Depuis longtemps, beaucoup d’analystes pensaient à ce rapprochement sans y croire vraiment. Finalement, Microsoft et Red Hat ont annoncé hier un nouveau partenariat. Plus précisément, Microsoft proposera Red Hat Enterprise Linux en premier choix pour traiter les charges de travail d’entreprise Linux dans son cloud public Azure. Dans les prochaines semaines, Azure sera élevé au rang de Red Hat Certified Cloud et Red Hat Service Provider. Cela signifie que les abonnés Red Hat Cloud Access pourront faire tourner leurs propres images de machines virtuelles sur la plate-forme cloud de Microsoft. Cela fait un certain temps qu'Azure supporte des distributions Linux, mais le système d'exploitation serveur de Red Hat brillait par son absence. « Quand j’ai entendu la nouvelle, je me suis dit que l'enfer avait gelé », a plaisanté Gary Chen, directeur de recherche sur le cloud et la virtualisation chez IDC. « Je ne pensais vraiment pas que cela pourrait arriver un jour, mais ce qui semblait impossible s’est finalement produit », a-t-il ajouté.
Grâce à ce nouveau partenariat, les clients Azure pourront également utiliser le serveur d'applications de Red Hat, JBoss Enterprise Application Platform, mais aussi JBoss Web Server et Gluster Storage associés à la plate-forme PaaS OpenShift de Red Hat. Un service « pay as you go » appelé Red Hat On-Demand proposera des images RHEL via la boutique Azure, mais le support sera assuré par l'éditeur de l'OS serveur lui-même. À l’inverse, les développeurs auront accès aux technologies .NET par l’intermédiaire des offres Red Hat, y compris avec OpenShift et RHEL. Dans ce cas, le support sera assuré conjointement par les deux partenaires. Ces derniers ont également précisé que RHEL serait le système d'exploitation de référence pour .NET Core sous Linux. Les deux entreprises proposeront également une gestion unifiée des charges de travail pour les déploiements cloud hybrides.
Le partenariat ne va pas changer la donne vis-à-vis d'AWS
En terme de support, une nouvelle offre conjointe axée entreprise, disponible dans les prochaines semaines, sera assurée par les techniciens de chaque entreprise représentée sur le site. « Le partenariat a mis du temps à se concrétiser », a déclaré Elias Khnaser, directeur de recherche chez Gartner, qui pense que « Microsoft aurait dû le faire il y a 18 mois ». Néanmoins, ce rapprochement prouve, selon lui, que « Microsoft est capable de mettre de côté la question de la compétitivité et de se montrer ouvert, surtout quand cela concerne Azure », a-t-il ajouté. « Jusqu'à présent, les clients qui souhaitaient utiliser les charges de travail de Red Hat sur Azure devaient obtenir une note spéciale de support de Red Hat. Le partenariat est donc à coup sûr une bonne nouvelle pour les clients qui veulent utiliser Azure ». Le rapprochement bénéficiera aussi aux clients qui utilisent Microsoft Hyper-V, lesquels ont « peut-être évité le produit dans le passé au profit de Red Hat », a-t-il encore déclaré.
« Le partenariat ne va pas changer la donne pour Azure, notamment vis à vis du rival Amazon Web Services », estime encore Elias Khnaser, « mais c’est certainement un pas dans la bonne direction ». AWS travaille depuis longtemps avec la plupart des principaux éditeurs Linux, mais Microsoft « a une longue histoire avec Red Hat et Linux », fait remarquer Gary Chen d’IDC. Toutefois, le rapport entre les deux partenaires n’a pas toujours été aussi amical. Il n’y a pas si longtemps de cela, l'ex-CEO de Microsoft, Steve Ballmer, qualifiait Linux de « cancer du monde de la technologie ». « L’absence de support pour RHEL a eu des répercussions négatives sur l’activité cloud de Microsoft », a déclaré Gary Chen. « Il y avait vraiment un trou à combler ». Plus récemment, l'actuel CEO de Microsoft, Satya Nadella, a changé d’approche et de ton. Selon le directeur de recherche d’IDC, « la nouvelle stratégie de Microsoft ne répond pas seulement à la compétition dans le secteur du cloud, mais est également en phase avec la transformation récente de Microsoft ». Gary Chen estime d’ailleurs que ce partenariat montre « le vrai visage du nouveau Microsoft ».