Microsoft et le département de police de New York (NYPD) ont développé conjointement un système de lutte contre le terrorisme et de prévention de la criminalité. Celui-ci signalera par exemple les paquets et véhicules douteux et permettra aux équipes du NYPD de rechercher des suspects en utilisant des technologies comme des caméras spécialisées et des lecteurs de plaques d'immatriculation. Toutefois, les défenseurs de la vie privée s'inquiètent des implications possibles.
Le DAS (Domain Awareness system) sera commercialisé par Microsoft auprès de villes, aux Etats-Unis et dans d'autres parties du monde. Le NYPD récupérera 30% de l'ensemble des revenus générés par ces ventes et Microsoft sera tenu de lui donner accès à toute innovation dérivée de la fourniture d'un de ces systèmes à de nouveaux clients.
« Nous pensons que nous pouvons récupérer la totalité de nos dépenses au bout d'un certain temps, et peut-être même gagner un peu d'argent », a déclaré Michael R. Bloomberg, maire de la ville de New York, lors d'une conférence de presse donnée mercredi 8 août dans le cadre du centre anti-terroriste situé dans l'arrondissement Lower Manhattan. Une vidéo de cette conférence a été postée sur le site officiel de la ville.
Tirer parti des données déjà disponibles
Le DAS s'appuie sur un logiciel d'organisation du maintien de l'ordre qui permet aux officiers de police et aux autres intervenants d'accéder plus rapidement aux informations pertinentes qui ont été réunies par les divers équipements et technologies déjà installés et les aide à intervenir de façon plus efficace, a indiqué le maire. « En d'autres termes, nous cherchons de nouvelles façons de tirer parti des caméras, des données sur la criminalité et des autres outils afin de soutenir le travail de nos enquêteurs et de les aider à déterminer plus facilement si un crime doit être rapproché d'un cycle en cours, afin que le NYPD puisse améliorer le déploiement de ses équipes », a-t-il expliqué.
Mis au point par des officiers de police, des inspecteurs et des développeurs de logiciels travaillant ensemble, le DAS agrège et analyse en temps réel des flux de données publiques sur la sécurité, ce qui inclut les images récupérées en temps réel par des caméras, les appels effectués au 911 (le numéro d'urgence aux Etats-Unis) et la localisation cartographique des délits. Les enquêteurs et les analystes du NYPD disposent ainsi d'une vue cohérente sur les menaces potentielles et les activités criminelles, explique le site de la ville de New York. La ville dispose d'environ 3 000 circuits fermés de caméras reliés au DAS. Le NYPD a indiqué qu'il avait commencé à étendre la couverture de vidéosurveillance sur les arrondissements situés autour de Manhattan.
Accès immédiat aux flux vidéos et à l'historique des déplacements
Toutes les informations sont présentées visuellement dans un contexte géographique et chronologique, a précisé le commissaire de police Raymond W. Kelly. Les enquêteurs disposeront d'un accès immédiat à l'information à travers les flux vidéos et pourront instantanément consulter les renseignements consignés sur un suspect, les appels du 911 associés à ce suspect, les crimes reliés à la zone, ainsi que d'autres données. La police pourra également localiser et suivre un véhicule relié à un suspect et savoir où il a été les jours, semaines ou mois précédents.
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Selon les recommandations visant à établir les procédures et les limites d'utilisation autorisées du système, le DAS devra être utilisé uniquement pour surveiller les lieux publics dans lesquels il n'existe pas de dispositions légales de protection  de la vie privée. Toujours selon ces dispositions, la technologie de reconnaissance faciale n'est pas utilisée par le DAS. Ce dernier est décrit dans le document comme un outil de lutte contre le terrorisme, mais les données peuvent être utilisées pour faire respecter la loi et la sécurité publique.
Des défenseurs de la vie privée s'insurgent
Malgré tout, les défenseurs de la vie privée se demandent comment il sera possible de garantir que les utilisateurs du DAS ne vont pas dériver, de façon habituelle, vers une surveillance anticonstitutionnelle de la population de New York, effectuée sans mandat.
Dans un e-mail à nos confrères d'IDG News Service, Peter Eckersley, directeur des projets technologiques de l'ONG Electronic Frontier Foundation, qui défend la liberté d'expression, notamment sur Internet, estime scandaleux que Microsoft et le NYPD qualifient de « données de sécurité publiques » les informations de localisation provenant de lecteurs de plaques d'immatriculation et de caméras de surveillance. « Si vous conduisez une voiture, l'historique des endroits où vous êtes allés fournissent de nombreuses informations personnelles sur votre vie. Tous ces renseignements sur les New-yorkais seront ainsi aspirés sans consentement, ni obligation de rendre compte ou contrôle judiciaire ».