Lotus a profité de sa conférence utilisateurs Lotusphere, qui se tient cette semaine à Orlando, pour dévoiler la dernière version de Domino et lever le voile sur les évolutions de son offre Workplace, une solution de portail collaboratif, basée sur le portail J2EE d'IBM, WebSphere Portal.
A l'occasion de ce Lotusphere 2004, Ambuj Goyal, le patron de Lotus, devait relever deux défis : rassurer les utilisateurs de Domino sur l'avenir de leur plate-forme, tout en poursuivant la transition vers Workplace. Cherchant à contrer les attaques de Microsoft, qui l'accuse d'abandonner les utilisateurs Domino au profit de Workplace, Goyal a affirmé que rien « ne pourrait être plus éloigné de la vérité ». Si Lotus indique clairement que l'avenir de sa plate-forme de messagerie est Workplace, la firme promet une migration progressive et sans douleur pour ses utilisateurs. Il est vrai que Lotus n'a pas vraiment le choix. La majorité de ses 100 millions d'utilisateurs s'appuie aujourd'hui sur le couple Notes/Domino. Pour ménager les fidèles de son serveur de messagerie, Lotus promet donc au moins deux générations de mise à jour sur Notes/Domino. Comme l'explique Larry Bowden, en charge de l'activité portail d'IBM et de l'intégration avec Lotus, « nous nous sommes déjà engagés sur au moins deux versions, 7.0 et 8.0, et il y en aura d'autres ». En attendant, Lotus a profité de Lotusphere pour lancer Domino 6.5.1, une nouvelle mouture de sa plate-forme phare intégrant des fonctions de communications instantanées et un nouveau connecteur pour faciliter l'intégration avec les clients Outlook.
Un client « riche » pour Workplace
L'essentiel des annonces ont toutefois porté sur Workplace. Le CTO de Lotus, Doug Wilson, a ainsi montré une version bêta du prochain Workplace 2.0 et levé le voile sur une nouvelle technologie de client « riche », baptisé Workplace client. Actuellement le client privilégié du serveur Workplace est un navigateur Web. Mais IBM reconnaît les limites de cette approche : les utilisateurs avancés lui reprochent notamment des performances moyennes et veulent pouvoir travailler aussi bien en mode connecté qu'en mode déconnecté.
Basé sur des technologies standards telles que le Web, XML, SyncML ou Java, le Workplace client répond à cette demande. Il embarque une base de données pour le stockage local des données (le moteur SQL Java CloudScape d'IBM) et un runtime permettant d'éxécuter les applications Domino existantes sans modifications. Ce runtime devrait être disponible à terme en versions Linux, Mac et Windows. Il est à noter que cette stratégie de couplage d'un client riche Java et d'un serveur J2EE rappelle étrangement la stratégie annoncée par Sun lors du dernier JavaWorld. Elle rappelle aussi à ceux qui en doutaient qu'IBM et Sun n'ont pas abandonné leurs espoirs de voir Java décoller sur le poste client.
Construit en utilisant la plate-forme Open Source Eclipse, Workplace client est fourni en standard avec le support des applications collaboratives (e-mail, messagerie instantanée, espaces collaboratifs), ainsi qu'avec des éditeurs et « viewers » pour lire et modifier les formats de fichiers courants (applications Office...). Selon IBM, « tous les composants du serveur pourront avoir une brique cliente intégrable dans le workplace ». Les développeurs tiers pourront aussi enrichir la plate-forme avec leurs propres composants. Comme dans la version actuelle, les déploiements et l'administration des clients se feront de façon centralisée afin de réduire le coût d'administration des postes. Et IBM d'afficher ses ambitions : « Workplace Client introduit un nouveau modèle de gestion des postes de bureau et a pour ambition de devenir le bureau par défaut des utilisateurs ». Le logiciel devrait être disponible avec Workplace 2.0 en mai, de quoi relancer la bataille entre Lotus et sa Némésis, Microsoft...