Les tensions remontent entre Microsoft et Google Cloud au niveau européen. Le premier accuse le second de mener une campagne souterraine dans « le but de discréditer Microsoft auprès des autorités de la concurrence et des décideurs politiques et d'induire le public en erreur », rapporte dans un message Rima Alaily, conseillère juridique chez Microsoft. La source de son courroux est la création d’une structure de lobbying nommée Open Cloud Coalition (OCC) à laquelle Google Cloud participerait activement. « Google s'est donné beaucoup de mal pour dissimuler son implication, son financement et son contrôle, notamment en recrutant une poignée de fournisseurs européens de services cloud pour servir de vitrine à la nouvelle organisation », observe la responsable juridique.

L’association comprend dix membres : Google, Civo, Centerprise International, Gigas, ControlPlane, DTP Group, Prolinx, Pulsant, Clairo et Room 101. Elle est dirigée par Nicky Stewart, ancienne patronne de UKCloud et ayant eu des responsabilités ministérielles britanniques dans le déploiement du cloud. Dans un communiqué publié aujourd’hui, l’OCC se donne trois missions dont la défense des normes ouvertes et l’élimination des licences restrictives et autres barrières qui étouffent la concurrence et l'innovation. La partie influence doit permettre de collaborer avec les décideurs politiques pour élaborer des réglementations équitables et constituer une base de données solide pour un marché cloud concurrentiel. Enfin la dernière mission vise à encourager auprès des gouvernements la diversité des fournisseurs de cloud.

Rebondir après l'échec du CISPE

Cette création intervient après l’épisode CISPE (Cloud infrastructure services providers in Europe), une association regroupant plusieurs fournisseurs dont Google, Outscale, AWS, Ecritel,… Cette structure avait pour objectif de faire pression sur Microsoft pour changer sa politique de licences cloud. Une plainte avait été déposée auprès de la Commission européenne en novembre 2022 qui s’est soldée par un retrait de celle-ci en juillet dernier après la négociation d’un accord avec la firme de Redmond promettant des gages de bonne volonté et des millions de dollars de compensation. Bien évidemment, AWS et Google Cloud étaient exclus de cet accord.

Face à l’échec du CISPE, Google Cloud a décidé d'entamer une démarche en solo en portant plainte contre Microsoft en septembre dernier auprès de la Commission européenne. L’action pilotée par Amit Zavery, alors vice-président de Google Cloud (il a rejoint la semaine dernière ServiceNow en tant que COO) considère que « Microsoft dispose d’un monopole sur Windows Server sur la partie on premise et pousse les entreprises à migrer prioritairement sur Azure ». Dans la plainte, il explique que  « les clients de Windows Server voulant migrer vers un cloud concurrent doivent payer une majoration de 400% pour acquérir des nouvelles licences ». Des arguments contestés par Microsoft. En attendant les avancées de l’enquête et de la procédure, Google Cloud via l’Open cloud coalition maintient la pression sur son concurrent auprès des institutions européennes et britanniques.