LMI : Quel est l'événement IT qui vous a semblé le plus marquant au cours de ces 35 dernières années?
Guy Mamou-Mani : La rupture provoquée par l’arrivée d’Internet fait partie des faits qui m’ont le plus marqué au cours des dernières décennies. C’est une véritable révolution qui a dépassé la notion d’informatique en elle-même. Dans les années 70 et 80, l’automatisation des tâches a eu un impact efficace sur le travail est sur l’emploi. Le numérique a initié un nouveau monde et a transformé la civilisation qui, selon moi, n’a pas terminé d’en tirer les bénéfices. L’outil informatique doit cependant être en mesure de répondre à d’autres grands enjeux.
Lisez-vous encore la presse papier ou êtes-vous à 100% sur des supports numériques ? Comment accéder vous à l’information IT ?
Je vais être un peu abrupt, mais je n’attends plus rien du papier. Je m’informe sur l’actualité technologique en m’appuyant uniquement sur des contenus 100% numériques, des sites d’informations IT et des newsletters. Mais je suis présent de façon très radicale sur les réseaux sociaux et particulièrement sur Twitter. Cela me permet de me faire ma propre opinion dans la mesure ou le réseau me permet d’accéder à des dizaines de médias IT. Ce qui a changé la donne par rapport aux précédentes années, c’est l’afflux d’informations qui nous abreuve de façon permanente, ce dont je ne me plains pas, bien au contraire.
Qu’attendez-vous des médias professionnels IT en général et d’un magazine comme Le Monde Informatique en particulier ?
La presse informatique doit délivrer une information creusée étayée par des analyses et par des témoignages de professionnels. Je suis toujours preneur de dossiers, d’articles de fonds ou de sujets originaux qui vont au delà de l’informatique. J’aimerais lire sur Le Monde Informatique et sur les autres médias davantage d’articles sur des sujets axés sur la consolidation de nos métiers, l’emploi ou la formation, des thématiques pourtant considérées comme prioritaires par la profession. L’Université du Système d'Information (USI), organisée par Octo Technology fait partie des événements qui abordent des sujets passionnants, à la fois techniques et sociétaux. Or, ceux-ci ne sont pas toujours relayés par la presse spécialisée.
Quelles sont les évolutions qui vous paraissent les plus souhaitables pour un magazine spécialisé ? Quelles sont les recettes qui lui permettront de s’inscrire dans la durée ?
Je pense que des efforts sont à faire concernant la gestion de la publicité sur certains médias. La plupart du temps, l’affichage des bandeaux et bannières est très perturbant pendant la lecture des articles. Les annonces publicitaires ne s'intègrent pas toujours de façon naturelle dans le flux de lecture et compliquent l’accès aux informations. Ce manque de réglage est agaçant pour le lecteur. Pour finir, je recommande également à certains journalistes de ne pas céder à la tentation du copier/coller des communiqués de presse qui donne lieu a la publication du même article sur différents supports.
Guy Mamou-Mani est co-président d'Open et vice-président du CNNum (conseil national du numérique ). Il a été par ailleurs président de Syntec Numérique.