Quelques jours après la fin du support public de Windows XP, Microsoft réduit considérablement les tarifs du support personnalisé qu'il propose aux grandes entreprises et aux agences gouvernementales. « Je crois que Microsoft a changé les prix parce qu'il a estimé que trop peu de clients avaient souscrit au programme, et qu'il se montrait inquiet des conséquences liées à la vulnérabilité de Windows XP », a déclaré Daryl Ullman, co-fondateur et directeur général de Consulting Group Emerset, une entreprise spécialisée dans la négociation des accords de licence logicielle.
Suite à la recommandation de M. Ullman, un client d'Emerset a repoussé il y a deux semaines un contrat d'un montant de 2 millions de dollars censé assurer le support personnalisé de près de 10 000 PC sous Windows XP. Quelques jours plus tard, Microsoft est revenu à la charge avec un tarif de seulement 250 000 $. M. Ullman a donc immédiatement conseillé à son client de sauter sur ce qu'il appelle « une police d'assurance ». D'autres entreprises ont signalé à nos confrères de Computerworld des offres similaires poussées à la dernière minute par Microsoft. L'éditeur s'est en effet engagé à fournir une année de correctifs supplémentaire à ses clients. Le fisc américain, par exemple, va dépenser plusieurs millions de dollars pour couvrir XP une année supplémentaire en attendant de finir sa migration vers Windows 7. Environ 53% des 110 000 PC de l'IRS focntionnent encore avec Windows XP.
Bras de fer entre Microsoft et ses clients
Ces accords de support personnalisé (Custom support agreements ou CSA) apportent des mises à jour de sécurité critiques pour un système d'exploitation qui a officiellement pris sa retraite le 8 avril dernier. Ces accords sont négociés entreprise par entreprise et exigent également que l'organisation ait déjà adopté un premier support de premier niveau, baptisé Premier Support, chez Microsoft. La sécurité apportée par les CSA permet aux entreprises de terminer leurs migrations vers Windows 7.
La retraite de Windows XP était une nouvelle très importante la semaine dernière, et pas seulement dans la presse IT, parce que l'OS vieux de treize ans représente encore 28 % des ordinateurs personnels connectés à Internet dans le monde. Avec la fin du support de Microsoft, de nombreux experts en sécurité, y compris chez l'éditeur de Redmond, estiment que les cybercriminels vont se ruer sur les failles du système d'exploitation.
Bien que Microsoft ait battu le tambour autour de la fin du support de Windows XP, beaucoup d'entreprises et de services publics n'ont pas sauté le pas vers une version plus récente de Windows. Et ce pour une combinaison de plusieurs facteurs : budgétaire, stabilité et familiarité avec XP, mauvaise opinion de Windows 8 et, surtout, une réelle force d'inertie liée à la durée de vie exceptionnelle de Windows XP.
Un plafond de 250 000 dollars max
La volte-face sur les CSA s'est opérée fin 2012/début 2013, lorsque Microsoft a brusquement augmenté les prix du support pour atteindre 200 $ par dispositif et établi un plafond de 5 millions de dollars. Michael Silver, analyste chez Gartner, a suivi ces hausses de prix l'an dernier. Aujourd'hui, il a déclaré que plusieurs clients de Gartner ont rapporté des baisses de prix massives ces deux dernières semaines. « Microsoft est devenu beaucoup plus conciliant, mais garde un tarif encore élevé pour encourager les entreprises à migrer »  a-t-il dit. Le nouveau plafond est de 250 000 $, selon plusieurs sources, bien que le prix de 200 $ par poste soit resté inchangé.
Des sources proches de Microsoft ont laissé filé que la société a changé son fusil d'épaule au sujet des tarifs du CSA après que Kevin Turner, le COO de Microsoft, ait remonté le mécontentement de clients exploitant encore des milliers de machines XP et dans l'impossibilité de migrer leurs environnements avant la date limite. La décision de baisser les prix du support a été prise peu de temps après. Messieurs Ullman et Argent ont corroboré cette chronologie à nos confrères de ComputerWorld, en indiquant qu'ils avaient commencé à entendre parler des réductions de prix début avril.