IBM aurait-il voulu joué au plus malin ? Une affaire opposant big blue au spécialiste des logiciels pour mainframes BMC a tourné en effet au vinaigre : une décision judiciaire rendue par un juge fédéral du district de Houston, Gray Miller, condamne en effet IBM a une amende colossale d'1,6 Md$. Ce jugement est l'un des plus importants à avoir jamais été rendu dans le cadre d'un différend commercial, a déclaré Sean Gorman, partner chez Bracewell LLP et un des représentants de BMC dans cette affaire. Il est reproché au géant américain d'avoir proposé à BMC un contrat lui permettant « d'exercer des droits sans les payer, d'obtenir d'autres avantages contractuels et d'acquérir l'un des principaux clients de BMC ». Le client en question est - très - connu, il s'agit de l'opérateur télécoms AT&T qui a d'ailleurs signé en 2019 une alliance stratégique avec... IBM. La ventilation de cette sanction se répartit entre 717 M$ d'amende pour pertes de licence (lost licensing fees), 717 M$ de dommages (punitive domages) et 168 M$ d'intérêts (lost fees).
La firme d'Armonk est vent debout contre cette décision. Dans un communiqué, le groupe a indiqué que celle-ci n'est « étayée ni par les faits ni par la loi » et a intention de faire appel. Si une cour d'appel annule ce jugement, BMC pourrait a priori toujours demander des dommages-intérêts à IBM pour rupture de contrat de logiciel AT&T par d'autres moyens. En 2018, BMC a été acquis par le fonds d'investissement KKR pour 8,5 milliards de dollars.
AT&T un client XXL pour BMC
Selon IBM, le choix d'AT&T de basculer du logiciel de BMC vers le sien est uniquement du ressort de l'opérateur. Autre son de cloche bien sûr du côté du spécialiste des logiciels pour mainframe : le vice-président et directeur juridique Patrick Tagtow a indiqué, sans surprise, que la société est « satisfaite » de cette décision. AT&T n'est pas n'importe quel client pour BMC, puisque l'un de ses plus importants depuis 2008. Pas étonnant donc que l'éditeur ait tout fait pour régler le différend devant la justice depuis 2017 qui lui a rendu pour l'instant raison.
L'utilisation des solutions IBM à la place de BMC au sein de l'opérateur télécom a été bénéfique pour le premier en percevant 100 M$ de revenus mensuels. Au cours des sept dernières années, AT&T a d'ailleurs représenté au moins 1 Md$ de revenus de la division outsourcing d'IBM d'après notre confrère ZDnet.