A l’heure des échanges instantanés, les outils de chat adaptés à l’entreprise se multiplient. Le succès rencontré par Slack dans le cadre professionnel atteste de l’intérêt des utilisateurs professionnels pour ces messageries de dialogue en direct. Après Facebook et son Workplace, officiellement lancé il y a un mois, c’est au tour de Microsoft de présenter Teams, une « application de collaboration et d’échange instantané en équipe ». L’annonce, faite hier à New York par l’éditeur de Redmond, a été précédée d’une communication de la start-up Slack elle-même. Signe évident d'une certaine fébrilité. La société basée à San Francisco s’est payé une pleine page de publicité dans le New York Times pour argumenter sur les qualités que ce type d’outils de collaboration se doit d'offrir.
Au sein de Teams, tout juste annoncé par Microsoft, des canaux permettent aux utilisateurs de collaborer sur des documents Office et d'établir des conversations vocale sur Skype. (agrandir l'image)
Avec Teams, Microsoft permet à des groupes au sein d’une entreprise de se diviser sous-groupes et de mettre en place des canaux individuels pour engager des discussions sur leurs différents projets ou tâches. L’espace de tchat est conçu pour s’intégrer étroitement avec sa suite de productivité dans le cloud Office 365. Cela inclut l’espace de stockage et de partage de documents OneDrive et le logiciel de communication audio et vidéo Skype. L’application Teams est disponible en version bêta à partir d’aujourd’hui, sur le web, sur Windows, mais aussi sur MacOS, iOS et Android.
Teams est aussi disponible sur Android.
Jusqu’à présent, Microsoft poussait Skype for Business vers les entreprises qui voulaient recourir à des environnements de tchat. En annonçant un outil comme Teams, il vient effectivement concurrencer les efforts d’acteurs comme Slack, HipChat ou Flock (qui se dit plus rapide que ses rivaux), pour améliorer la productivité des équipes dans leurs espaces de travail. D’où la réaction du premier d'entre eux. « Nous avons réalisé il y a quelques années que la valeur du passage à Slack était si évident et les avantages si importants que chaque entreprise allait utiliser Slack ou quelque chose d’approchant d’ici la fin de la décennie », écrit la start-up de San Francisco dans sa page de pub aux aspects de lettre ouverte, publiée dans le New York Times. De voir Microsoft arriver sur ce créneau valide cette conviction, poursuit-il. Et même s’il reconnaît que cela lui fait un peu peur, il veut croire que cela fera avancer tout le monde plus vite.
Slack s'est offert une pleine page de publicité sur le New York Times pour contrebalancer un peu l'annonce de Teams par Microsoft. (agrandir l'image)
Le nouveau produit de Microsoft ressemble davantage à des fils de conversation qu’à un espace de dialogue instantané ouvert et c’est une différence notable avec ce que propose Slack. Cela signifie que les utilisateurs peuvent commencer une conversation sur un sujet particulier et organiser en un seul endroit tout ce qui porte sur ce sujet. Le fil de commentaires est une fonctionnalité que Slack a promis il y a déjà un moment pour essayer de faire patienter ses utilisateurs ayant besoin de mener plusieurs conversations à la fois. Des onglets fournissent des accès rapides aux documents et aux services cloud les plus utilisés. L’un d’eux fournit une vue sur l’ensemble des conversations qui sont en cours au sein d’une équipe. Cela fonctionne comme une boîte de réception de mails, de telle façon que chacun puisse voir rapidement ce qui les concerne.
Les contenus tiers s'invitent via des onglets
Les outils de collaboration d'Office sont également mis à contribution. A chaque fois que l’on diffusera un document sur un canal ou que l’on écrira un message en direct, chaque utilisateur du canal pourra voir le document en utilisant Office Online. C’est aussi valable pour les notes conservées dans OneNote. Pour établir une conversation vocale ou vidéo avec les autres membres de l’équipe, on passera sur Skype qui permet aussi le partage d’écran. L’appel apparaîtra dans un canal et les utilisateurs pourront y participer ou en sortir quand ils voudront.
Teams accepte l’ajout d’onglets venant d’éditeurs tiers pour apporter des contenus de services cloud, comme Zendesk ou Asana (premiers disponibles), dans le dialogue en direct. Cela signifie qu’il sera aussi possible d’insérer des tableaux d’avancée de projets ou des tickets de helpdesk dans l’espace de discussion.
Déjà intégré avec Microsoft Teams, Asana permet aux équipes de suivre les tâches de leurs projets à l'intérieur de l'interface de tchat. (agrandir l'image)
A l’heure des robots de conversation, Teams ne pouvait pas s'en dispenser. Le logiciel les supporte donc au sein des échanges en direct. Pour commencer, Microsoft en propose deux, destinés à améliorer l’utilisation de l'outil de tchat. Ainsi, T-Bot permet de mieux comprendre les fonctionnalités de Teams et fournit un système d’assistance interactif. Les utilisateurs peuvent accéder à la base de connaissances du bot à partir d’une série de menus. Quant à WhoBot, il aide à trouver les autres intervenants d’une équipe. Les utilisateurs peuvent demander quelles sont les personnes qui ont déjà abordé un sujet donné et le bot leur indique qui a déjà parlé du sujet dans Teams.
Le connecteur d'Exchange pour récupérer des alertes Twitter
Teams partage par ailleurs le même modèle de connecteur qu’Exchange permettant de récupérer des notifications et des mises à jour de services tiers comme Twitter et GitHub. Microsoft indique qu’il ajoutera ultérieurement le support de son Bot Framework pour qui voudra intégrer d’autres services de dialogue dans l’environnement.
Face à Slack, l’un des grands points forts de Microsoft va bien sûr être son énorme base de clients. En outre, Teams présente l’avantage d’être conforme aux standards HIPAA et aux clauses européennes sur la protection des données, a fait remarquer l’analyste Vanessa Thompson du cabinet d’études IDC à nos confrères d’IDG News Service. « Microsoft devrait rencontrer un certain succès au début », selon elle. « Slack a progressé très vite, mais ils sont loin de ce que Microsoft fait avec Office ». De son côté, Patrick Moorhead, analyste du cabinet Moor Insights, voit aussi Teams d’un œil très positif. « Slack risque de voir sa croissance ralentir si Microsoft arrive à suivre ce que ce que fait (la start-up) sur les connecteurs et qu’il maintient sa tarification sur Office 365 ».
Teams sera gratuit pour les clients d'Office 365 Enterprise. La bêta supporte 70 connecteurs externes et 85 bots. Elle est disponible dans 181 pays avec une interface localisée en 18 langues. Il faudra apparemment attendre le 4ème trimestre de l'année prochaine pour sa disponibilité générale.