MariaDB monte en puissance. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si la société a fait jeudi 23 mars 2015 une conférence dans les locaux français d'IBM à l'occasion de son road show mondial. Fondée par les anciens de MySQL, déçus des velléités commerciales d'Oracle qui l'avait racheté en même temps que Sun Microsystems en 2009, le système de gestion de bases de données relationnelles Open Source capte de plus en plus d'utilisateurs, dont certains grands noms auparavant adeptes de son ainé. Wikipédia et Google, pour ne citer qu'eux, ont fait le choix de basculer de MySQL à MariaDB. « Aujourd'hui, nous profitons pleinement de la démarche Open Source », déclare Serge Frezefond, cloud solution architecte de MariaDB et ancien de MySQL. « Les innovations apportées à notre SGBD viennent de partout et s'adaptent aux besoins d'un maximum d'utilisateurs, par le biais de la fondation ». Oracle est en effet plus limité dans sa démarche Open Source puisque la firme est obligée de réécrire toutes les lignes de codes produites par la communauté, qu'elle souhaite intégrer à MySQL. « Nous intégrons énormément de code de la communauté pour nos moteurs de stockage et de recherche. Cela implique de modifier le serveur mais contrairement à Oracle, nous pouvons le faire », enchérit de son côté Julien Fritsh, responsable produit de MariaDB.
Pour Stéphane Varoqui, consultant de MariaDB, la force de du SGBD réside dans la capacité d'intégrer rapidement tous ce qui peut intéresser ses utilisateurs Entreprises et surtout, d'y apporter un support efficace. L'écosystème MariaDB s'articule en effet autour d'une fondation, qui regroupe l'ensemble de la communauté de développeurs et voit le code s’enrichir de jour en jour, et d'une société, MariaDB Corp, qui assure le support et la commercialisation d'une version de MariaDB Entreprise. « Il faut comprendre que la majorité des sociétés qui utilisent MariaDB le font par le biais de la société, elles n'ont pas forcément les ressources ni les besoins pour mettre directement les mains dans le cambouis. Elles veulent une solution fonctionnelle », détaille Julien Fritsh.
Une flexibilité supérieure à MySQL
Au travers de la société, les équipes de MariaDB intègrent donc les fonctionnalités les plus matures développées par la communauté et surtout développe un support autour d'elles. C'est la condition sinequanone. « Nous ne pouvons pas commercialiser des fonctionnalités si nous sommes incapables de les supporter », tranche Julien Fritsch. La version Entreprise de MariaDB accuse ainsi un retard de plusieurs semaines sur les innovations développées par la communauté. De son côté, la fondation, qui, par définition, ne peut être rachetée, assure aux utilisateurs que la solution restera Open Source.
Ainsi, MariaDB jouit d'une plus grande flexibilité par rapport à son principal concurrent, MySQL. En outre, la migration de l'un à l'autre est largement facilitée par le fait que le framework est le même. Toutefois, il peut y avoir des incompatibilités sur certains modules utilisés sur MySQL. « Il faut faire un choix », tranche Serge Frezefond. « C'est propre à la vision kernel de ces deux systèmes, conçus pour travailler avec de nombreuses API déployées autour », enchérit Stéphane Varoqui. Quant à d'autres SGBD comme Oracle Database, les trois hommes affirment que ce n'est pas la même stratégie. « Ces solutions visent des systèmes d'entreprises très lourds ayant de grands besoins. Ils sont aussi plus chers », commente Serge Frezefond. Pour lui, c'est comme comparer une pelle avec une excavatrice ultra-perfectionnée. En outre, MariaDB s'accroche fermement à la ligne directrice mise en place lors de sa création. « Nous voulons être un partenaire privilégié des acteurs du cloud pour l'optimisation de leur base de données », rappelle Julien Fritsch.
Le NoSQL : « Un effet de mode »
En revanche, si MariaDB a peut-être quelque-chose à craindre, c'est du côté du NoSQL et de MongoDB, un de ses représentants les plus populaires. Toutefois, pour Julien Fritsch, c'est un effet de mode. « Le NoSQL s'est popularisé en même temps que la méthode Scrum qui pousse à prototyper très vite. Les équipes de développeurs l'utilisent pour montrer rapidement des ébauches fonctionnelle », explique-t-il. En revanche, quand il s'agit de monter en charge, les solutions NoSQL s'avèrent, selon lui, beaucoup plus limitées et il est nécessaire de basculer sur du SQL. « Elles n'ont ni la puissance nécessaire ni la scalabilité pour accompagner la croissance des applications », ajoute Julien Fritsch.
De son côté, Stéphane Varoqui assure qu'il est tout à fait possible de brancher des outils NoSQL sur MariaDB. « De toute façon, ils ont besoin d'un framework SQL », précise le consultant. En revanche, il est un point sur lequel des solutions comme MariaDB ont à apprendre de systèmes comme MongoDB. « Ils sont plus accessibles pour les développeurs et donc plus populaires auprès de ces derniers. Nous devons travailler sur nos interfaces et vulgariser notre approche », déclare Julien Fritsch. Il est légèrement contredit par Stéphane Varoqui qui martèle de son côté que de toute façon,il est plus simple de rentrer une requête SQL que de faire un programme qui imite ce que ferait cette requête SQL.
Du big data sans Hadoop
MariaDB est également en train de se placer sur les problématiques de big data. « Nous somme déjà une base logique pour le traitement de grands volumes de données », clame Stéphane Varoqui. Toutefois, aujourd'hui, MariaDB n'intègre pas de compatibilité avec des modules Hadoop ou Map Reduce. Si, selon Serge Frezefond, de telles possibilité sont envisagées, Stéphane Varoqui se montre plus critiques à l'encontre de ces solutions. Il rappelle notamment que le SGBD Open Source intègre des moteurs de recherche distribuée offrant des capacités comparables à des solutions Hadoop. Il prend notamment l'exemple de Shard Query, un moteur de recherche MPP (massively parallel processing) qui a un fonctionnement proche de Vertica de HP. « Nous avons réussi à faire 200 milliards d'enregistrements en quelques mois en sharding », précise Stéphane Varoqui. Reste pour MariaDB la question des bases de données non structurées, toujours difficile à adresser. Là encore, le SGBD avance un des outils développés par sa communauté. « Avec Dynamic Columns, nous pouvons structurer verticalement des données non structurées au sein de colonnes », explique le consultant.
Si MariaDB souhaite donc rester concentrer sur sa stratégie initiale orientée sur le cloud, le SGBD joue tout de même sur de nombreux fronts. Il peut également compter sur un vaste écosystème de partenaires technologiques qui souhaite voir MariaDB optimisé pour leur solution, comme IBM ou HP. Ces derniers proposent d'ores et déjà des systèmes optimisés pour la solution de gestion de bases de données. « Toutefois, il y en a trop, nous ne pouvons pas honorer toutes les demandes, commente Julien Fritsch, nous faisons nos choix en fonction de la maturité des produits et de la demande ». C'est d'ailleurs cette maturité qui est saluée par les utilisateurs de MariaDB Entreprise.