Tombé très tôt dans la marmite de la cybersécurité, Michel Van Den Berghe, président du Campus Cyber et ancien directeur général d'Orange Cyberdéfense, monte en première ligne au capital de la PME montpelliéraine Seclab. Spécialisée dans la sécurisation des systèmes critiques, industriels et IT, la société créée en novembre 2011 était jusqu'alors entre les mains de ses fondateurs historiques, EDF et le fonds d'investissement Starquest. Ce n'est désormais plus le cas, car Michel Van Den Berghe a finalisé l'acquisition de la totalité des titres de cette entreprise ce 11 janvier 2024. Seclab a été co-fondé par Xavier Facelina (président) aux côtés de Benoit Badrignans (CTO) et Pascal Sitbon (directeur cybersécurité de GE Grid Solutions depuis 2019). « Ce changement d’actionnaires, initié par un entrepreneur expérimenté et reconnu, va nous permettre de poursuivre notre projet industriel et de déployer notre positionnement commercial en France et à l’étranger », fait savoir Xavier Facelina. En mars 2015, Seclab avait réalisé sa première levée de fonds d'1,2 M€ auprès d'EDF qui avait alors fait son entrée au capital, avant d'en réaliser une autre d'1 M€ en septembre 2016 avec Starquest Capital.
Dans le cadre de cette opération de montée au capital Michel Van den Berghe a personnellement investi - via une holding familial - plusieurs millions d'euros, auquel s'ajoutent des investissements sous forme d'actions et d'obligations de Definvest opéré par le ministère des Armées, la Banque Postale via son fond 115K et Thales. La répartition du nouveau capital est de 70 % pour Michel Van den Berghe et les fondateurs, et 30 % pour ce trio de nouveaux investisseurs. « Je voulais absolument me faire aider dans cette opération de reprise avec des capitaux et des fonds souverains », nous a expliqué Michel Van Den Berghe. A cette occasion, Guillaume Poupard, numéro 2 de Docaposte, fait son entrée au conseil d'administration de Seclab. La raison de cet investissement pour Michel Van den Berghe est limpide : « je pense que la France à d'excellents experts en cybersécurité et il n'y a pas de raisons que l'on n'ait pas un grand acteur cyber français avec un positionnement si particulier pour en faire profiter maintenant à l'ensemble des entreprises ». En effet, alors que jusqu'à présent Seclab positionnait son offre au service des OSE et des OIV, la société prévoit d'ouvrir les vannes commerciales.
Un avenir assuré sous pavillon français
Seclab propose une solution pour isoler électroniquement tout ce qui est connecté par internet avec des systèmes industriels. « Il s'agit d'un outil de protection air gap de rupture protocolaire qui se met devant les réseaux et actifs sensibles et qui fonctionne comme une fenêtre qui laisse rentrer la lumière, mais pas le froid, la grêle et la pluie », précise Michel Van den Berghe. « Ce n'est pas comme un firewall avec lequel on est obligé de mettre des règles en place tout se passe très simplement de cette façon ».
Bénéficiant d'une qualification de l'Anssi, Seclab a réalisé en 2023 près de 2,5 M€ de chiffre d'affaires, bien que le résultat net soit dans le rouge cela ne devrait pas trop durer. Les ambitions et le développement commercial est grand avec un doublement attendu des effectifs d'ici la fin de l'année, soit une trentaine de personnes. Tout comme les attentes autour d'un coup de pouce de niveau étatique ? « Les politiques parlent de réindustrialiser la France, c'est le moment de le faire. J'ai d'ailleurs reçu un accueil extrêmement amical et intelligent de Carole Delga, la présidente de la région Occitanie. On va travailler ensemble sur un campus dédié à la cybersécurité du futur et tout ce qui touche à l'industrie 4.0, les objets connectés, la santé ... », poursuit Michel Van den Berghe.
En investissant dans Seclab aux côtés d'investisseurs hexagonaux, Michel Van Den Berghe compte bien assurer un avenir sous pavillon français à la PME... ce qui n'avait pas été le cas de la start-up Sentryo également positionnée sur ce créneau et croquée il y a quelques années par un certain Cisco.