Microsoft implante une partie de sa R&D pour la recherche sur Internet à Issy-les-Moulineaux
C'est finalement en région parisienne, à Londres et à Munich que Microsoft entend intensifier ses efforts de R&D en matière de recherche sur Internet. Steve Ballmer, CEO de Microsoft, avait déjà laissé entendre cet été que l'Europe accueillerait ce centre de R&D. Il a fait le déplacement à Paris pour le confirmer : un « centre technologique européen » viendra compléter le dispositif R&D de Microsoft en Europe, qui compterait déjà quelque 2000 ingénieurs et chercheurs. En France, c'est Issy-les-Moulineaux, déjà choisi par Microsoft France pour devenir son siège social (au premier semestre 2009), qui abritera logiquement les futurs ingénieurs.
Dans sa présentation, Steve Ballmer a insisté sur les talents et les capacités d'innovation des sociétés européennes, rappelant que Microsoft en a racheté plusieurs ces dernières années - « ce qui est bien la preuve ». Le patron de Microsoft a aussi insisté sur l'importance du domaine de la recherche sur Internet, « un espace où Microsoft est un challenger, et où il y a beaucoup de place pour l'innovation ». Il y a quelques jours, Steve Ballmer expliquait qu'il se donnait 5 ans pour devenir concurrentiel dans ce domaine, quitte à perdre 5 à 10% de son revenu opérationnel.
A terme, « plusieurs centaines d'ingénieurs et développeurs »
Le but de ce centre de R&D sera de « fournir les résultats de recherche les plus pertinents, simplifier l'expérience utilisateur et développer de nouveaux modèles économiques ». Il sera dirigé par le Dr Jordi Ribas, auparavant directeur de la stratégie dans la division Microsoft Windows Digital Media, et accueillera, « dans les prochaines années, plusieurs centaines de personnes ». Il s'agit là du seul chiffre avancé, Steve Ballmer expliquant que « en matière de R&D, on ne mesure pas les investissements en coût pour les immeubles et les installations, mais en nombre de développeurs et d'ingénieurs. »
Christine Lagarde heureuse que Microsoft vote pour la France
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Par la suite, Christine Lagarde, ministre de l'Economie, de l'Industrie et de l'Emploi, a évoqué le chiffre d'une centaine de chercheurs devant s'installer à Issy, une précision que Microsoft France s'est bien gardé de confirmer ou d'infirmer.
Bien évidemment, Jose Manuel Barroso, président de la Commission européenne et Eric Besson, secrétaire d'Etat au Développement de l'économie numérique, se sont réjouis, par voie de communiqué, de cette annonce. De même que Christine Lagarde, qui a écrit : « C'est une bonne nouvelle pour l'Union européenne, qui a pris depuis longtemps, avec la stratégie de Lisbonne, le virage de l'économie de la connaissance. Et c'est une bonne nouvelle pour la France, qui s'est donné les moyens d'attirer et d'accueillir les activités à haute valeur ajoutée, notamment grâce à son système de crédit d'impôt-recherche parmi les plus avantageux au monde. »
La ministre de l'Economie vante le système français de crédit impôt-recherche
La ministre, qui doit assister ce jeudi après-midi aux journées parlementaires de l'UMP, a toutefois bousculé son agenda - Steve Ballmer l'a souligné en la remerciant - pour venir dire quelques mots de bienvenue. Christine Lagarde a à son tour remercié André Santini, maire d'Issy-les-Moulineaux et secrétaire d'Etat chargé de la Fonction publique, pour avoir fait le choix du numérique pour sa ville et su attirer Microsoft. La ministre a ensuite remercié Microsoft d'avoir choisi la France en dépit de sa prétendue mauvaise image auprès des entreprises : « L'image de notre pays est parfois associée à certains clichés, je suis heureuse que vous veniez démontrer le contraire », a-t-elle dit à Steve Ballmer, expliquant que « si la France est le 3e pays d'accueil des investissements étrangers », c'est entre autres parce que « les gens travaillent plus de 35 heures », les transports publics sont performants et le système de crédit impôt-recherche est très attractif : « L'Etat rembourse 30 quand l'entreprise investit 100. »
Microsoft se dit plus attiré par les talents que par les incitations fiscales
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Ni Steve Ballmer, ni Christine Lagarde - encore moins André Santini qui n'a pas eu droit à la parole - n'ont toutefois abordé explicitement la question des aides publiques accordées à l'éditeur. La ministre a simplement évoqué les efforts déployés par la France pour que Microsoft « effectue un choix judicieux », tandis que le CEO de Microsoft indiquait qu'il aurait choisi de venir ici « même sans incitation fiscale ».
Dans une interview accordée après cette présentation, Jean-Philippe Courtois, ancien dirigeant de la filiale française et aujourd'hui président de Microsoft International, a confirmé que Microsoft a noué des partenariats étroits avec des établissements de recherche et d'enseignement en France, et que l'assurance de trouver des gens talentueux a nettement joué dans le choix d'y installer une partie de la R&D. L'autre grande raison est l'importance cruciale de la compréhension du langage pour le marché de la recherche sur Internet. « Il ne s'agit pas de juste traduire un menu, mais bien de linguistique. C'est pourquoi nous commençons par installer des centres dans les trois plus grands pays européens. »