kubernetes apporte tout simplement les meilleures ressources de gestion [des infrastructures pour les clusters de containers] que toute autre technologie qui l'a précédée. K8’s a construit autour de lui une communauté financièrement prospère. L'attention est grande aujourd’hui autour de l’IA dans le cycle actuel. Mais si vous regardez la communauté dans son ensemble, celle de Kubernetes fait vraiment un très bon travail. La communauté qui s'est construite autour de Kubernetes utilise des technologies open source – notamment dans la surveillance et d'autres composants de sécurité - plus significatives que l'IA”, poursuit le CMO.
Minio embarque les ressources de stockage en mode SDS pour assure la résilience des containers K8's. (Crédit S.L.)
Stockage natif avec les API Restful
Exploitant les API Restful, Minio n'est par exemple pas obligé de passer par un pilote CSI (Container Storage Interface), qui permet aux baies de stockage SAN et NAS d’être consommées par des applications conteneurisées en tant que stockage persistant. Depuis le début, Kubernetes a considéré le stockage comme un object store construit sur des API Restful. Les applications cloud natives s'exécutent en tant que microservices dans des conteneurs, conçus pour être portables et déployables indépendamment. Les équipes devops déclarent l'état souhaité des charges de travail et Kubernetes s'assure que l'état réel correspond à l'état souhaité, dépannant et corrigeant automatiquement les pannes, souvent en redémarrant simplement un conteneur qui ne répond pas. Cela signifie que les conteneurs doivent être immuables et sans état pour éviter la perte de données ou la corruption d'applications lors d'un plantage et d'un redémarrage. Afin de suivre l'état, les conteneurs immuables enregistrent donc leurs données et leurs informations de configuration en dehors du conteneur.
Dans son mode de fonctionnement hyperscale, Kubernetes exécute des conteneurs découplés des exigences matérielles et logicielles sous-jacentes. Pour qu'un conteneur soit vraiment portable, il ne peut donc pas s'appuyer sur du matériel de stockage local, qui, par sa définition même, n'est pas portable. Bien que ces exigences puissent sembler simples, les respecter ne l'est pas. En fait, Kubernetes sera problématique pour les formats de stockage hérités tels que les fichiers et les blocs qui s'exécutent généralement sur les équipements SAN et NAS reposant sur Posix, une interface d'appel système standard conçue pour accéder aux données à partir du stockage local. Même localement, des conflits et des corruptions de métadonnées Posix peuvent se produire avec trop d'opérations de fichiers parallèles simultanées. Ce ne sont pas des comportements compatibles avec une plateforme de stockage hyperscale. “Posix dans ce modèle d'exploitation cloud est daté. Nous ne disons pas que le SAN et le NAS vont s’en aller du jour au lendemain. Nous estimons que la croissance se fera du côté du stockage objets. Et cette croissance va être disproportionnée en faveur des magasins objets pour les raisons que nous venons d'évoquer [la progression de Kubernetes]”, a complété le CMO.
Une suite d'outils dédiée à K8's
Avec le développement de Kubernetes, Minio a décelé une opportunité et redéfini sa plateforme pour simplifier et automatiser le provisionnement, la sécurisation et la gestion continue des buckets et des objets dans K8’s. Dans le même temps, le fournisseur a ajouté un ensemble de fonctionnalités pour simplifier l'adoption et le déploiement d’une plateforme du stockage objets native Kubernetes, en particulier pour les environnements mutualisés :
- Minio Kubernetes Operator encapsule toutes les tâches devops critiques dans des logiciels qui peuvent facilement être consommés par le service informatique d’une entreprise pour créer et gérer une infrastructure de stockage objets indépendamment du matériel sous-jacent. Le plugin MinIO Kubernetes étend le jeu de commandes familier kubectl pour ajouter un ensemble simple de sous-commandes afin de créer, configurer et gérer les clusters Minio sur Kubernetes. Operator supporte aujourd’hui les distributions Amazon EKS, Azure AKS, Google GKE, HP Ezmeral, Rafay, Red Hat OpenShift, Suse Rancher et VMware Tanzu. Et pour les déploiements, Minio peut travailler avec Helm, Knew, Kustomize et OLM.
- La console Minio Operator apporte une interface utilisateur pour créer, déployer et gérer le stockage d'objets en tant que service sur K8’S. Une sorte de stockage objets en libre-service pour les équipes devops.
Avec ce repositionnement opéré il y a deux ans déjà, Minio entend s’imposer naturellement en gardant comme ligne de conduite l’open source pour accompagner de grands comptes comme des start-ups dans leurs projets Kubernetes. Le CEO de Minio explique que l’entreprise est aujourd’hui cash flow positive, mais que les neuf mois à venir s’annoncent difficile pour les start-ups.