Mercedes-Benz va utiliser la plateforme Omniverse de Nvidia pour poursuivre la digitalisation de sa production automobile. Le rapprochement est, on ne peut plus logique, puisque les deux acteurs se connaissent depuis plusieurs années. Le groupe automobile a en effet conclu un accord avec Nvidia dès 2018 sur le développement de véhicules autonomes mais aussi à l’intégration de technologies comme l’IA. Poursuivant une feuille de route plutôt chargée, les deux partenaires ont régulièrement fait part de plusieurs innovations. En 2020, Mercedes annonçait vouloir accueillir les systèmes embarqués de la firme américaine dans ses derniers modèles. Pour le constructeur allemand, tout réside dans la personnalisation de ce système, Drive AGX Orin, avec l’intégration de logiciels dédiés afin que les clients puissent régulièrement mettre à jour cette solution pour obtenir des fonctionnalités supplémentaires.
Cette semaine, les deux acteurs ont profité du CES 2023 pour annoncer le renforcement de leur partenariat et améliorer la production de véhicules. « Mercedes-Benz adopte une approche digital-first dans la production de véhicules en utilisant la plateforme Nvidia Omniverse pour concevoir et planifier les lignes de fabrication et d'assemblage. En exploitant les technologies IA et métavers de Nvidia, le constructeur automobile peut réduire les déchets, diminuer la consommation d'énergie et améliorer la qualité » assure le spécialiste des accélérateurs graphiques et réseau. Omniverse, la plateforme de collaboration graphique en temps réel créée par Nvidia, est utilisée pour des applications dans les industries des effets visuels et de la simulation industrielle avec un jumeau numérique. La dernière annonce du constructeur automobile infuse donc davantage ces technologies dans le processus de développement de Mercedes-Benz.
Mercedes-Benz adopte Omniverse pour la planification de l'assemblage et de la production des véhicules. (Crédit : Nvidia)
Le digital twin, un outil crucial dans la production
La production de véhicules est une entreprise colossale qui nécessite des milliers de pièces et d’employés qui travaillent en symbiose. Il est évident que tout problème de chaîne d'approvisionnement ou de production peut entraîner des retards coûteux. Par ailleurs, lorsque les constructeurs automobiles déploient un nouveau modèle, ils doivent reconfigurer l'agencement des usines de production afin de tenir compte de la conception du futur véhicule. Un changement qui peut amener à l’arrêt de la fabrication d’autres véhicules, et bouleverser la chaîne de production globale. En ce sens, Mercedes-Benz s’appuie sur Nvidia pour parer tout éventuel problème à ce niveau.
La firme prévoit de lancer la création de sa prochaine plateforme dédiée aux véhicules électriques dans son usine de Rastatt, en Allemagne. Pour les connaisseurs, le site fabrique actuellement les Classes A et B ainsi que le SUV compact GLA et le Mercedes-Benz EQA tout électrique. Le plan sera ensuite déployé dans d'autres parties du réseau de production mondial de Mercedes-Benz. A noter que le constructeur exploitera la version Enterprise de la plateforme qui vient tout juste de recevoir une mise à jour majeure.
Mercedes-Benz travaille depuis quelque temps avec Nvidia pour développer des véhicules définis par logiciel. Ses prochaines flottes seront construites sur le calcul centralisé Drive Orin, avec des capacités de conduite augmentée, testées et validées dans la plateforme Drive Sim, basée sur Omniverse. (Crédit : Nvidia)
Nvidia, un acteur omniprésent dans l’industrie
Nvidia travaille déjà avec d’autres acteurs industriels sur la technologie des jumeaux numériques. Sa plateforme Omniverse est notamment exploitée par Digitale Schiene Deutschland (DSD), qui fait partie de l'opérateur ferroviaire national allemand Deutsche Bahn, pour augmenter la capacité du réseau sans construire de nouvelles voies. La création d’un premier jumeau numérique à l'échelle nationale a ainsi permis de simuler entièrement le fonctionnement automatique des trains sur l'ensemble d'un réseau. Avec cette solution, DSD vise surtout le développement de systèmes de perception et de prévention et de gestion des incidents ultra performants pour détecter et réagir de manière optimale aux situations irrégulières pendant l'exploitation ferroviaire quotidienne. « Avec les technologies NVIDIA, nous pouvons commencer à concrétiser la vision d'un réseau ferroviaire entièrement automatisé », a déclaré Ruben Schilling, qui dirige le groupe de perception chez DB Netz, entité de la Deutsche Bahn.
Digitale Schiene Deutschland (DSD), qui fait partie de l'opérateur ferroviaire national allemand Deutsche Bahn, collabore avec Nvidia pour améliorer son réseau. (Crédit : Nvidia)
Siemens s’est également intéressé à la technologie de jumeau numérique développée par Nvidia. L’industriel allemand connecte sa solution Xcelerator au moteur de simulation en temps réel basé sur l’IA, Omniverse, afin de concevoir en temps réel des jumeaux numériques avec un haut degré de fidélité. Désormais baptisé métavers industriel, cette symbiose technologique doit apporter un réel avantage dans la conception et la collaboration 3D pour visualiser une chaîne de production en fonctionnement par exemple. In fine, Nvidia et Siemens souhaitent déployer ce métavers industriel dans tout type d’entreprise et avec des applications toutes aussi variées.
La connexion entre Siemens Xcelerator (à gauche) et Nvidia Omniverse (à droite) permettra aux clients de développer des jumeaux numériques à haute fidélité de conception et en boucle fermée. (Crédit : Siemens/Nvidia)
Avec Foxconn, Nvidia prend de la vitesse
Lors de la journée de lancement du CES 2023, Nvidia en a également profité pour annoncer un partenariat avec Foxconn pour développer des plateformes de véhicules autonomes. Selon Reuters, le sous-traitant taïwanais a déclaré qu'il allait fabriquer des unités de contrôle électronique (ECU) pour les voitures basées sur la puce Drive Orin. Ce rapprochement lui permettra d'intensifier ses efforts pour répondre à la demande croissante de puces destinées aux véhicules autonomes et connectés.
Au-delà d’équiper certains produits phares d’Apple, Foxconn fabrique des véhicules électriques pour Lordstown Motors et a un contrat pour construire le deuxième modèle de voiture de Fisker, le Pear. De son côté, Nvidia voit une opportunité de marché de 300 milliards de dollars dans le secteur automobile et a déclaré des revenus de 251 millions de dollars au troisième trimestre pour ce segment. Les futurs véhicules issus de cette collaboration contiendront donc des calculateurs basés sur les capteurs Drive Orin et Drive Hyperion.