Le rêve des métiers pouvant eux-mêmes créer leurs propres applications n’est finalement pas si loin. En tout cas, les fournisseurs IT y travaillent et depuis longtemps. Certains via des acquisitions ou des partenariats, d’autres en développant leurs propres plateformes, tous ont maintenant une stratégie pour faciliter la création d’applications et de workflows. Voici un état des lieux des solutions, des nouveautés et des stratégies de différents acteurs.
Microsoft : la référence avec Power Apps
Les applications Microsoft Power Apps et Power Automate (anciennement Microsoft Flow) sont disponibles depuis octobre 2016, et des évolutions de versions sont publiées chaque semaine. Pendant cette période, Power Apps a évolué vers un environnement de développement applicatif low code très riche pour créer des formulaires et des flux de travail qui se connectent à de multiples sources de données. Power Automate dispose désormais de plus de 400 connecteurs que les développeurs peuvent utiliser pour déplacer des données dans et hors des applications, ainsi que d'une compétence distincte en matière de RPA (Robotic Process Automation).
Ce qui distingue Power Apps est AI Builder, un ensemble de capacités low code offrant aux développeurs la possibilité de connecter des données au traitement du langage naturel, au traitement d'images et au machine learning. Il est ainsi possible de former des modèles pour catégoriser et identifier des éléments dans le texte, extraire des informations des formulaires, identifier des objets dans des images ou exécuter des modèles prédictifs. Parmi les exemples, on peut citer les modèles d’entraînement extrayant les données de facturation des fichiers PDF ou traitant les photos pour mettre à jour automatiquement l'inventaire des produits.
La toute dernière offre Power Virtual Agents, une plateforme low code de chatbot, a été généralisée fin 2019. La combinaison de la création d'une application low code avec un chatbot intégré et de l'intégration du flux de travail avec d'autres solutions SaaS peut être très puissante. Parmi les exemples de tutoriels, il y a des chatbots aidant les utilisateurs à soumettre des idées de projets, à répondre à des questions pendant la crise Covid-19 ou à exécuter des fonctions simples comme obtenir la météo du jour.
Apple une vieille histoire avec FileMaker
Apple et Google disposent de plates-formes à bas code dans le cadre de filiales gérées de manière indépendante. La firme de Cupertino a rendu son indépendance à sa base de données FileMaker en 1987 et en 2019, la société a été rebaptisée sous son nom d'origine Claris. La plateforme qui a évolué vers le low code se nomme maintenant Claris FileMaker, et la société a ajouté Claris Connect, une plateforme d'intégration, en acquérant Stamplay en 2019.
FileMaker en est à sa 19eme version et Claris a récemment lancé des modules complémentaires, notamment des calendriers, des tableaux Kanban et des galeries de photos. FileMaker peut désormais s'intégrer aux modèles de machine learning et demander à Siri de répondre aux questions dans les applications FileMaker. La plateforme a récemment été utilisée par un hôpital pour suivre et rapporter les progrès et les soins des patients, et par des écoles pour surmonter les difficultés liées à la rentrée scolaire en raison de la crise sanitaire.
Google à fonds avec AppSheet
De son côté, Google a fait son entrée sur la scène des applications low code en rachetant AppSheet au début de l'année 2020. Dans un entretien avec Amit Zavery, VP/GM et responsable de la plateforme Google Cloud, il a expliqué « au cours des neuf derniers mois, nous avons commencé à voir beaucoup d'applications pour les clients finaux construites sur AppSheet - au départ, l'idée était que l'on pouvait construire au mieux une application basique, mais les gens veulent plus de fonctionnalités comme automatiser les processus d'approbation, intégrer de la vidéoconférence, analyser les documents ou se connecter aux API ».
AppSheet possède de nombreuses options disponibles sur d'autres plateformes low code, notamment des intégrations, des formulaires et des vues, mais ses capacités avancées démontrent les plans de Google. Par exemple, l'intégration de G-Suite (rebaptisé Google Workspaces) et AppSheet peut servir à développer des flux de travail automatisés, tandis que les développeurs peuvent se connecter à leurs API en utilisant Apigee comme source de données.
Parmi les applications AppSheet intéressantes, citons l'application créée par un étudiant en médecine sur les conditions médicales et les pathologies connexes, l'application d'une association de logement aidant à gérer les formalités administratives et l'application d’une entreprise qui améliore l'efficacité des travailleurs sur le terrain. Il existe également des exemples d'applications permettant de réduire les risques sur le lieu de travail en période de pandémie et d'autres développées pour des industries spécifiques, notamment le secteur manufacturier.
Oracle, un partisan de longue date du low code
Oracle est un partisan de longue date du développement low code avec Application Express (APEX), une acquisition faite en 2006 par l'éditeur. APEX compte aujourd’hui plus de 50 000 clients, et les développeurs génèrent plus de 3 000 applications par jour. APEX permet de créer des applications orientées données sans code. Comme le dit Michael Hichwa, SVP Software Development chez Oracle, « APEX utilise la puissance du SQL dans un contexte métier ».
L'une des caractéristiques les plus remarquables est l'utilisation de la base de données Oracle pour gérer les données de localisation exposées par le biais d'une application développée par APEX. Un exemple est une application optimisant les itinéraires de livraison des épiceries pendant le Covid-19. Le site communautaire APEX.world compte plus de 30 applications liées à COVID-19.
Amazon, Salesforce, SAP, IBM et Alibaba augmentent leurs capacités en low code
Les acteurs du cloud ne sont pas en reste sur le low code en multipliant les offres dans ce domaine. Ainsi, Amazon Web Services a lancé Honeycode en juin 2020, un outil très léger conçu pour les apprentis développeurs afin de créer des applications web et mobiles. De son côté Salesforce propose depuis longtemps des outils pour les développeurs et ses dernières nouveautés intègrent Lightning et les capacités d’intégration des API avec MuleSoft.
SAP s'est associé avec le fournisseur de plateformes low code Mendix pour étendre les fonctionnalités de S/4HANA et intégrer le machine learning, l'intelligence artificielle, l'IoT (Internet of Things) et d'autres technologies. IBM a plusieurs offres low code sur son cloud, y compris un partenariat avec Mendix et la sortie en juin 2020 de Cloud Pak for Automation comprend une intégration low code de machine learning pour les décisions opérationnelles.
Enfin, Alibaba a lancé Yida Plus en 2019, une plateforme de développement low code utilisée dans la grande distribution, l'hôtellerie, l’industrie, la santé, l'énergie et l'éducation. Il ne faut pas oublier non plus les pure players du low code comma Appian, Mendix cité précédemment et OutSystems.