Les prières de Jerry Yang implorant Microsoft de reconsidérer une acquisition de Yahoo n'ont pas été entendues. Lassé par les manoeuvres de Jerry Yang pour échapper à une offre qu'il estimait « juste » (44,6 Md$, soit 33 $ par action), Steve Ballmer a clairement fait savoir hier qu'il n'entendait pas remettre l'affaire Yahoo sur le tapis des négociations. « Nous avons fait une [première] offre, nous avons refait une autre offre... Nous avons essayé de nouer un partenariat autour de la recherche sur Internet... tentative qui a également échoué. Nous ne souhaitons pas revenir en arrière. Franchement, je ne vois pas comment il pourrait en être autrement », rapporte le Dow Jones Newswires. Steve Ballmer a toutefois ajouté qu'il était encore envisageable de trouver une manière de collaborer autour de la recherche en ligne avec Yahoo, mais pas sous forme d'acquisition. Google ne veut pas s'encombrer d'un coûteux procès ... ni d'une société en perte de vitesse De son côté, Google a expliqué au New York Times pourquoi il a renoncé à l'accord publicitaire qui le liait à Yahoo depuis le mois de juin dernier, alors que peu de temps auparavant la société clamait haut et fort que rien ne l'empêcherait d'entériner l'alliance avec Yahoo à la date convenue, pas même le DoJ (ministère de la Justice américain). [[page]]« Nous avons annulé le contrat une heure à peine avant qu'une demande de procès ne soit déposée contre notre alliance, a déclaré Eric Schmidt, PDG de Google. Après mûre réflexion, nous sommes parvenus à la conclusion qu'il n'était pas de notre intérêt de passer par un long et coûteux procès que, selon nous, Google aurait fini par gagner. » C'est du moins la version officielle. Dans les faits, Google - qui a publié des résultats trimestriels flamboyants - a également pu être refroidi par les derniers chiffres de Yahoo : CA qui stagne, bénéfice en chute de 64%. Bien lancé, le géant ne souhaite sans doute pas voir sa course ralentie par une société en perte de vitesse et où les vagues de suppression de postes se succèdent (20% des effectifs en janvier dernier et 10% en octobre). Jerry Yang ne peut que se mordre les doigts d'avoir ainsi obstinément refusé l'offre de Microsoft, un entêtement qui lui a déjà valu la colère des actionnaires de Yahoo, le milliardaire Carl Icahn en tête. En quelques mois, le cours de l'action s'est effondré jusqu'à atteindre 14 $, alors que le PDG de Yahoo en réclamait 37 $ à Microsoft. Délaissé par Google et repoussé par Microsoft, Jerry Yang devrait s'empresser de trouver une alternative pour sauver le navire s'il ne veut pas faire ses valises, à l'instar de Terry Semel, son prédécesseur.