Un point de non-retour. Google Cloud sort l’arme du dépôt de plainte contre Microsoft sur le sujet des licences cloud. La société a déposé sa requête ce mardi sur le bureau de la Commission européenne. Car ce qui est reproché à la firme de Redmond est une pratique anticoncurrentielle sur les licences cloud empêchant les concurrents dont Google Cloud de jouer à armes égales. Amit Zavery, vice-président de Google Cloud, estime que son concurrent « dispose d’un monopole sur Windows Server sur la partie on premise et pousse les entreprises à migrer prioritairement sur Azure ».
La dominance sur Windows Server a été d’ailleurs confirmé récemment par l’autorité de régulation britannique (CMA), assure le dirigeant. Il ajoute que « les clients de Windows Server qui veulent migrer vers un cloud concurrent doit payer une majoration de 400% pour acquérir des nouvelles licences ». A l’inverse, « un client qui souhaite migrer des licences Windows Server sur site vers Azure peut le faire pour presque rien ». Autre restriction pointée du doigt, « les mises à jour de sécurité sur Windows Server tournant sur des cloud concurrents d’Azure sont limitées à trois ans. Une restriction qui n’existe pas sur Azure ».
Une démarche en solo, après l'accord du CISPE
Autant de points qui irrite Google Cloud qui a décidé de sauter le pas en attaquant directement Microsoft auprès de la Commission européenne. « Nous voulons que les clients aient plus de choix et à un coût plus raisonnable », explique Amit Zavery. Il précise que la plainte a été déposée uniquement par Google Cloud et pas avec d’autres sociétés. Pour mémoire, Google Cloud était partie prenante de l’initiative CISPE qui avait saisi l’exécutif bruxellois sur la problématique des licences cloud. En juillet dernier, l’association a annoncé le retrait de sa plainte après avoir obtenu des garanties et de l’argent de la part de Microsoft. Une décision mal perçue par Amit Zavery qui avait souligné « la stratégie de Microsoft, qui consiste à payer les plaignants plutôt qu'à traiter le fond de leur plainte, nuit aux entreprises et ne devrait tromper personne »
Interrogé sur le délai de réponse des équipes en charge de la concurrence de la Commission européenne, le dirigeant ne s’est pas prononcé, mais espère que « l’enquête sera menée rapidement ». Il ajoute, « cette situation fait perdre du marché pour tout le monde les fournisseurs locaux, les partenaires, AWS, Google Cloud ». Les remèdes proposées sont simples pour lui : permettre aux clients disposant de licences Windows Server existantes de les utiliser dans le cloud de n'importe quel fournisseur, sans frais supplémentaires. Par ailleurs, Microsoft doit proposer des prix non discriminatoire pour les licences Windows Server quelque soit le fournisseur de cloud et enfin une garantie de parité sur les mises à jour fonctionnelles et de sécurité.