La qualité des outils fournis n'est pas une condition suffisante pour réussir un projet de réseau social en entreprise. L'implication des dirigeants est indispensable, ainsi qu'une équipe dédiée à ces usages. Au deuxième jour d'un Lotusphere axé sur le « Social Business », IBM a donné la parole à Wendy Arnott, responsable médias sociaux du groupe canadien TD Bank qui a déployé la plateforme de contacts Connections. Sixième banque d'Amérique du Nord, la société compte 85 000 employés. Après un projet pilote sur 500 personnes, l'application collaborative a été déployée auprès de 50 000 collaborateurs au Canada, avec un taux d'adoption multiplié par sept par rapport aux prévisions. Un succès dû à l'implication des équipes dédiées, estime la DSI du groupe, Glenda Crisp. De son côté, elle relève parmi les points sensibles la mise en place d'accès Single sign-on et l'intégration avec Microsoft SharePoint. Le groupe bancaire poursuit son déploiement sur 25 000 personnes aux Etats-Unis.
Profils, documents, communautés, wikis, microblogging
L'application Connections permet de dresser des profils de l'ensemble des collaborateurs pour faciliter les recherches de contacts et d'expertises au sein d'une entreprise. Elle propose aussi de créer des communautés internes, d'organiser ses activités, de publier et partager des documents, d'animer un blog, d'alimenter des wikis, de partager ses signets et de diffuser des informations par microblogging. La version 4 du logiciel, prévue pour le 2e trimestre, accueille les e-mails et les communautés externes, et elle déroule un flux d'activité qui peut intégrer des données venues d'autres applications. IBM Connections est un produit indépendant qui n'a pas besoin de s'utiliser avec les logiciels Notes/Domino. « 50% des ventes se font à des clients qui utilisent MS Exchange, nous n'essayons pas de leur vendre Notes », a rappelé ce matin Mike Rhodin, vice-président senior, responsable d'IBM Software Solutions Group. En revanche, IBM fournit gratuitement certaines fonctions de Connections aux utilisateurs de Notes/Domino : Profils, pour la recherche de contacts, Fichiers, pour le partage de documents, et le microblogging.
Mike Rhodin, vice-président senior, responsable d'IBM Software Solutions Group (crédit : M.G.)
Des vidéoconférences Polycom depuis Connections
L'analyste Ray Wang, PDG du cabinet Constellation Research, constate les avancées réalisées par IBM sur ces solutions de Social Business. « L'an dernier, nous avons vu beaucoup de marketing. IBM présentait sa vision et expliquait où il voulait aller. Cette année, nous voyons la réalisation de ces développements : certaines capacités à manipuler les fichiers, l'intégration, la mobilité... », énumère-t-il. « Et si l'on regarde du côté des fonctions complémentaires, ce que fait un partenaire comme Polycom est très intéressant ». Polycom présente sur Lotusphere 2012 l'association de ses solutions de vidéo avec Connections et avec Sametime. La plateforme de communication unifiée d'IBM est intégrée de façon native avec son offre RealPresence. A travers Sametime, Polycom permet aux utilisateurs du réseau social Connections de lancer une vidéo directement depuis leur interface. Il est aussi possible de rejoindre une réunion video hébergée sur RealPresence à partir d'un navigateur web sans disposer de Sametime.
Ray Wang pointe aussi tout ce qui a trait à la « gamification », démarche qui recourt aux techniques du jeu pour faciliter l'apprentissage, renforcer l'implication des employés ou la fidélité des clients. Un procédé que l'analyste présente comme un bon moyen d'amener des utilisateurs à participer au réseau social. IBM Connections devrait bénéficier d'un partenariat avec Bunchball, l'éditeur de la plateforme en ligne Nitro, qui a déjà sorti des solutions pour Salesforce.com et Jive.Â
Budget : des décisions prises par les directions métiers
En résumé, Ray Wang estime qu'il y a eu beaucoup de travail de fait. « Et la bonne nouvelle, c'est que ce marché est encore très jeune. IBM a donc l'opportunité d'opérer un changement. » L'activité traditionnelle de messagerie, Notes, n'est sans doute pas au mieux, suggère l'analyste en soulignant qu'il en va de même pour Outlook et les outils de productivité bureautique. « Ils se renouvellent. La question est donc de savoir où aller pour choisir un jeu complet de solutions. Et c'est là -dessus que parie IBM ».  Ray Wang rappelle que Connections existe aussi en version SaaS, sur LotusLive, et que l'on peut facilement s'inscrire au service par petits groupes, sans que l'outil soit imposé par la hiérarchie. « Il y a un effet viral qui peut se produire si l'on essaie le produit, de la manière dont un Google progresse ».
L'analyste attire enfin l'attention sur les sessions de la conférence Connect 2012 qui, au sein de Lotusphere, s'adressent aux directions métiers. « Ce sont ces utilisateurs qui prennent en fait les décisions. Nos enquêtes montrent que les budgets IT baissent de 5% sur un an. En revanche, les dépenses technologiques des entreprises montent de 18 à 20%. Et qui prend les décisions, sinon les métiers. Il est donc très important de regarder ce que font ces directions. » Sur Connect 2012, Ray Wang animait lui-même une session pour « démystifier » les méthodes de « gamification ».
Lotusphere 2012 : accompagner les utilisateurs vers le réseau social
Déployer les outils de réseaux sociaux dans l'entreprise requiert des équipes dédiées, insiste IBM, témoignage client à l'appui. Pour stimuler la participation des employés, on fait aussi appel aux ressorts du jeu.