La crise sanitaire a su rendre certains outils collaboratifs essentiels, à l’exemple de Zoom, dopé par le télétravail. Pour preuve de ce grand bond en avant, le chiffre d’affaires de l’entreprise a quadruplé en un an avec un CA qui s’élève à 2,65 milliards de dollars. De nombreuses entreprises ont adopté le travail à distance et 80% des collaborateurs souhaitent garder ce fonctionnement. Zoom note dans un rapport, une augmentation de 2,4 à 2,7 du nombre d’employés utilisant des solutions de visioconférence. 1001 personnes, actuellement en télétravail ou l’ayant été en 2020 en France, ont répondu à l'étude d'Indeed. 67% d’entre eux reconnaissent avoir déjà participé à des visioconférences qu’ils n’écoutaient pas vraiment, jugeant celles-ci peu pertinentes pour leur travail.
Eric Gras, consultant senior en recrutement chez Indeed, parle d’une « zoomfatigue », voire d’une « zoomophobie » pour certains, qui ne viendrait pas tant du format de ces réunions que de leur aspect répétitif au quotidien. « L’excès de visioconférence épuise, il y a un véritable abus de réunions de ce type et l’attention n’est pas forcément présente chez tous les collaborateurs », ajoute-t-il. L’étude révèle que 89% des répondants jugent ce type d’outil nécessaire, utile voire très utile. Ceux qui estiment perdre leur temps avec cet outil ne représentent que 4%, et 7% indiquent qu’ils « saturent » des visioconférences.
Des réunions virtuelles faute de mieux
« Il y a un véritable besoin de revenir à un équilibre. On remarque que l’équilibre entre la vie professionnelle et personnelle est liée à ce nouvel équilibre travail en présentiel et à distance », précise Eric Gras. Ces réunions ressemblent dangereusement aux réunionites, à ceci près que les utilisateurs peuvent s’éclipser de manière plus ou moins discrète. Afin de palier à une énième visioconférence, un développeur américain, Sam Lavigne, a créé Zoom Escaper, une solution pour s’échapper au moyen de différents sons générés. Un bébé qui pleure, un chien qui aboie ou encore des bruits de construction, personne ne saurait différencier cela de la réalité et c’est bien le but de cet outil.
Bien sûr, le télétravail n’est pas un fléau pour tous les Français. Les visioconférences ont notamment permis une meilleure autonomie pour beaucoup de français (78% sont d’accord avec cette affirmation) et les managers ont pu évoluer dans leur façon de diriger, améliorant ainsi le quotidien des équipes pour 41% des répondants. Ce qui manque, ce sont les relations humaines. 32% des Français trouvent que le télétravail a détérioré la communication avec leurs collègues et pas moins de 68% se sentent plus isolés qu’avant, notamment du fait d’échanges amoindris avec leur manager ou le reste de l’équipe. « La France était moins bien préparée que ses voisins européens et a su rattraper son retard durant la crise sanitaire. L’Angleterre et l’Allemagne sont bien plus performants dans leur utilisation d’outils collaboratifs » précise M. Gras. Face à cela, la culture française du présentéisme pourrait bien s’effacer. Se renouveler, repenser l’objet de ces réunions, leur fréquence ou encore le nombre de participants sont les défis des prochains mois pour les chefs d’entreprise et les directeurs d’équipe afin de maintenir une cohésion entre les collaborateurs et une qualité de travail.