En 2022 et 2023, les PC IA ont respectivement représenté 9 % et 10 % des livraisons mondiales de notebooks et de PC de bureau. 2024 devrait être l'année du début du grand décollage de leurs ventes, celles-ci devant alors entrer dans une dynamique de croissance de 64 % par an jusqu'en 2027. La part de marché des PC IA devrait ainsi atteindre 19 % cette année, et même 25 % au quatrième trimestre, puis rien de moins que 60 % trois ans plus tard, soit environ 175 millions d'unités. Cette forte progression va être notamment nourrie par la sortie attendue de fonctionnalités améliorées par l'IA dans la dernière version de Windows d'ici fin 2024, et l'intégration généralisée d'outils d'IA dans les logiciels professionnels et de productivité.
Pour l'heure, Canalys définit un PC compatible avec l'intelligence artificielle comme un équipement possédant un chipset ou un bloc dédié pour accélérer le calcul de l'IA. Parmi ces composants figurent notamment l'accélérateur Hexagon Tensor de Qualcomm, les moteurs neuronaux d'Apple, le VPU Movidius d'Intel et l'APU d'AMD. Grâce à eux, un PC peut gérer des fonctions de base telles que l'utilisation d'assistants numériques comme Cortana et Siri, le flou d'arrière-plan en temps réel dans les outils de vidéoconférence et la conversion de la voix en texte.
Le PC IA d'aujourd'hui n'est pas celui de demain
Le cabinet d'études indique toutefois que cette définition actuelle d'un PC IA pourrait devenir obsolète. « Étant donné que les chipsets dédiés à l'IA vont devenir monnaie courante dans tous les processeurs grand public à long terme, cette seule distinction d'un PC compatible avec l'IA pourrait perdre de son sens », explique-t-il. En effet, l'amélioration des performances des composants va devenir vitale pour l'exploitation des logiciels et des outils d'IA plus avancés. Elle va entraîner une augmentation des besoins dans des domaines comme la mémoire, le stockage et les GPU, éventuellement adaptés à des cas d'utilisation spécifiques. À titre d'exemple, « à mesure que les grands modèles linguistiques (LLM) optimisés seront préinstallés sur les PC, la combinaison d'une capacité de stockage accrue et d'interfaces à haut débit deviendra essentielle », anticipe Canalys.
Pour évaluer ce que sera l'évolution technologique du paysage des PC IA dans les années à venir, Canalys s'est penché sur les feuilles de route des différents fabricants de puces. En premier lieu sur celle d'Apple qui a intégré l'IA dès le quatrième trimestre 2020 en embarquant une unité de traitement neuronal dans son processeur M1. Avec le lancement de la série M3 au troisième trimestre 2023, la firme à la pomme est devenue le premier fabricant de PC entièrement compatibles avec l'IA. Pendant ce temps, Qualcomm a amélioré les capacités d'IA de son chipset 8cx Gen3 basé sur ARM, visant une plus grande présence sur le marché avec une mise à jour comprenant l'architecture Nuvia et l'intégration de Windows Copilot en 2024.
Les enchères monteront avec les Arrow Lake et Lunar Lake d'Intel
Du côté des chantres de l'architecture X86, AMD a présenté son offre AI avec la série Ryzen 7040 « Phoenix » au deuxième trimestre 2023, devançant ainsi le Meteor Lake d'Intel. Cette initiative a encouragé les fabricants de PC à adopter très tôt la technologie d'AMD, en capitalisant sur la dynamique du marché. D'ici le deuxième semestre 2024, la série 8050 prévue par AMD doit apporter de nouvelles améliorations en matière d'IA. Quant à Intel, malgré son démarrage tardif, il a mis l'accent sur l'IA en intégrant le VPU Movidius dans sa gamme Meteor Lake. Compte tenu de la position dominante du fondeur sur le marché, cette stratégie devrait contribuer à une adoption plus importante des PC IA à partir de 2024. Avec ses prochaines éditions Arrow Lake et Lunar Lake, Intel fera monter les enchères en ce qui concerne les puces d'IA, « se positionnant ainsi à l'avant-garde de la révolution des PC capables d'IA », estime Canalys.
En outre, les fabricants de PC livrant de forts volumes pourraient rejoindre les concepteurs de processeurs via le développement de leurs propres processeurs, en utilisant des architectures ARM ou RISC. La démarche aurait pour eux un coup initial non-négligeable, mais elle leur permettrait aussi d'optimiser les performances de leurs équipements, et d'obtenir une plus grande efficacité énergétique ainsi qu'une sécurité renforcée. Au fil du temps, avec l'augmentation des volumes expédiés, cette stratégie pourrait conduire à une réduction de leurs coûts, en offrant aux fabricants de PC une plus grande résilience et une meilleure maîtrise de leur technologie.
Les ventes de PC intégrant l'IA promis à un bel avenir
Attendue à 19 % cette année, la part des PC IA sur le marché des PC devrait être multipliée par trois d'ici 2027, selon Canalys. Une croissance tirée par les progressions des usages et des logiciels autour desquelles les fabricants de puces construisent leurs roadmaps.