Yahoo ne se laisse pas impressionner et s'obstine à refuser les avances de Microsoft, du moins aux conditions proposées. Celui-ci se fait pourtant de plus en plus pressant. Après deux mois de quasi silence qui ont suivi l'OPA hostile lancée le 31 janvier dernier, il a décidé de taper fort. Dans une lettre datée de samedi dernier, le PDG Steve Ballmer, menace de s'adresser directement aux actionnaires de Yahoo, si ce dernier persiste à refuser son offre. Microsoft pourrait baisser son offre Le message est clair : non seulement Microsoft n'entend pas relever la note, qu'il juge « très généreuse » (44,6 Md$), mais il se prépare même à la faire baisser. Le géant de Redmond veut donc engager un véritable « proxy fight » (bataille de mandats) avec le pionnier de la recherche en ligne. Ce mécanisme consiste à obtenir les procurations des actionnaires de l'entreprise cible afin de peser davantage lors des votes en assemblée générale, en modifiant la composition du conseil d'administration. Dans sa lettre, Steve Ballmer accuse les dirigeants de Yahoo de refuser de négocier avec Microsoft et de « gaspiller ainsi un temps précieux » dans la course à la compétitivité du marché de la publicité en ligne. Un discours qui devrait trouver un écho auprès de certains actionnaires de Yahoo, qui ont déjà manifesté leur désaccord auprès du conseil d'administration quant à la stratégie adoptée par la société. [[page]]Au pied du mur, Yahoo n'a pas tardé à réagir. Selon le Financial Times, le conseil d'administration de la société s'est réuni en urgence hier. Jerry Yang, PDG de la société, a envoyé aujourd'hui une lettre à Steve Ballmer, dans laquelle il précise qu'il ne cédera pas d'un pouce : "nous ne sommes pas opposés à une transaction avec Microsoft, mais uniquement si elle se fait dans l'intérêt de nos actionnaires". Autrement dit, Yahoo veut faire monter les enchères. Yahoo a jusqu'à présent multiplié les tentatives pour repousser les avances de Microsoft, s'adressant directement à ses actionnaires, en se tournant vers AOL, ou encore en modifiant les conditions de départ de ses employés en cas de réussite de l'OPA. Il y a près d'un an, les analystes estimaient qu'un rapprochement entre Microsoft et Yahoo ne pouvait être que bénéfique pour contrer Google. Plus récemment, ce sont 22 analystes sur 25 interrogés par Reuters qui sont parvenus aux mêmes conclusions. Yahoo a beau se débattre, sa marge de manoeuvre s'appauvrit de jour en jour. Rupert Murdoch, patron de News Corp, a même déclaré que Yahoo ne représentait aucun intérêt pour lui. Microsoft et Yahoo se sont d'ailleurs déjà rencontrés à deux reprises, le 10 mars ainsi que vendredi dernier, selon le Wall Street Journal. Le mariage forcé entre les deux groupes ne semble plus être qu'une question de temps.