Parler de la 6G alors que la 5G vient à peine de débarquer ? Ça vous paraît incongru ? Vous avez raison. Mais le déploiement, semble-t-il interminable, de la 5G ne doit pas nous empêcher de nous intéresser à la technologie qui lui succèdera. Soyons réalistes, le moment viendra où nous nous plaindrons tous des limites de la « petite » 5G. De plus, cette soif d’anticipation n'est-elle pas l'essence même du progrès technologique ? La première chose à savoir sur la 6G, c’est qu'elle est encore au stade de la conception. Il faudra attendre plusieurs années pour que des normes soient établies et il est probable que son déploiement n’aura pas lieu avant 2030. Néanmoins, les professionnels de l’IT ont de bonnes raisons de s'enthousiasmer de tout ce qu’apportera la 6G quand elle sera disponible.
Selon un rapport d'IDTechEx intitulé « 6G Communications Market, Devices, Materials 2021-2041 », si l’arrivée d’une nouvelle norme technologique de génération pour les réseaux cellulaires à large bande a lieu tous les 10 ans environ, « celle-ci est différente ». « Pour la première fois, la 6G fournira de l'énergie en même temps que le signal, c’est donc la porte ouverte aux appareils sans batterie », écrit IDTechEx. « Le possible de l’Internet des objets (IoT) se décompte désormais par milliards, la récolte d'énergie nodale devient adéquate et non plus désespérée. Avec la 6G, la détection, le positionnement et l'intelligence distribuée se retrouvent au cœur du concept et de la conception de base ». Je ne suis pas sûr de comprendre tout ce que cela signifie, et je ne suis pas prêt non plus à débourser 5 995 dollars pour avoir accès au rapport complet d'IDTechEx et le découvrir. Mais la capacité à fournir de l'énergie en même temps que le signal sans fil serait une révolution en soi. Et si les appareils connectés n’ont plus besoin de fournir leur propre énergie, alors il sera infiniment plus facile de gérer un vaste réseau d'appareils connectés. On peut supposer que cela signifie également que les coûts énergétiques à la périphérie du réseau seront réduits.
Les équipementiers déjà sur les rangs
Cependant, pour que la 6G devienne une réalité, il faudra plus que des normes. « Une grande partie du nouveau matériel nécessaire n'existe pas encore », indique encore le rapport d’IDTechEx. « Pensez aux métasurfaces programmables par logiciel, aux transistors THz adéquats et aux drones solaires qui pourront voler dans la stratosphère pendant cinq ans d'affilée ». Il y a fort à parier que ces technologies finiront par être disponibles ; seul le calendrier n'est pas clair. IDTechEx estime qu’en 2020, un milliard de dollars a été investi dans le matériel et les logiciels 6G, et que de nombreux autres milliards seront investis par les pionniers de la 6G comme Nokia, Ericsson, Siemens, Intel et Telefonica, mais aussi par les investisseurs en capital-risque qui financent des start-ups.
Samsung a également de grandes ambitions pour la 6G. Dans un livre blanc publié en 2020 dans lequel il présente sa vision de la 6G, le géant de l'électronique parle d’une véritable immersion XR (une combinaison de réalité virtuelle, de réalité augmentée et de réalité mixte), d’hologrammes mobiles haute-fidélité (un marché qui, selon Mordor Intelligence, devrait atteindre 7,6 milliards de dollars d'ici 2023) et de répliques numériques (des copies virtuelles à l’identique d'entités physiques). Tous ces éléments nécessitent une bande passante considérable, sans parler de la puissance de calcul. Selon les estimations, les performances du réseau 6G pourraient atteindre les 1 To par seconde, soit 1000 fois plus que la 5G. Des hologrammes mobiles ? Des répliques numériques ? À ces vitesses, nous devrions exiger rien de moins que la téléportation. On peut dire que l’arrivée de la 6G sera un moment passionnant, tout autant que celle de la 5G. Quand elle arrivera enfin ! Je plaisante. Enfin, presque… Mais pour l'instant, nous devrons être patients, au moins jusqu'au prochain billet « prématuré » sur la 6G.